La rencontre de vérité tant attendue entre le gouvernement et les membres de la Cena et du Cos-Lépi a eu lieu. Elle s’est élargie aussi aux Partenaires techniques et financiers du Bénin (Ptf). C’était le vendredi 26 septembre 2014 au ministère de l’économie et des finances. A l’occasion, le ministre Komi Koutché qui avait à ses côtés son collègue Gustave Sonon chargé des relations avec les Institutions, a rassuré les uns et les autres. Pour lui, les ressources pour organiser les élections au Bénin ne manquent pas. Il a rappelé à cet effet, les diligences qui ont été faites par le gouvernement.
Ce rendez-vous de la dernière chance s’est déroulé en deux phases. D’abord, le ministre des finances et son homologue chargé des relations avec les institutions ont rencontré les membres du Cos-Lépi et de la Cena. Après ce fut le tour des partenaires techniques et financiers qui ont été entretenus sur deux points : la problématique du financement des élections après la psychose suscitée par les réactions qui ont suivi la déclaration du Chef de l’Etat sur le coût exorbitant des élections au Bénin et les réformes engagées au ministère de l’économie et des finances pour garantir la qualité des dépenses publiques et la bonne gouvernance.
La première phase la rencontre, celle qui a rassemblé autour du ministre Komi Koutché les membres de la Céna et du Cos-Lépi a duré plusieurs heures (environ deux). La délégation du Cos-Lépi composée des honorables Augustin Ahouanvoébla et Nicaise Fagnon a été conduite par son Président Sacca Lafia. De son côté, l’équipe de la Cena a affiché complet. Basile Fassinou, Geneviève Boko Nadjo, Moïse Bossou, Fredy Houngbédji et Emmanuel Tiando étaient là.
Pour ces deux délégations, la présence des hommes des médias n’était pas utile. Dans les couloirs de la salle de conférence du ministère de l’économie et des finances où s’étaient tenus les échanges, la tension était d’ailleurs vive. Pour Nicaise Fagnon, Basile Fassinou, Augustin Ahouanvoébla, il n’est pas question de se servir de la Céna et du Cos-Lépi pour corriger l’image du gouvernement qui a pris un coup dans l’opinion publique. Les journalistes ont été alors priés de ranger micros et caméras pour attendre dans une salle.
Après plus d’une heure et demie, la séance est levée. Et membres de la Céna, et membres du Cos-Lépi se sont engouffrés dans leurs véhicules. Impossible d’arracher de leur bouche du concret. Mais, c’était déjà rassurant de savoir que tout s’est bien déroulé, même si le sourire n’était pas encore au rendez-vous.
Les lignes ont bougé malgré tout
Les lignes ont bougé. Les propos tenus par le ministre Komi Koutché le confirment d’ailleurs. « L’objectif de la réunion que nous avons tenue avec la Cena et le Cos-Lépi est de définir le critère d’intervention de chacun des organes et de parvenir à la définition d’un budget définitif de ces organes-là. Mais il est important de préciser que le gouvernement tient à l’organisation des élections. Et pour cela, il ne ménage aucun effort…Le gouvernement était déjà prêt depuis 2013 pour organiser les élections. Vous pouvez consulter le budget général de l’Etat gestion 2013 pour vous en convaincre. Dix milliards de F Cfa avaient en effet été prévus. Ces fonds sont reconduits jusqu’aujourd’hui et déjà rendus décaissables au niveau du Trésor public. C’est la preuve de la bonne volonté du gouvernement d’organiser les élections…Ce que j’ai pu noter des échanges avec la Céna et le Cos-Lépi se dénote dans le sentiment des membres du Cos-Lépi. Ceux-ci pensent que le gouvernement dans sa communication les jette en pâture. Non ! Ce n’est pas l’intention du gouvernement et du Chef de l’Etat. L’opinion publique a agité que le gouvernement ne veut pas mettre les moyens. Ayant parlé avec les membres du Cos-Lépi qui nous ont rassurés de ce qu’ils ne savent rien de ces allégations, c’est