Le Chef de l’Etat, le Dr Boni Yayi, l’omnipotent devant Dieu a gagné le pari. Il a réussi à détruire tout ce que le Bénin a de cadres valeureux. Beaucoup n’ont pas résisté à sa tempête, qu’ils soient de l’armée ou du rang des universitaires. Yayi les a humiliés, ridiculisés, crétinisés et réduits à de simples instruments de propagande.
On les appelle des «Yayistes». Certains d’entre eux sont de la première heure. D’autres ne sont que de la 25è heure, c’est-à-dire ceux qui ont rejoint la barque en cours de navigation. Yayi les malmène à sa guise. Il fait d’eux ce qu’il veut. Tenus par le bruit de leur ventre, ces cadres pourtant émérites ne ratent aucune occasion pour s’aplatir devant le «Seigneur Yayi Boni» 1er». La scène tragi-comique se joue depuis 2006 et s’apparente au système de gouvernance imposé par le roi venu de la pire école de Lomé.
Mis à part quelques rares exceptions qu’on peut compter au bout des doigts, Yayi a vu défiler devant lui tous les cadres du Bénin qui ont choisi de mettre en berne leur honneur. Kpèdétin Dossou, Colette Houéto, Késsilé Tchalla, Pierre Mètinhoué…pour ne citer que ceux-là. Mais ils ne font heureusement pas partie du lot des crétins. Ceux-ci ont occupé de hautes fonctions aux premières heures du premier mandat de Yayi. Respectivement ministre des Travaux publics, ministre de l’enseignement primaire, ministre de la santé et Directeur de cabinet, ces hauts cadres se sont tenus droits devant Boni Yayi pour lui dire qu’ils ne sont pas de la dernière génération. Ils n’ont pas certes démissionné de leurs postes respectifs. Mais ils n’ont pas hésité à mettre leur honneur en jeu pour dire à Yayi les quatre vérités. La suite, on la connait. Ils ont été virés de leur poste sans état d’âme. Mais jusqu’à ce jour, Yayi peine à trouver l’oiseau rare qui peut les remplacer valablement.
A part ces quelques cadres, les autres malheureusement n’ont pas fait honneur à leur savoir. Leur liste est trop longue. De 2006 à ce jour, on peut en compter plus d’une centaine. En vrac, cela donne un spectacle déshonorant. En voici un spécimen. Ils ont pour dénominateur commun l’organisation des marches, de messes de soutien au Chef de l’Etat. C’est à ce triste prix qu’ils peuvent s’attirer les bonnes grâces du roi.
Richard Sènou. Ancien conseiller technique du Chef de l’Etat, il a été bombardé ministre des travaux publics en remplacement du M. Kpèdétin Dossou. Il était le bras droit de Yayi dans la vallée de l’Ouémé. Lorsqu’il faisait ses sorties politiques, il criait à tue-tête «Yayi Boni Hipipi !!!!!!!! ». Il était le seul à savoir ce que cela signifiait. Malheureusement, la lune de miel entre cet ancien fonctionnaire des Institutions de Bretton Woods et Boni Yayi n’a duré que le temps d’un feu de paille. Sur le dossier de la construction du pont péage de Ouidah qui trainait, Yayi l’a viré et remplacé par un certain Armand Zinzindohoué, alors Directeur du cabinet du ministre du même Richard Sènou. Rappelé au Palais de la Marina avec un titre très ronflant de Conseiller spécial à quelque chose que je ne sais plus, Richard Sènou a été mis dehors après la présidentielle de 2011. Ses accointances avec l’opposition vont même lui valoir une visite musclée des policiers. Ces derniers qui ont encerclé sa maison seraient à la recherche d’un certain Lionel Agbo, poussé à l’exil forcé par Boni Yayi.
Lionel Agbo. Parlons-en. Avec du recul, cet Avocat et ardent défenseur des droits de l’homme a vite compris que le Roi Yayi Boni 1er est tout sauf quelqu’un qui pense vraiment à l’émergence du Bénin. Depuis quelques mois, il vit à Paris, contraint à l’exil après avoir perdu un procès en diffamation contre le Chef de l’Etat. Lors d’une sortie médiatique qu’il a animée au Codiam de Cotonou, Me Lionel Agbo avait en effet sorti les secrets du couvent que représente le Palais de la Marina où il avait officié en sa qualité de Porte-parole du Chef de l’Etat. Naturellement, cela n’a pas plu à Yayi qui a tout fait pour avoir sa peau.
