Les partis politiques se réclamant de l’opposition ne participeraient pas à l’animation de la vie politique nationale, comme cela se doit ; c’est le grief soulevé et répandu dans l’opinion. Et pourtant, l’opposition se joue à merveille mais dans le camp où on l’espère moins.
Malgré la passiveté des partis politiques de l‘opposition et leur position amorphe sur des sujets qui interpellent la conscience générale, la scène politique est cependant très animée voire agitée. Il ne passe de week-end sans que la majorité au pouvoir ne donne à voir des scènes de mobilisation démesurées. La vie politique est très animée de ce côté-là.
Mais cette animation cache bien des réalités qui participent, malheureusement, de l’hypocrisie politique.
En effet, les actions de Boni Yayi reçoivent des soutiens houleux. Toutes les fins de semaine sont décrétées consacrées à l’activité politique favorable au vent. L’actualité nationale se nourrit rageusement de ces événements débordant d’altruisme et de générosité incommensurable. Chaque week-end, le chef de l’Etat Boni Yayi est porté au triomphe. Ses actions sont vantées.
Mais dans le même temps, les acteurs de cette famille majoritaire ne parlent pas le même langage. C’est d’ailleurs dans leur rang qu’on trouve qui donnent de la voix et donnent à voir par moment et par endroit. Après la vague des déchus, c’est au tour de caciques du changement de changer de cadence et de pas de danse, tenant des propos à la limite hostiles au pouvoir Yayi.
Pour le faire, ils se servent d’arguments tirés des jeux combinatoires parfois ; ce qui dérange et intrigue. L’audace des dénonciations vient de cette majorité, sans que l’opposition, régulière ait besoin de tenir la veille politique citoyenne.
En dehors de quelques questions orales du parlementaire Eric Houndété au gouvernement qui mettent en activité réelle l’opposition, le gros se joue au sein même de la famille majoritaire qui dit « soutenir les actions du Président, Dr. Boni Yayi ».
Cette manière inverse naturellement les rôles. Et l’opposition régulière n’eut point besoin d’agir car la vraie opposition se joue déjà en famille, la grande.
De Pascal Irénée Koupaki, ex premier ministre de Yayi au président de l’Assemblée nationale, Pr Mathurin C. Nago, le ton reste le même ; il est acerbe et expressif du désarroi, de la désolation, de frustration… Qui l’eut cru ? Et pourtant, le pouvoir bascule et à l’approche de l’apogée, des défections étonnantes émergent, s’extériorisent. Les vrais sujets à critique viennent plutôt de ce camp qui sert d’appoint au pouvoir du changement. Ce qui, du coup, décharge l’opposition de ce lourd fardeau.
Et l’opposition, intelligente, se met à l’écart et observe les membres de la même famille s’affronter dans un duel sans merci. La vraie opposition se joue de ce côté où les choses ne semblent plus aller à merveille. La désunion de cette majorité est devenue maladive et contagieuse ; elle gangrène et contamine tout, à cause du changement progressif de la direction du vent.