Me Adrien Houngbédji, ptd du Prd a donné de la voix
Le président du Parti du renouveau démocratique (Prd), Me Adrien Houngbédji, était hier l’invité de l’émission Zone Franche de la chaîne de télévision privée Canal 3 Bénin. Face aux journalistes, Me Adrien Houngbédji, s’est voulu rassurant quant à l’avenir de son parti politique malgré les dissidences et démissions enregistrées en son sein depuis quelques années. De la situation politique actuelle du Bénin caractérisée par des questionnements de part et d’autre sur l’état de sa démocratie à cause de la non organisation à bonne date des élections municipales, communales et locales à la question de la révision de la Constitution en passant par la correction de la Liste électorale permanente informatisée, Me Adrien Houngbédji, n’a pas eu la langue de bois. Il a tout dit sur ce qui ne va pas dans le pays et qui menace gravement la démocratie chèrement acquise à la faveur de la Conférence nationale des forces vives de la Nation de février 1990. Mettant un accent particulier sur la non organisation à bonne date des élections municipales, communales et locales, Me Adrien Houngbédji estime que le gouvernement n’organisera pas non seulement ces élections, mais aussi les législatives de 2015 censées renouveler l’Assemblée nationale actuelle. Pour lui, le pouvoir en place ne jure que par la révision de la Constitution à des fins inavouées. L’objectif du pouvoir du président Boni Yayi, selon Me Adrien Houngbédji est d’aller vers une situation qu’il qualifie de ‘’stratégie cauchemardesque’’ pour réviser la Constitution du 11 décembre 1990 en sautant l’obstacle de l’Assemblée nationale. Car, s’il n’y a pas les élections législatives de 2015 ne se tiennent pas, le Chef de l’Etat organisera aisément le référendum sur la Constitution puisque sans ces élections, le Bénin sera sans parlement. La cinquième université de vacances de l’histoire du Prd n’a pas été occultée au cours de l’émission. Prévue pour se tenir le week-end prochain dans la Commune d’Avrankou, cette université de vacances se penchera sur le Code électorale en République du Bénin et sur la correction de la Liste électoral permanente informatisée. C’est du moins ce qu’a laissé entendre le président Adrien Houngbédji pour qui, le Prd jouera pleinement sa partition ; afin que les acquis de la démocratie béninoise soient sauvegardés. Aussi, a-t-il lancé un appel au président Boni Yayi pour la préservation de la paix au Bénin.
(Lire ci-dessous les propos tenus par Me Adrien Houngbédji au cours de l’émission Zone Franche du dimanche 21 septembre 2014)
Lire ci-dessous les propos de Me Adrien Houngbédji sur l’émission Zone Franche
- A propos de l’Université de vacances 2014 du Prd à Avrankou
« L’habitude a été prise de tenir des universités de vacances parce que la réunion du congrès ordinaire de notre parti se fait tous les 5 ans et pendant ces 5 ans, bien de choses se déroulent. Bien de situations qui n’avaient pas été prises en compte lors du congrès interpellent le parti. Nous avons donc instauré ces universités de vacances pour que les cadres et les responsables du parti puissent accompagner la Direction nationale du parti et ses démembrements dans les prises de décisions qui engagent le parti, le pays, dans l’intervalle de ces universités. C’est un forum de cadres. Les résolutions et les recommandations sont prises en compte par le bureau. Une fois qu’elles sont adoptées, elles deviennent des lois du parti en attendant la prochaine réunion du congrès ordinaire. Nous en sommes cette année à la 5ème édition avec ce qui se déroulera à Avrankou et c’est aussi une occasion de mobilisation. D’après ce que me disent les responsables du parti dans la localité, nous aurons une meilleure organisation. L’objectif est de décortiquer la loi électorale et ce que fait le Cos-Lépi… »
-A l’endroit des dissidents du Prd, Me Adrien Houngbédji estime qu’il n’y a pas péril en la demeure
« … Le Bénin doit se féliciter de l’existence du Prd. Les personnalités qui nous quittent savent les raisons pour lesquelles elles sont venues au parti. Nous, nous constatons que la direction du parti existe et que la ligne du parti n’a pas changé d’un iota. Si vous prenez notre congrès de février 2012, vous verrez que tout ce que nous y avions dit, nous sommes en train de le mettre en application ligne par ligne. Ceux qui viennent parce qu’ils pensent qu’ils vont obtenir un avantage, un pose ; une fois le poste obtenu, ils iront chercher le meilleur ailleurs, ils sont libres. Qu’ils continuent leur chemin et le parti continuera son chemin. Je voudrais vous faire remarquer qu’aucun de ceux qui nous ont quittés depuis 20 ans n’a réussi à faire chemin seul. Je ne veux pas citer de noms. Mais il n’y a pas un seul. Je ne voudrais pas flécher les anciens camarades.
