Suite à notre enquête réalisée sur le site des1.000 logementsde Ouèdo dans la commune d’Abomey-Calavi, le porte-parole des acquéreurs a voulu apporter plus d’éléments de clarification. Ainsi, à travers cet entretien, Paul EssèIkoest revenu sur la question de lanon viabilisation du site, de l’insécurité qui est permanente et la voie qui est impraticable. Il en appelle au gouvernement.
L’Evénement Précis : Les acquéreurs de Ouèdo sont mécontents. Dites-nous ce qui se passe.
Paul EssèIko : Je ne parle pas ici en tant que secrétaire général mais en tant que citoyen, travailleur, ayant effectué quand même un peu plus de 30 ans de service. Je m’adresse à vous en tant que porte-parole des acquéreurs de logements du site deOuèdo parceque j’ai lu votre enquête datée du 12 septembre 2014 à la page 4, qui a titré «Les acquéreurs des logements de Ouèdo s’indignent, l’Agence foncière de l’habitat rassure ».Ce titre me plait et démontre qu’un travail a été fait même si je ne m’étais pas rendu disponible pourdonner les détails. J’ai lu la réponse de la directrice qui a essayé de se défendre. Si j’ai demandé à intervenir, c’est parce qu’ilmanque certains éléments que je tiens à verser au débat.Voyez-vous, les gens ont transpiré et ont cotisé pour estimer qu’ils peuventprendre des logements décents. Moi, je voulais des logements sociaux depuis que j’ai mis pied à la fonction publique. J’en ai vu à Akpakpaet pour vous faire la confidence, c’est notre camarade HenriAssogbaqui en avait pris et qui payait à petit coût et c’est devenu sa propre maison. Lorsque vous cotisez de l’argent et que vous voulez construire une maison, avant de finir la construction, soit on vous déloge et dit que le lieu est en litige, soit vous faites double-dépenses parcequ’en tant que travailleur, vous ne pouvez pas aller vous asseoir là-bas. Les gens détournent votre ciment et autres matériels. Donc, le travailleuren activité aussi se cotise pour avoir quelque part où mettre la tête. C’est commeça que nous avons pu découvrir dans les années 2008, des publications qui ont dit qu’il y a des logements.Nous avons donc vu et entendules propagandes. A l’époque, c’était à deux millions de francs qu’on souscrivait et s’attendait à rentrer en possession de logement et payer le reste à petit coût. Les choses ont évolué si bien qu’aujourd’hui, ce n’est plus seulement quelques millions qu’il faut donner. Ça avoisine 11 millions de francs Cfa. Oùallons-nous trouver ça ? Mais,malheureusement, on a déjà les pieds dedans.
Alorsque reprochez-vous en réalité à ce site ?
Nous reprochons au site l’injustice totale, le mépris total des contrats signés. Leslieux ne sont pas viabilisés. Même les paysans qui vivent dans les fermes sarclent leurs sites, éloignent les serpents. C’est un site vraiment en brousse. Je souhaite que des citoyens aillent voir et constater les peines de ceux qui ont osé y aller. Donc, nous reprochons la non viabilisation. Il y a des terrains de jeux qu’on nous a promis, ils n’ont pas étédélimités. Il y a les allées à comparerau site de Zopa. Il faut préciser qu’on nous a foutu dans la brousse. Une autorité m’a dit « tout le temps que j’ai demandé Zopa et que si on me le donnait, tout le temps je ferais assemblée générale; aujourd’hui, j’ai étéfoutu à Ouèdo et c’est avec les brousses que je ferai des assemblées générales ». Mais, le site n’a pas l’eau.
Il y a quand même un château sur le site
Ils viennent de le construire et ça ne fonctionnent pas. En tout cas, on ne nous a pas branché de l’eau. Deuxièmement, il a fallu qu’on coure dans tous les sens en gênant tout le temps le maire de Calavi, la SBEE, pour le courant. Mais tout le monde n’a pasl’énergie. Maintenant, il manque la route. Lorsque vous vous mettez à Calavi-Kpota et que vous allez vers Ouèdo, avant d’yaller, il y a tropde trous, des rigoles. Des ponts mal réalisés et les populations souffrent. On change chaque fois des pièces des véhicules. Je suis obligé de faire le pied de grue chez le maire que je salue. Maisquand il vient gratter, après une pluie, c’est encore le calvaire qui reprend. Leministre de l’Environnement est venu célébrer la journée de l’habitat là. On nous a promis qu’en 2014,on va goudronner cette voie et que c’est dans le budget. je dis à la face du monde ici qu’on a engagé la construction des voies sauf celle de Calavi-Kpota-Ouèdo. Est-ce que ça veut dire que 2014 n’est pas encore là ?Nous interpellons les autorités sur la question. Plus grave, je veux confirmer l’insécurité à Ouèdo. C’est le cambriolage tout le temps. En mars dernier, moi EssèIko, tout ce que j’ai obtenu depuis mon entrée en fonction a été emporté. Quelques tissus, tabourets, une petite nappe, même mon lit a été volé. Voilà la question.
Quelle a été votre démarche à l’endroit de l’agence ?
Nous avons été voir la directrice de l’agence qui prend du temps sur le dossier. Nous ne nous tairons plus aujourd’hui. Nous avons aidé le journal du Bien de Golfe TV pour qu’il aille filmer et ridiculiser ça pour sensibiliser les gens. C’est là qu’elle nous a accordé une audience sans succès. Je suis obligé de dire que les logements sociaux sont des éléphants blancs. Allez un peu partout dans Lokossa, Parakou pour voir les résultats. Je puis dire que seul Zopa fait figure d’enfant privilégié parce que, là encore, il faut dire que de grandes autorités y ont souscrit. Entre temps, on est allé voir l’ancien ministre de l’Environnement avec qui on a discuté et qui promis arranger les choses. Le nouveau ministre nous a aussi reçu, mais jusqu’au jour d’aujourd’hui, on reste orphelins d’interlocuteurs. Personne ne peut s’aventurer à aller vivre là-bas où l’insécurité est totale et les voies ne sont pas tracées. La maison, elle-même, mérite des retouches. Nous ne critiquons pas pour salir la directrice et le gouvernement. Nous le faisonspour que les autorités sortent de leur tanière et viennent régler les problèmes parceque là où tu as déjà investi, il t’est difficile de récupérer tes sous. Et c’est ça qui fait queles acquéreurs ne viennent pas. Au lieu de dire les choses au chef de l’Etat, telle qu’elles sont, on lui a dit qu’il y a 80 acquéreurssur le site. Peut-être que d’autres se sont inscrits, mais nous sommes à peine une quinzaine d’acquéreurs sur le site de Ouèdo. Et beaucoup de logements sont en construction et abandonnés comme à Lokossa.Si on se prend au sérieux à Ouèdo, nous aurons de beaux édifices. Si l’Etat se prend au sérieux, les logements seront enviables.
Quel appel avez-vous à lancer aux autorités ?
Je lance un SOS au gouvernement et surtout à Boni Yayi pour dire que le programme est en difficulté. Dieu seul sait si on ne va pas attenter à notre vie. Nous obligeons le gouvernement à départager les choses sinon les gens vont se partager le site.