Les déclarations faites mardi dernier par le ministre des Finances sur le processus de correction de la Lépi sont mal appréciées par le coordonnateur du budget du Cos-Lépi. Hier, Nicaise Fagnon s’est vertement pris à Komi Koutché dans une interview accordée à Golfe Tv. Il ne l’a pas raté. Lisez un extrait de sa déclaration.
« …Je regrette que le ministre ne soit pas allé jusqu’au bout de ses propos en se contentant simplement de dire qu’à ce jour, lui ministre de l’Economie et des finances ne dispose pas d’un budget. S’il ne dispose pas d’un budget, c’est la faute à qui ? Il doit avoir le courage de le dire. S’il ne dispose pas d’un budget, c’est la faute au gouvernement. Il faut appeler un chat, un chat. D’entrée de jeu, nous avons soumis au gouvernement, un projet de budget. Et si vous regardez très bien, nous avions prévu terminer les opérations en sept mois. Le projet de budget portait sur 13 655 000 000 F Cfa régulièrement soumis. Au lieu de nous appeler, le gouvernement a préféré communiquer contre nous. Nous nous sommes réunis pour dire que nous nous allons autocensurer. On a revu le budget à la baisse. On a sacrifié des pans de dépenses, d’activités pour retenir nous en tenir à 9 milliards. On leur a soumis à nouveau en termes de budget révisé. Ils ne nous ont pas appelés. Lorsque nous avons senti que l’année 2013 allait finir sans qu’on ne dispose réellement de ressources et que l’activité allait continuer en 2014, nous avons pris nos précautions et avons soumis un autre budget pour 2014. Ce budget-là, c’est 3 975 000 000. Ils ne nous ont jamais appelés. A qui la faute ?
Il est important de clarifier qu’en ayant fui d’arrêter les dotations prioritaires, le gouvernement doit s’en prendre à lui-même. Au demeurant, je voudrais faire remarquer que les ressources qui sont mises à notre disposition sont dépensées suivant une procédure très sévère. Une procédure très sévère au motif que l’argent du contribuable béninois complété des ressources décaissées par les partenaires techniques et financiers sous l’égide du Pnud, le fonctionnement de la Cps-Lépi de la dernière fois et du processus de préparation de la Lépi qui a permis de dépenser au-delà de 40 milliards, aucun dossier n’a été au marché public.
Mais nous, nous avons pris les précautions. Aujourd’hui, quand je fais le point, c’est 3,1 milliards de marché régulièrement approuvés par le gouvernement.
C’est approuvé en Conseil des ministres, nous avons les procès- verbaux des marchés publics. En disant, nous leur avons donné 6 milliards, ils n’ont pas justifié comment ils ont utilisé les 6 milliards, on ne peut pas continuer à décaisser. Et le ministre était aussi dans cette logique, la preuve, il ne peut pas citer mon nom comme bouc émissaire de retard de mise en place des ressources… Il nous a reçus dans son bureau. Et il a dit qu’il vient d’arriver et qu’il a diligenté un audit dans toutes les structures et qu’il veut cerner les besoins dans leur ensemble, et apprécier dans quelles conditions les sommes débloqués ont été consommées et celles à mettre à disposition. Donc il était dans cette logique.
Et le ministre d’Etat dans sa campagne n’a fait que flécher Le Cos-Lépi comme-ci on était des bandits alors que les ressources qui sont débloqués ne sont pas gérés par les politiques que nous sommes. Nous initions les dépenses selon les procédures. Il y a un régisseur qui a la garde de l’argent. Il y a le délégué du contrôleur financier qui est l’œil direct du ministre, c’est lui qui l’a envoyé. Les procédures internes sont donc lourdes. Ce qui fait que dire que nous avons 745 millions, quand il m’a appelé je ne savais pas c’est ce qu’il voulait aller dire, j’ai dit monsieur le ministre, j’ai 800 mille euros à payer immédiatement aux opérateurs technologiques. Et là j’ai un problème. Quand vous dîtes que vous avez mis de l’argent sur mon compte, je suis financier, c’est un jeu d’écriture. Je dis que c’est un jeu d’écriture parce que vous ne pouvez pas mettre de l’argent sur le compte d’une institution et quand l’institution émet de chèque à ses prestataires, on doit les tourner en rond, le minimum, c’est trois semaines, parfois deux mois avant qu’ils ne soient payés.
Le contexte dans lequel je lui ai parlé, j’ai senti qu’il voulait que je lui donne une estimation de ce dont on aura besoin. Puisque je lui dis qu’il nous faut 6 milliards. Et il dit qu’ils ont 12 milliards au total et que ce n’est pas possible. Et je lui ai dit qu’il s’agit des imprimeurs que nous n’avons pas encore payés pour 240 millions, les opérateurs technologiques pour 1130 000 000.
Pour payer les jeunes qui nous ont aidés à travailler et ceux qui ont fait la lecture…, c’est 1800 000 000. Ça veut dire qu’il faut 3, 2 milliards. Et je lui ai suggéré, il ne m’a pas écouté, et c’est cela qu’il a fini par faire, de débloquer immédiatement 2, 5 milliards parce qu’il faut payer les crieurs publics…
Sans compter que la prochaine opération va nécessiter autant d’affichage que la dernière fois. Et la dernière, on a utilisé au bas mot, 40 mille personnes. Donc je lui ai suggéré de donner cet argent pour qu’on puisse avancer. Mais il était dans une logique de ne rien donner puisque le constat est là, la mission n’est pas terminée. Je dis qu’une chose est de dire que nous avons l’argent, l’autre chose est de faciliter la disponibilité effective de l’argent… »