Je ne voudrais pas faire du mal à qui que ce soit. C’est vrai, ils ont pu obtenir qui, un poste de Ministre, qui un poste de Préfet ; mais ça ne va pas durer longtemps. Regardez ! Tous les Maires de l’Ouémé à une exception près ont été élus Prd. Aujourd’hui, il n’en reste que deux. Mais nous allons voir si ceux qui nous ont quittés après avoir bénéficié de notre soutien, vont être réélus. Nous allons voir si ceux qui sont restés seront réélus ou pas. Ce n’est pas par des individus qu’il faut mesurer l’importance d’un parti politique. Je vais partir d’ici quelques années, mais je suis persuadé que le Prd va continuer d’exister… »
-A propos de la non organisation à bonne date des élections et de la correction de la Lépi, Me Adrien Houngbédji dénonce la préparation d’un complot contre la démocratie
« …L’un des fondamentaux en démocratie, c’est d’organiser les élections à bonne date et de les organiser de façon transparente ; c’est-à-dire avec une loi électorale, une organisation transparente et avec une liste électorale qui reflète la réalité des résultats. Le pays est quand même traumatisé par ce qui s’est passé en 2011. Je ne dis pas que l’opposition est traumatisée. Je ne dis pas que le Prd est traumatisé. Je ne dis pas que Me Adrien Houngbédji est traumatisé. Je dis bien que le pays est traumatisé par ce qui s’est passé en 2011 et tout le monde vit dans l’espoir qu’il y aura bientôt de nouvelles élections. Nous sommes dans une situation où les élections municipales qui devraient se dérouler depuis un an et demi ne se sont pas déroulées et même aujourd’hui, nous ne savons pas encore quand est-ce qu’elles se dérouleront (…) Il faut que chacun prenne sa part de responsabilité. Pour parler de la Liste électorale permanente informatisée et de la situation dans laquelle nous sommes aujourd’hui, il faut faire l’historique. Quand nous avons fait les élections en 2011, tout le monde a crié que le K.O est une fraude. Quand nous disions ça, l’Union Européenne, la France et le Pnud disaient que ça a été parfait. Ils disaient que notre Lépi a été une Lépi parfaite. Nous en étions là lorsque, à la demande du président Yayi Boni qui avait, à un moment donné, présenté quelques vagues excuses au peuple, l’Organisation internationale de la francophonie (Oif) a déposé un rapport sur notre Lépi et en termes diplomatiques, a dit que pour l’essentiel, notre Lépi n’était pas bonne (...) C’est de là que nous avons dit que nous allons faire un séminaire sur la Lépi. Tirant leçon de ce qui est sorti des travaux du séminaire, nous avons fait une proposition de loi pour la correction de la Lépi. Nous l’avons soumise à l’Assemblée nationale et le document a plu. Un groupe de travail a été constitué à l’Assemblée nationale qui a inclus la mouvance et les autres formations politiques, toutes tendances confondues. C’est ce groupe de travail qui a amendé notre proposition de loi (…) Les militants veulent savoir ce qui se passe pour que la Lépi ne soit toujours pas corrigée, puisque l’objectif est de corriger. D’après ce que disent Sacca Lafia et les autres membres du Cos-Lépi, il faut s’en prendre au gouvernement. Vous savez bien qu’à ce jour, le gouvernement doit leur payer encore 3 milliards de Fcfa pour qu’ils finissent le travail. Ce que dit le gouvernement, ça ne tient pas. Le Cos-Lépi est une institution autonome. Tant que vous n’avez pas remis les 9 milliards de Fcfa du budget du Cos-Lépi, vous ne pouvez pas dire qu’ils ne font pas leur travail et dire qu’il faut faire un audit. L’audit peut durer six mois, l’audit peut ne jamais venir. Je suis persuadé que si toute la classe politique dénonçait comme nous le faisons, le gouvernement prendra ses responsabilités. C’est le gouvernement qui est responsable... »
-Me Adrien Houngbédji dénonce la préparation de la révision de la Constitution par voie référendaire à propos de la non organisation à bonne date des élections municipales et législatives
