Au cours d’une réunion précipitée le mardi 23 septembre 2014, le gouvernement a analysé plusieurs points dont l’organisation des prochaines élections en République du Bénin. En réponse aux propos, dimanche dernier, de Maître Adrien Houngbédji, président du parti du renouveau démocratique, Yayi Boni et ses ministres ont pris l’engagement de convoquer le corps électoral, mais à condition que la Commission électorale nationale autonome (Céna) le saisisse, avec un chronogramme précis. Cet engagement de l’Exécutif béninois est une manière de glisser une peau de banane à la Céna de Emmanuel Tiando.
« En abordant la question de la convocation du corps électoral, le Conseil des Ministres a indiqué que lorsque la Céna, estimera toutes les conditions réunies sur la base d’un chronogramme précis arrêté d’un commun accord par tous les acteurs impliqués dans le processus électoral, saisira le Président de la République pour la convocation du corps électoral en tenant compte des contraintes de la loi portant dispositions transitoires dérogatoires à l’article 86 de la loi n° 98-006 du 9 mars 2000 et aux articles 4 et 6 de la loi n° 2007-28 du 23 novembre 2007 en son article 1er . Le Gouvernement se tient donc prêt à tout moment à convoquer le corps électoral dès que la Céna le saisit à cet effet ». Cet extrait du compte rendu du conseil extraordinaire des ministres vient confirmer la volonté du chef de l’Etat de fuir ses responsabilités. Il veut ainsi livrer Emmanuel Tiando en pâture au peuple béninois, surtout à la classe politique. Il sait très bien que dans cette affaire, la Céna n’a rien à faire que de recevoir le fichier électoral et de démarrer son travail qu’est l’organisation des élections. Cette nouvelle position du gouvernement est très grave et met en difficulté Emmanuel Tiando et son équipe. Le code électoral est clair : pas de Lépi, pas d’élection. Et, la Cour Constitutionnelle est venue en appui pour poser la même condition. Ce n’est pas la Céna qui réalise la Lépi et ce n’est non plus elle qui finance les travaux de correction de ce fichier électoral. Conditionner la convocation du corps électoral à la demande de la Céna, est une manière de vouloir fuir ses responsabilités et faire croire au peuple que le gouvernement a toujours été prêt, mais que c’est la Céna qui ne l’a pas saisi pour convoquer le corps électoral. Yayi et son gouvernement ont déjà tout ‘’gâté’’ et tentent de jeter le tort sur d’autres personnes.
Le gouvernement Yayi comprend-il le français ?
Ya-t-il vraiment de cadres au sein du gouvernement Yayi ? Y a-t-il véritablement des gens qui savent lire et interpréter aussi bien les situations que les textes ? Sinon, comment peut-on continuer par passer à côté de l’essentiel alors que la vérité est là. Pourquoi ce gouvernement tergiverse-t-il, sans cesse dans ‘’l’inculture’’ ? Le Cos-Lépi est installé pour corriger la Liste électorale. Il a élaboré un budget assorti de chronogramme, plusieurs fois réaménagé, faute de moyens financiers. Et depuis plus d’un an, cette structure crie qu’elle manque de moyens pour poursuivre et achever les travaux de correction. Le peuple a été témoin des différents cris de détresse et des différentes réactions du gouvernement. Tout le monde sait que c’est par manque de moyen que le Cos-Lépi traîne dans le cadre du processus de correction de la Lépi à ce jour. Tout le monde a conclu, enfin, que si les élections n’ont pas pu être tenues à bonne date et que si le vide juridique s’imposait, c’est le gouvernement qui en serait tenu responsable. Voilà ce même gouvernement qui, malgré qu’il reste devoir de l’argent au Cos-Lépi, vient dire qu’il convoquera le corps électoral si et seulement si la Céna le rassure de ce que tout est tout prêt. Tout porte à croire que tout le gouvernement est soit en errance ou alors il ‘’cuyonne’’ le peuple, tout entier. La Céna, installée, il y a quelques mois, sans même un franc symbolique, a à répondre de quoi dans cette affaire ? Une chose est certaine, Yayi tente de trouver des boucs émissaires. C’est sûr qu’il se sent bloqué et fatigué et veut lancer la balle dans le camp d’autrui. Mais là, il est maladroit.
Tiando et son équipe doivent parler
Dans ce dossier, Emmanuel Tiando et son équipe se doivent de réagir pour ne pas se laisser tacheter. Yayi est prêt à tout pour ne pas endosser cette responsabilité. Il est conscient de ce que la situation se complique et pourrait ne plus être maîtrisée. Dans les propos et les actions, tout se sent déjà. Même ses ministres ne se contrôlent plus et la déclaration de Komi Koutché, ministre des Finances en a été un exemple. Heureusement que Nicaise Fagnon et Sacca Lafia ont été là, pour lui rabattre le caquet. Il a dit que le Cos-Lépi a plus 700 millions de Fcfa sur son compte et ne devait pas être inactif. Mais les deux responsables cités plus haut ont éclairé le peuple en disant qu’ils ont une dette de plus de deux milliards et qu’ils ne peuvent rien faire avec 700 millions de Fcfa, pratiquement introuvable (puisque les chèques émis aux prestataires n’ont pas pu être encaissés).
Depuis que cette Céna est en place, elle n’a même pas pris langue avec la presse pour présenter son plan de travail et dire comment elle fonctionne depuis. Elle n’a sortit aucun communiqué ou au moins une preuve publique de ce qu’elle demande les moyens pour démarre ses activités, sans suite. En dehors de quelques visites rendues à des présidents d’institutions, rien d’autres alors que le temps passe et cette Céna ne devrait pas avoir de repos. Ne pas parler ou réagir face au comportement du gouvernement et surtout celui du ministre des finances serait une manière de cautionner le blocage en cours. Se taire sur le communiqué du conseil des ministres sur la convocation du corps électoral serait une manière pour Tiando et son équipe d’accepter la lourde charge nationale que le gouvernement déverse injustement sur eux. On a vu l’Autorité nationale de lutte contre la corruption (Anlc) sortir à plusieurs reprises pour réclamer ses droits. On a vu et on continue de voir le Cos-Lépi parler pour restituer la vérité. Emmanuel Tiando doit oublier ses amitiés avec Yayi Boni et sortir de son silence. Il a reçu un mandat républicain et ses relations personnelles avec le gouvernement sont terminées. C’est ce que Sacca Lafia avait tenté de faire au début, mais il a compris finalement qu’il a été désigné avec la bénédiction du chef mais que ce même chef veut le livrer en pâture au peuple. Aujourd’hui, Tiando et son équipe ont sept ans à passer à la tête de la Céna tandis que Yayi et son gouvernement en ont un an et demi. S’il doit se taire face à cette décision du conseil des ministres, cela n’engage que lui.