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La Nation N° 6073 du 18/9/2014

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Production artistique au Bénin : Zomandocokpon, le semeur de bonne ambiance
Publié le vendredi 19 septembre 2014   |  La Nation




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On peut dire de lui qu’il est un bon vivant. Mais ce n’est pas pour autant que Zomandocokpon, qualifié de «chouchou des femmes», se laisse aller à la débauche. Selon lui, il s’agit juste d’un appel à semer la joie autour de soi.



L’artiste Zomandocokpon, de son vrai nom Gaston Kouthon s’est imposé au public béninois avec son morceau «Gbèmanyomin», c'est-à-dire que toute vie s’arrête sur terre et que l’ambiance et les fêtes n’existent pas dans l’au-delà. Cette composition, titre éponyme de son deuxième album sorti en 2010 s’est révélé comme le détonateur de sa carrière artistique et l’a propulsé non seulement au devant de la scène musicale, mais aussi, l’a fait voyager un peu partout en Afrique et en dehors des frontières du continent. Grâce à cette chanson, reconnaît l’artiste lui-même, il a eu la chance de parcourir plusieurs pays et de prester aux côtés de certaines grandes voix de la musique. La France, l’Italie, les Etats-Unis… et bientôt Bruxelles ! Pourtant, lorsqu’il mettait sur le marché le deuxième album, après un précédent «Nan mi tché» sorti en 2008, Gaston Kouthon était loin de s’imaginer un tel succès. Et succès, le morceau en a connu. A ce jour, il continue de se distinguer dans de nombreuses manifestations aussi bien publiques que privées, notamment les cérémonies de réjouissances dites «Ago». Cette notoriété est due au message véhiculé par l’artiste à travers cette chanson. Celui-ci exhorte en effet la population à vivre et bien vivre, pendant qu’il est encore temps. «On n'emporte ni boisson, ni bon repos, ni femme, ni voiture dans l’au-delà. Toute belle vie s’arrête sur terre», chante-t-il. Cette exhortation a tôt fait de séduire le public qui y voit une belle leçon de vie. Dès lors, «Zomando», comme certains l’appellent affectueusement est devenu le chouchou des bons vivants qui voient à travers certaines de ses compositions, l’hymne de leur mode de vie. Le morceau, dira son auteur, lui a été inspiré suite à la mort brutale de nombreuses personnes dans la fleur de l'âge, de certains acteurs culturels qui, selon son analyse, n’ont pas eu la chance de faire leur vie, c'est-à-dire de se distraire et de s’épanouir, alors qu’ils en ont eu la possibilité et les moyens. Malheureusement, ils n’en jouiront jamais, du moins dans l’entendement de cette chanson.
Un artiste qui s’est fait par son talent

«On peut partir de rien et réussir», chante Gaston Kouthon dans l’une de ses compositions. Mais ses fans sont loin de s’imaginer que cette assertion se rapporte à sa propre vie. Pourtant, elle l’est et rien ne prédestinait «Zomandocokpon» à une carrière artistique, encore moins à un tel succès auprès du public. Menuisier de formation, il totalise à ce jour trois albums dont le tout dernier sorti en 2012 a pour titre «Adigbannon». Le succès de ces deux derniers albums, notamment le deuxième l’a propulsé et oblige aujourd’hui ce père de quatre enfants à consacrer tout son temps à sa musique. Rien de tout cela ne serait arrivé, confesse-t-il, si un de ses oncles, en l’occurrence Zomandocokpon, l’authentique ne lui avait pas donné la possibilité d’essayer son talent et de le soumettre à l’appréciation du public. C’est donc ce dernier dont il était le percussionniste qui lui a donné la possibilité de s’essayer à la musique traditionnelle en faisant de lui son poulain. «Avant chacune des prestations de mon oncle, je le précédais sur scène et je jouais pour l’annoncer. Au départ, c’était des prestations de courte durée. Mais avec le temps, cela a pris de l’ampleur», explique Gaston Kouthon. C’était, pour ainsi dire, les débuts d’une carrière qui a fini par s’éclore. Ce rôle, il dit l’avoir joué pendant de nombreuses années, dans l’ombre de son oncle. Jusqu'au jour où ce dernier indisposé s'en remettra à ses talents pour suppléer à son absence sur scène. Il dit l’avoir joué sans désemparer. Mais soulagé entre temps de son mal, son oncle décide de rallier les lieux de la manifestation pour se racheter auprès de ses co-contractants. Mais grande a été sa surprise de constater que ces derniers, ainsi que le public présent, loin, de s’ennuyer, s’éclataient avec la prestation de son jeune neveu. Emu par ce spectacle, il décide alors publiquement de passer la main à ce dernier pour qu’il prenne son envol et se fasse découvrir. Lui léguant ses tenues de scène.En plus de révéler ainsi publiquement le talent de son jeune neveu, Zomandocokpon décide aussi de lui léguer son nom d’artiste, le faisant passer du statut de «Zomandocokpon junior» à celui du tout nouveau «Zomandocokpon». Depuis lors, celui-ci a su glorifier ce nom qui pourrait s’entendre comme «on ne met pas le feu au cou».
Apôtre de la belle vie ou incitateur à la débauche ?
«Tout ce que nous faisons ici bas ne nous appartient pas. Tu peux avoir tellement de biens et de l’argent, mais si tu meurs, on ne t’enterrera pas avec tout cela. Il faut vivre comme si on allait mourir demain. Je ne dis pas de boire à chaque fois, mais se donner du plaisir car, nul ne connaît le jour ou l’heure de sa mort...». Ce commentaire de Gaston Kouthon résume également l’essence de la chanson à succès qui l’a révélé au public d’ici et d’ailleurs comme un compositeur talentueux. Comment Zomandocokpon lui-même vit sa vie ? S’illustre-t-il dans l’ambiance à gogo ? A cette préoccupation, il répond qu’il «vit comme tout le monde». Il ne sert à rien d’être hypocrite, réfute l’artiste. «Nous sommes venus sur terre pour chercher l’argent, manger, boire, faire sa vie», dit-il. Et comme pour répondre à ceux qui lui font le procès de faire l’apologie de la débauche, Zomandocokpon indique que loin de pousser à une quelconque vie de débauche ses compositions voudraient tout simplement aider la population à semer et à entretenir la joie de vivre. «Je ne chante pas pour chanter, je donne des conseils», soutient-il. Agé de 43 ans, il doit son propre équilibre à sa vie de famille stable, au métier qu’il a appris et qu’il exerce avant de se consacrer depuis quelques années à la musique dont il tire aujourd’hui, l'essentiel de ses revenus. Ceux qui rêvent de voir Zomandocokpon se lancer dans la création d’un rythme propre à lui devront également patienter longtemps. «Je compose les morceaux avec le rythme qui m'inspire. Même si j’aime bien le Akpala que j’ai modernisé à ma manière et avec lequel j’ai composé le morceau Gbèmanyomin, je préfère puiser dans les nombreux rythmes que nous avons et qui ne sont pas encore tous valorisés», affirme cet artiste dont l’une des caractéristiques majeures reste et demeure le sourire dont il crédite tous ceux qu’il l’approchent. Le souci de la pérennité habite également Gaston Kouthon. Pour ce faire, il a initié une association culturelle dénommée «atelier Zomandocokpon». Laquelle «aide les artistes qui n’ont pas les moyens à se produire». Les centres sont implantés à Porto-Novo et à Parakou et il est organisé annuellement un festival dénommé «Gbénonkpo». La deuxième édition de ce festival se tiendra le 14 avril 2015.



Par Josué F. MEHOUENOU

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