« … On n’organise pas les élections municipales. Nous avons dit que nous allons faire une proposition de loi pour une liste électorale informatisée ad hoc. Ça a été lu en plénière à l’Assemblée nationale et c’est parti en commission. La réaction que nous avons eue est celle de la Cour constitutionnelle qui a dit que si la Lépi n’est pas faite, il n’y a d’élection (…) Une loi, quelle qu’elle soit n’est jamais parfaite, comme toute œuvre humaine. L’importance d’une loi, quelle que soit sa valeur, dépend de l’application qu’en font les autres. Le mérite de ce qui est dans le Code électoral aujourd’hui est qu’à toutes les étapes dans le processus, il y a la majorité parlementaire et la minorité parlementaire (...) Mais attention ! Les hommes sont les hommes. Il faut féliciter les députés à l’Assemblée nationale, toutes tendances confondues. La Cour constitutionnelle est une institution oxymore ; c’est-à-dire qui évoque une chose et son contraire. C’est aussi une institution politique par le mode de désignation de ses membres, par sa composition et par son mode de fonctionnement. Les membres de la Cour constitutionnelle sont 7 dont 4 désignés par la mouvance parce que désignés par un bureau de l’Assemblée nationale monocolore et 3 par le Chef de l’Etat. Je suis persuadé qu’ils font l’effort pour que le droit soit le droit. Mais la tentation est forte pour eux pour qu’ils mettent le droit au service de la politique. C’est ça la réalité. Nous devons revoir la manière de désigner les membres de la Cour constitutionnelle, sinon, nous n’allons pas avancer. On ne peut sortir de l’impasse de la non organisation des élections que si le gouvernement et la Cour constitutionnelle veulent s’en sortir (...) Si d’ici deux semaines, le 5 octobre, le Chef de l’Etat n’a pas convoqué le corps électoral, nous ne ferons pas les élections municipales en 2014 et ça, c’est la faute au gouvernement et à la Cour constitutionnelle qui dit que sans la Lépi, il n’y a pas d’élection. J’ai lu le Code électoral et j’ai lu qu’il y a des possibilités de coupler les élections communales et les élections législatives. Mais la question est de savoir pourquoi le gouvernement traîne à organiser les élections ? Si le gouvernement ne veut pas organiser les élections, c’est parce qu’il sait qu’il va perdre. Nous ne sommes pas sûrs que ce soit pour coupler les élections que ça traîne. Même si on doit coupler les élections, il perdra là où il doit perdre (…) Nous croyons plutôt qu’il y a une stratégie cauchemardesque. Nous pensons que le gouvernement ne veut pas organiser ni les élections communales ni les élections législatives. Si nous arrivons en avril 2015 et que l’Assemblée nationale n’a pas été renouvelée, ça veut dire qu’il n’y a plus de Parlement au Bénin. Et s’il n’y a plus de Parlement, le problème de la majorité des trois quarts pour réviser la Constitution sera résolu. Le Chef de l’Etat, Yayi Boni va donc faire directement son référendum sur la Constitution puisqu’il n’y aura pas de Parlement. Donc, ce n’est pas un problème de couplage. C’est d’arriver à la révision de la Constitution en sautant l’obstacle de l’Assemblée nationale. Car, cette Assemblée nationale qui est là ne peut pas lui accorder les trois quarts dont il a besoin et la prochaine Assemblée nationale qui arrive en 2015 ne lui donnera pas davantage les trois quarts dont il a besoin pour réviser la Constitution sans passer par la voie référendaire. Il va gouverner par ordonnance et faire le référendum par ordonnance. Au Prd, nous avons déjà mis un groupe de réflexion sur pied pour travailler à empêcher cette hypothèse... »
-A l’endroit du Chef de l’Etat, le président Boni Yayi
« …Mon mot de fin, pour une fois, ce n’est pas aux Béninoises et aux Béninois que je veux l’adresser, mais au Chef de l’Etat. Je voudrais demander au président de la République, compte tenu de la place imminente que les Béninois lui ont confiée, compte tenu de la situation de paix qui règne dans le pays au moment où il en a hérité, de faire en sorte que la paix continue à régner dans le pays. Je lui demande de faire l’impossible pour que les élections se déroulent à bonne date, pour que le processus démocratique puisse se poursuivre et continuer dans notre pays… »