du devoir du gouvernement d’aller expliquer qu’en fait, le problème du financement des élections ne se pose pas et ne s’est jamais posé depuis qu’on est là. La preuve est que pour un budget qui n’est pas définitivement arrêté, on a déjà mis près de huit milliards de F Cfa à la disposition du Cos-Lépi à titre d’avance sur décision prise en conseil des ministres. Ce n’est pas n’importe qu’elle dépense publique qu’on peut exécuter de cette façon-là. Donc on s’est compris sur cet aspect-là. Une fois que nous avons essayé de définir le périmètre d’intervention de chacun des organes et puisque les membres du Cos-Lépi évoquaient certains aspects sur lesquels certains membres de la Céna n’étaient pas d’accord, on est parvenu à une entente. A partir du lundi 29 septembre 2014, une équipe sera mise en place pour arrêter définitivement les budgets de la Céna et surtout du Cos-Lépi. Pour vous traduire encore une fois la preuve de la bonne volonté du gouvernement, nous avons retenu que toutes ces diligences ne soient en aucun cas suspensives de la poursuite des opérations de correction du fichier électoral. Le Cos-Lépi continuera d’être alimenté. La Céna dont le budget n’est pas encore arrêté aura une avance pour lui permettre de s’installer et aller à sa phase d’opérationnalisation une fois son budget définitivement adopté…Le gouvernement, le Cos-Lépi et la Cena vont se voir de façon périodique pour évoquer les questions qui pouvaient constituer des points de blocage », a dit le ministre Komi Koutché.
Il n’a pas passé sous silence les raisons pour lesquelles ces élections n’ont pas été organisées malgré la disponibilité des fonds. « …Nous tous, nous avons été pris de court par la complexité de l’aventure dans laquelle nous nous sommes engagés. Le gouvernement ne s’est jamais mis quelque part pour dire qu’’il accuse le Cos-Lépi ! Mais le gouvernement va juste rassurer à chaque instant lorsqu’on dit que le gouvernement ne veut pas que les élections soient organisées. Ce qui nous a manqué jusque-là, c’est qu’on puisse avoir le courage de nous assoir pour dire qu’on avait certainement sous-estimé l’immensité de l’opération dans laquelle nous nous étions engagés. Aucun des acteurs n’a intérêt à aller dire que c’est le gouvernement », a clarifié l’argentier national.
Halte à l’intoxication !?
« …Nous avons fait le même échange avec les Partenaires techniques et financiers qui se sont beaucoup inquiétés ces derniers moments pour les orientations que nous avons bien voulu données nous-mêmes Béninois aux débats après les déclarations faites à Boko sur le Chef de l’Etat à propos du coût exorbitant des élections au Bénin. La crédibilité de notre pays dépend de l’image que nous projetons de lui à l’extérieur. Ceux que nous venons de rencontrer sont les oreilles et les yeux du reste du monde dans notre pays…Pour ce qui est de la déclaration du Chef de l’Etat qui a fait si tant de débat inutile, je pense que cela pose l’un des grands problèmes de notre pays : vouloir une chose et en même temps son contraire. En même temps nous voulons de la bonne gouvernance, en même temps, l’environnement ne fait rien pour accompagner cette bonne gouvernance…C’est bien dommage ! Les propos du Chef de l’Etat ne sont orientés contre aucun acteur. Il soulève juste la nécessité de faire en sorte qu’on puisse revoir le coût des élections…Le gouvernement n’a aucun intérêt à ne pas organiser les élections. N’accompagnons pas l’intoxication… », a clarifié Komi Koutché qui n’entend pas se dérober devant ses responsabilités. Pour lui, il est de son devoir d’aller restituer la vérité lorsqu’il constate que des débats sont travestis.
« Travaillons à faire grandir notre pays. Et n’encourageons pas les choses qui sont de nature à diminuer la grandeur de notre pays ». C’est le message lancé à tous les Béninois par le ministre Komi Koutché.