Le Bénin, à l’instar de nombreux autres pays, a ratifié la Convention 182 de l’Organisation internationale du Travail (OIT). Celle-ci impose, l’établissement de la liste des travaux dangereux à interdire aux enfants.
Le Bénin ayant déjà satisfait à cette obligation s’emploie actuellement à l’actualisation de cette liste et ceci, à travers un atelier de validation organisé hier à Cotonou par le ministère en charge du Travail.
Par Josué F. MEHOUENOU
En se dotant du décret 2011-029 du 31 janvier 2011 fixant la liste des travaux dangereux pour les enfants, le Bénin avait franchi un grand pas dans la lutte pour la protection de l’enfance. Mais sur le terrain, l’application de ce décret connaît quelques difficultés. Aussi, la liste desdits travaux, conformément aux textes internationaux auxquels le Bénin a souscrit, a besoin d’être périodiquement actualisée.
Le ministère en charge du Travail satisfait depuis hier à cette existence, en organisant un atelier pour la relecture dudit décret, tout en actualisant la liste des travaux auxquels les enfants de moins de 18 ans ne devraient pas être astreints.
Occasion pour le directeur de cabinet du ministre du Travail, de la Fonction publique, de la Réforme administrative et institutionnelle (MTFPRAI), Karim Gbani, de rappeler que de par leurs natures, certains travaux «causent des dommages physiques ou psychologiques irréversibles aux enfants qui s’y adonnent» et que «dans de nombreux pays, les enfants sont encore exploités dans les pires formes de travail.» Pour ce qui est du Bénin, ses dirigeants font beaucoup d’efforts pour inverser la tendance et assurer l’épanouissement de l’enfance.
Leur engagement sur ce chantier a été salué par le conseil technique principal et point focal du Bureau international du Travail au Bénin (BIT), Michel Grégoire. Mais ces efforts devront être redoublés, puisque selon les résultats de l’Enquête nationale sur le travail des enfants (ENTE) réalisée en 2008, 664 537 enfants de la tranche de 5 à 17 ans sont occupés économiquement, soit un enfant sur trois. Dans ce groupe, déclare le directeur de cabinet du MTFPRAI, 67 437 enfants sont victimes de la traite. De tels chiffres mettent en exergue la nécessité de vite agir, rappellera de son côté le directeur des Normes du Travail, Raymond Zounmatoun.
Les activités proscrites
Au total, plus d’une vingtaine de types d’activités ont été recensés sur la liste des travaux considérés comme dangereux pour les enfants. La construction mécanique, la récupération des métaux ferreux, la menuiserie et la construction métalliques leur sont interdites en raison de certains risques comme l’exposition à la chaleur, au bruit, à la projection des particules métalliques, à l’exposition aux gaz et vapeurs. En raison des risques de brûlure et d’incendie, d’éblouissement, d’exposition aux rayons infrarouges… les enfants sont aussi dispensés de la soudure autogène ou oxyacétylène.
La ferblanterie, la mécanique des engins à deux, trois ou quatre roues, les métiers de peinture, de l’ajustage et du tournage leur sont aussi interdits. Il en est de même de la vulcanisation qui constitue pour eux une menace, en raison des risques que représentent la réparation des pneumatiques, le démontage des roues, la charge des batteries et la manipulation des électrolytes et autres acides.
La fonderie et ses activités connexes, la menuiserie en bois notamment la réalisation des ouvrages en bois pour le bâtiment, l’ameublement, l’art, le transport des bois, le vernissage tout comme la meunerie figurent aussi sur la liste des activités proscrites. Tout enfant de moins de 18 ans est épargné au Bénin, des travaux de bâtiments et de travaux publics. Il leur est donc interdit l’accès aux différents corps de métiers tels que la maçonnerie, la ferraillerie, le coffrage, la briqueterie, le carrelage, la plomberie, l’électricité … en raison des risques présentés par ces travaux. Ces risques concernent les chutes de personne ou d’objets, les mauvaises postures et mouvements, les ambiances thermiques et autres. Dans le domaine de l’agriculture, le défrichage par abattage d’arbres, l’épandage d’herbicides, de pesticides, d’engrais, le labour par attelage sont quelques-unes des activités interdites. Du côté de l’élevage, il a été recommandé d’épargner aux enfants, l’élevage des bovins, des ovins, des caprins, de la volaille, des serpents…, le dressage et la conduite des animaux de traite, les soins aux animaux, la surveillance des troupeaux et bien d’autres. La capture de produits halieutiques, le réparage des engins de pêche, la plongée en eau profonde et le gardiennage nocturne de filets sont quelques-unes des activités de pêche proscrites aussi bien par les autorités béninoises que par les conventions internationales. Enfin, quelques activités commerciales, le travail domestique (entretien, cuisine, la garde des enfants, le gardiennage), le transport (conduite d’engins et de véhicules de transport en commun urbain et interurbain, la régulation de la circulation en cas de panne), le concassage et la taille de pierres, l’extraction et le traitement du gravier viennent compléter la liste des travaux interdits aux enfants de moins de 18 ans en République du Bénin.