Armand Zinzindohoué. Ancien ministre des Travaux publics puis de l’intérieur, Armand Zinzindohoué à qui on attribue le concept de la «Haute autorité» vit aujourd’hui entre le Bénin et le Ghana. Il doit passer devant la Haute Cour de Justice. Il a été humilié après avoir servi le Chef de l’Etat. Dans l’affaire Icc-Services qui a ruiné plusieurs Béninois, Armand Zinzindohoué a été le bouc émissaire. Tout le monde l’accusait, y compris le Chef de l’Etat, auprès de qui il a pourtant introduit le sieur Tégbénou, le cerveau de la plus grande arnaque que le Bénin ait connu.
Joseph Ahanhanzo Glèlè. Il a été ministre dans l’un des gouvernements de Yayi. Après quelques mois, il a rejoint au Palais de la Marina le rang des mauvais ministres mais bon conseillers. A la recherche d’un cadre valeureux pour redresser le port autonome de Cotonou, Yayi l’a promu Directeur général de ce poumon de l’économie nationale. Les bonnes performances vont effectivement s’enchaîner sous ce nouveau Directeur jusqu’au jour où l’opinion publique découvrira qu’il y avait un géant arbre qui cachait la forêt. L’affaire de construction du port sec de Tori Bossito qui a, en son temps, défrayé la chronique va honteusement l’emporter dans ses flots. Joseph Ahanhanzo Glèlè va, non seulement perdre son poste, mais il passera devant la Brigade économique et financière (Bef). Il sera plusieurs fois convoqué au Tribunal de première instance de Cotonou saisi de cette lugubre affaire dont les Béninois ne connaitront peut-être jamais les tenants et les aboutissants.
Blaise Ahanhanzo Glèlè. Un Ahanhanzo peut en cacher un autre. Blaise, ancien ministre de l’environnement, a connu pratiquement les mêmes humiliations que son frère. Alors qu’il était encore ministre, il a passé plusieurs jours dans les locaux de la Brigade économique et financière saisie du dossier relatif à la construction du nouveau siège de l’Assemblée nationale. C’était la pire humiliation de sa vie. Jusqu’à présent, son honneur n’est pas encore sauf dans cette affaire.
François Noudégbèssi. On ne sait même plus là où il est. Des sources indiquent qu’il prêche aujourd’hui la bonne parole du Seigneur après avoir servi avec zèle Yayi Boni. Il fait partie aussi des potentiels clients de la Haute Cour de Justice. Le dossier relatif à la Construction du nouveau siège de l’Assemblée nationale lui colle aussi à la peau. Au départ, Yayi s’est montré un peu indulgent avec lui en confiant le dossier à une commission. La commission présidée par un certain Pognon a disculpé le ministre Noudégbèssi qui a fait son retour au gouvernement. Mais sous la pression des acteurs de la société civile, Yayi va le virer à nouveau en envoyant son dossier devant la Haute Cour de Justice.
Djibril Mama Débourou. Il serait aujourd’hui en froid avec Boni Yayi parce qu’il soutient le potentiel candidat à la présidentielle de 2016, Robert Gbian. Il y a quelques semaines, ce professeur qui a passé toutes ces deux dernières législatures de l’Assemblée nationale à «cogner» tous ceux qui osent parler mal de Boni Yayi a été empêché d’organiser une réunion politique dans son Bembèrèkè natal. Aujourd’hui à l’Assemblée nationale, il ne fait plus le poids et beaucoup de gens se moquent de lui.
Mathurin Coffi Nago. Il est professeur titulaire de chaire depuis des années. Avec Boni Yayi, il a connu une ascension politique fulgurante. Ministre, député puis deux fois Président de l’Assemblée nationale. Quand Yayi dit «Pipi», il dit «Pipan». Mais cette lune de miel a connu son épilogue avec la déclaration du dimanche 31 août dernier où les ponts se sont définitivement rompus entre les deux hommes. Ce dimanche en effet, Nago a osé parler de la bretelle de Bopa qui n’a pas été réalisée depuis des années alors que plus de 4 milliards de F Cfa ont été décaissés. On connait la suite. Yayi a dressé son bataillon contre l’audacieux Nago. Les chiens de chasse n’ont point hésité. Il ne se passe plus un jour où des fils de Bopa dressés par le pouvoir ne montent au créneau pour injurier Nago. Il l’aurait voulu malheureusement puisque c’est lui qui a rendu fort Boni Yayi.
François Houéssou. Administrateur civil, il a été sorti du gouvernement lors du dernier remaniement. On lui colle une affaire de Passeports. Il parait qu’il n’aurait pas consulté le conseil des ministres avant de signer le fameux contrat qui lie un opérateur privé à l’Etat béninois. Sa retraite risque d’avoir un goût amer s’il tente de contester tout ce qui a été dit contre lui. Yayi n’aime pas la contradiction et il le sait bien.
La liste de ces anciens collaborateurs du Chef de l’Etat n’est pas exhaustive. Elle est très longue. Si vous avez aimé, on la rallongera plus tard.
Affaire à suivre donc !
