Le brouillard enfin levé grâce à un de ces grands moments de télévision dont seuls les grands hommes sont capables. Cela se passe dans mon petit pays le Benin, à l’issue de la sortie sur les écrans de la télévision privée Canal 3, du Président du Parti du Renouveau Démocratique, Me Adrien HOUNGBEDJI, à Cotonou, le dimanche 22 septembre. L’homme, autrefois acteur de premier plan a simplement revêtu les habits de l’éclaireur de la cité en éventant une cabale politicienne abjecte qui ailleurs aurait pu conduire tout un pays vers l’abîme. C’est désormais entendu que les causes du retard dans l’achèvement du fichier électoral sont à rechercher au tréfonds des combines d’un pouvoir hanté par son après-règne, et qui fait tout pour se maintenir au pouvoir.
Mais, au-delà de tous les développements faits par le président HOUNGBEDJI, c’est la justification du choix de la Coordination au Budget de la Commission Électorale Nationale Autonome (CÉNA) qui doit réjouir tous les militants PRD. Un positionnement idéal pour un grand parti soucieux d’imprimer sa marque au processus démocratique. Ainsi, durant les 7 prochaines années, un représentant du parti, et non des moindres, en la personne de l’avocat Freddy HOUNGBEDJI, sera chargé de toute la logistique, du matériel et des ressources humaines et financières de la structure en charge de toutes les élections. Le parti aurait pu choisir le poste de Vice-président, mais en parcourant le nouveau code électoral, ce poste n’a presque pas de contenu réel en dehors de suppléer le président. La gestion quotidienne de l’institution, de ses démembrements installés sur toute l’étendue du territoire national revient au Coordonnateur du Budget. Une veille qui ne pourrait pas être faite efficacement au poste de Vice-président. Ce positionnement est loin d’être donc une simple affaire de manipulation de l’argent de la CÉNA ; il s’agit d’une option stratégique très réfléchie.
Sur le choix du représentant du PRD à la CÉNA, on ne peut qu’être d’accord avec une certaine analyse sur les remarquables services rendus au parti par d’éminentes personnalités de la trempe de Moïse BOSSOU, de Irène ADJAGBA, de Émile PARAISO, de Tiamiou ADJIBADE, de Gérard GBOTA en la matière. Mais ce fut une autre époque. Le régime de YAYI BONI n’était pas encore à l’œuvre. Depuis 2006, en effet, la plupart des représentants du parti dans les différentes CÉNA ont succombé aux manœuvres de débauchage et de récupération de la part du régime en place. Cela justifie amplement les précautions de confiance prises par le parti et son président au moment où il fallait faire le choix qu’il faut pour 7 bonnes années.
De tous les temps, d’ailleurs, Me Adrien HOUNGBEDJI est toujours resté un homme de conviction très attaché à la justice, à la légalité, à la paix et à la bonne gouvernance. Ce qui lui a valu l’exile et la condamnation à mort sous le régime de la révolution puis quelques inimitiés à l’ère du renouveau démocratique. Ces incompréhensions sont largement compensées par l’audience qu’il suscite chez ses compatriotes chaque fois qu’il se prononce sur les grands sujets de la nation. De la bouche donc de ce brillant juriste, les appels à la vigilance face aux manœuvres du pouvoir visant à provoquer le vide juridique à l’Assemblée nationale sonnent comme une alerte maximale solennellement adressée au peuple béninois. Un ex procureur de la République, ex Premier ministre, ancien président de l’Assemblée nationale, et avocat émérite ne fait pas ces genres d’analyses juste pour amuser la galerie. Surtout qu’il a annoncé aussitôt aux journalistes intervieweurs sur le plateau de Canal 3 qu’un comité d’experts de son parti s’activent à proposer une parade légalement convenable au blocage des élections tendant à priver le Benin d’un parlement élu dès avril 2015. Les propositions ne manqueront donc pas à être servies aux Béninois désormais avertis de la menace.
Que dire du procès sur la fameuse portion de phrase "jusqu’à nouvel ordre" qu’on a tôt fait d’assimiler à une invite à une révision constitutionnelle pouvant remettre tous les 70 ans et plus dans la course présidentielle ? La réponse à cette question se trouve tout naturellement dans le discours du président Adrien HOUNGBEDJI prononcé le samedi 10 septembre 2013 à Djeffa dans la commune de Sèmè-Kpodji. Il fallait avoir de fortes convictions pour exhiber devant des conseillers du chef de l’Etat et des ministres un mémorable "carton rouge" au projet de révision de constitution introduit à l’Assemblée nationale. Lui, Adrien HOUNGBEDJI s’est bel et bien prononcé contre le projet de révision et on en reparle plus.
Ces grands moments de télévision, il faut en redemander.
Jean-Pierre M. ISHOLA
Maitre Assistant en Droit Privé
Londres