Cela sent un piège posé par le gouvernement à tous ceux qui veulent de la tenue, cette année, des élections locales et communales. Au cours du conseil des ministres du mardi 23 septembre 2014, le gouvernement a pris une décision qui lui permettra de décliner toute responsabilité si ces élections ne sont pas organisées.
Le gouvernement s’est enlevé toute obligation de convoquer à temps le corps électoral pour les élections locales et municipales. La date butoir étant le 02 octobre prochain. Parce que pour que le Chef de l’Etat le fasse, tout dépendra de la Céna, et non de l’Exécutif. «(…) En abordant la question de la convocation du corps électoral, le Conseil des ministres a indiqué que lorsque la Céna, estimera toutes les conditions réunies sur la base d’un chronogramme précis arrêté d’un commun accord par tous les acteurs impliqués dans le processus électoral, saisira le Président de la République pour la convocation du corps électoral en tenant compte des contraintes de la loi portant dispositions transitoires dérogatoires à l’article 86 de la loi n° 98-006 du 9 mars 2000 et aux articles 4 et 6 de la loi n° 2007-28 du 23 novembre 2007 en son article 1er . Le gouvernement se tient donc prêt à tout moment à convoquer le corps électoral dès que la Céna le saisit à cet effet». Et c’est là tout la crainte à avoir. En ce sens que pour que les conditions soient réunies, ça dépendra aussi du gouvernement qui doit mettre les moyens à la disposition, aussi bien du Cos-Lépi qu’à la Céna. C’est vrai que lors de sa séance de mardi dernier, le gouvernement a rassuré de ce qu’il jouera pleinement sa partition pour que les élections aient lieu. «(…) le Gouvernement rassure le peuple béninois que les élections paisibles et transparentes auront lieu dans notre pays et des initiatives seront prises pour réunir tous les acteurs afin de surmonter les difficultés d’organisation, de calendrier, de compréhension dès qu’elles adviennent». Certes, le problème reste posé. C’est à partir des moyens mis à sa disposition que la Céna travaillera à l’organisation des scrutins. On se rappelle que le Cos-Lépi avait promis terminer le processus de correction de la Lépi pour le mois de novembre prochain, mais avait ajouté la condition de la disponibilité des moyens. Le Président de la République voulait que ces élections aient lieu cette année. Aujourd’hui, le Cos-Lépi se plaint de manque de ressources financières et ne peut promettre tenir encore son engagement pour le mois de novembre. La même difficulté pourrait arriver à la Céna. Et si c’était le cas, l’institution dirigée par Emmanuel Tiando ne pourra saisir le Président de la République à qui il revient de convoquer le corps électoral.
Le 02 octobre, date butoir…
C’est seulement mardi dernier que le Conseil des ministres a décidé de mettre 500 millions F Cfa à la disposition de la Céna pour son «installation et le démarrage de ses activités». Le budget de la Céna ne sera connu qu’à l’issue de la rencontre de ce vendredi entre le ministre des finances, le Cos-Lépi et la Céna. Après, il faudra enclencher les procédures de décaissement des fonds qui seraient déjà disponibles, selon Komi Koutché. Dans le même temps, le temps presse. Car, si les élections locales et municipales devaient effectivement se tenir cette année, il faudra, conformément aux dispositions de l’article 68 du code électoral, que le Chef de l’Etat convoque le corps électoral au plus tard le 02 Octobre 2014. Ce qui est loin d’être fait. Et si cela n’est pas fait à cette date, on ne peut donc accuser le gouvernement. Il aura déjà prévenu.
Le député Karim Chabi Sika embrouille tout
Il a une nouvelle donne dans la polémique de l’organisation ou non, en 2014, des élections locales et municipales. Elle n’est pas du tout reluisante, surtout lorsque les propos viennent d’un député de la majorité présidentielle qui se dit souvent très proche du Chef de l’Etat. Le député Karim Chabi Sika a parlé sur les ondes de la télévision nationale hier, jeudi 25 septembre 2014. Il a défendu en étant certain que ce n’est pas un problème d’argent qui constituerait les difficultés du Cos-Lépi dans le processus d’actualisation de la liste électorale. Mais c’est parce que l’organe est divisé contre lui-même et subit des dysfonctionnements à cause des contradictions. A en croire le député de la majorité parlementaire, il y a une lutte interne au sein du Cos-Lépi qui est nuisible au bon fonctionnement du travail. Et l’honorable Karim Chabi Sika défie qui veut l’écouter que la Lépi ne sera pas prête à la date butoir de fin novembre. Quelques minutes plus tôt, c’est pourtant le secrétaire général du gouvernement qui, sur la télévision Canal3, promet, quoi qu’il arrive, la tenue des élections locales et municipales pour cette année. Deux hauts responsables de la mouvance présidentielle qui tiennent deux langages contradictoires. Qui croire désormais ? Le peuple n’est-il pas en train d’être mené en bateau ?
Grégoire Amangbégnon