La date butoir pour l'atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) s'approche à grands pas. Certains pays du monde ne seront pas au rendez-vous. Lors d'une rencontre à la Conférence de Women Deliver qui se déroule actuellement à Kuala Lumpur, Dr Awa Coll-Seck, ministre sénégalais de la Santé a donné plus d'informations sur le cas du Sénégal en particulier et de l'Afrique en général. Interview
Quelle place occupe la planification familiale au sein du gouvernement de Macky Sall ?
C'est une priorité et le président Macky Sall m'a d'ailleurs demandé de le représenter au niveau du forum de Londres. C'est dire que nous avons discuté de ce problème au plus haut niveau. Et si aujourd'hui nous avons doublé le budget en matière de planification familiale (300 Millions FCFA), c'est parce qu'il y a cette volonté politique au plus haut niveau. Ce budget sera augmenté chaque année. Nous considérons donc que nous avons un atout que nous utilisons. Cet atout est le soutien du chef de l'état qui est vraiment prêt à pousser loin la cause de la femme, des enfants et surtout de la PF car nous sommes à une couverture de 12%, un taux très faible. Et on sait que, plus les femmes ont des enfants, plus les risques de mortalité maternelle existent. Cela veut dire que tant qu'on n'aura pas régler le problème de la PF, nous continuerons par avoir des taux de mortalité élevés. Ce n'est pas le seul élément. Nous devons aussi renforcer le système de santé en instaurant par exemple des politiques de gratuité de la césarienne qui va démarrer cette année.
Les leaders religieux constituent un maillon fort dans l'éducation de la communauté sénégalaise. Quelles stratégies comptez-vous utiliser pour l'atteinte de vos objectifs dans ce domaine ?
Au Sénégal, nous avons la chance d'avoir des leaders religieux qui se sont impliqués depuis très longtemps dans les problèmes de santé. Au début de l'épidémie du Sida en Afrique, ils ont pris le leadership au niveau de l'Afrique de l'Ouest et du Centre. Je me souviens d'une grande conférence des réseaux de leaders religieux au niveau de Dakar dans le cadre de la lutte contre cette pandémie. Ils ont déjà une expérience, cela veut dire qu'ils peuvent aussi faire un pas dans les programmes de santé de la reproduction. Et c'est justement ce travail qui est entrain d'être fait en ce moment. Ils sont déjà impliqués, ils sont formés, ils utilisent le coran pour vraiment aider les femmes à avoir une bonne santé et pouvoir quand même faire des enfants quand elles veulent. Ce qu'il faut, c'est espacer les naissances et permettre une bonne éducation des enfants. Même les catholiques qui constituent une minorité dans notre pays sont impliqués dans le programme. Tout le monde doit jouer sa partition.
Pensez vous que l'Afrique atteindra les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) dans le domaine de la santé en 2015 ?
Je ne pense pas et je veux quand même être lucide. Il y a une accélération qui va se faire d'ici 2015 et je considère que c'est la tendance qui est importante. Et s'il y a effectivement cette tendance que je sens et que je vois, en 2015 certains pays africains auront atteint, d'autres non. Le Sénégal atteindra l'objectif 4 sur la mortalité infantile, l'objectif 6 sur le Sida (la prévalence est de 0,7%), le paludisme et la tuberculose. Actuellement, c'est la santé maternelle qui représente pour nous un défi qui doit être rapidement relevé. Globalement, je pense que ce sera difficile à l'Afrique d'atteindre les objectifs en 2015. Et c'est pour cela que nous faisons partis des pays qui souhaitent qu'on remette dans les agendas d'après 2015, les OMD qui ne seront pas atteints à cette date butoir. Ceci permettra de maintenir les efforts déjà réalisés.
