Komi Koutché, malgré lui, est jeté dans le brasier de l’actualité. Le remaniement l’a mis dans le tourbillon de la polémique. On a presque oublié que le jeune ministre a connu une courbe ascendante dans son parcours et obéi aux sirènes de son destin. Sur les chaudes vagues de l’opinion publique, le nouveau gouvernement offre sa diversité, mais la grosse attraction Komi aimante nos curiosités. La trajectoire de l’ascension de cet homme devient le mode d’extinction du feu ardent de l’agitation verbale autour de sa promotion.
Evidemment, l’étrange polémique a vainement tenté de masquer l’incroyable montée en puissance de Komi. En remplaçant Jonas, le frère du potentiel candidat Robert Gbian, il s’est mécaniquement exposé aux préjugés les plus démentiels. Son âge, expression d’une jeunesse épanouie, a alimenté les réactions des espèces allergiques à la promotion juvénile. Porté par les effets de situation et le goût du succès, Komi assume son destin. Mû par ses ambitions génétiques et ses inaltérables atouts, le jeune ministre plane sur son vent dominant.
Une énorme certitude vient noyer les spéculations opportunistes développées dans les cercles politiciens. C’est que Komi a su rapidement conquérir les responsabilités élevées. Et il a échappé à la stagnation et fui le déclin précoce>
Avec le coup de pouce du destin, le nouveau patron des finances répète ses gammes comme un véritable chef d’orchestre.
Au marquoir ministériel, on voit affoler les prouesses de cet homme qui a spectaculairement pris de l’ampleur et ses galons sous un parfum de confiance du chef de l’Etat. Directeur du Fonds national de la microfinance puis ministre de la communication, des technologies nouvelles de l’information et de la communication, Komi n’a pas tardé à monter sur le piédestal des finances et de l’économie sous le regard éberlué de la cohorte de maîtres autoproclamés des milieux de la haute finance. Le grand bond de Komi dans un environnement dominé par les cabrioles cauris reste une exception qui prend d’ailleurs l’étoffe de l’exploit.
En route pour honorer le rendez-vous avec son destin, Komi, dans sa fulgurance accouche des interrogations en cascade. Qu’est ce qui explique cette redoutable et immense ascension ? Le talent ? La politique ? La confiance ? De toute évidence, ce n’est pas Pierre Corneille qui est démenti : « aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années ». Mais le talent inexploré est infécond et, c’est vrai, sans une conjoncture favorable et le coup de pouce de causes concomitantes, la valeur risque d’être étouffée. Si l’ascenseur politique lui permet de poser ses valises au gouvernement, il n’en demeure pas moins vrai que les qualités intrinsèques de l’homme pèsent beaucoup dans sa longévité au sein de l’Exécutif. Et la confiance ? Nul doute que Komi a des affinités illimitées avec Boni Yayi, son mentor. La conjugaison de ces trois facteurs offre au jeune ministre le levier pour côtoyer les cimes de l’Etat.
Maintenant où va-t-il s’arrêter ? « Le désir du pouvoir est l’une des forces motrices de la politique », disait Max Weber. L’ascension vertigineuse de Komi va-t-elle lui donner des idées et enfler ses appétits politiques ? Le plein de confiance hérité de son fabuleux parcours est un élément de motivation. Les bonnes grâces et la confiance du Président de la République peuvent faire monter en lui l’audace politique et les projets les plus fous. L’avenir lui tend les bras, mais il ne jouera pas sans Yayi. Sa candidature à la présidentielle n’est plus une utopie. Le statut de dauphin est murmuré sans être acté. Une timide rumeur lui promet le perchoir. Bref, Komi est sorti de la polémique avec les bottes de présidentiable. La fulgurance débouche ainsi sur un paradoxe, celui d’un statut forgé dans les ruines des préjugés.
Face à son destin, le ministre des finances voit se profiler l’énorme défi des choix politiques. Son attitude définira son image. Une faute de jeunesse le mettra sur les béquilles. Mais déjà son ascension historique devient un support pour son aventure politique. Le chemin semble long et décidément chargé des impondérables. Quel est l’âge du ministre ? : Moins de 40 ans. Tout un symbole. Le dernier mot appartient à ce précieux détail.