2016 s’annonce avec ses craintes, mais aussi ses ambitions. Des ambitions normalement inspirées de groupes et partis politiques existants, mais aussi nées spontanément des cendres des multiples épisodes desquels les victimes se sont rendues célèbres par l’erreur de leur ancien patron, le Chef de l’Etat Yayi Boni. Ceux-ci se donnent désormais, des raisons justes de rêver.
La logique de la victime facile va encore jouer pour les prochaines présidentielles. L’histoire politique du Bénin quoique surprenante compte bien d’exemples où les candidats, victimes d’acharnement ou de représailles ont été toujours bien vus. L’exercice à bien de nuances près, risque de se répéter cette fois-ci mais avec beaucoup d’acuité. Le fusil du Chef surtout au cours de son deuxième mandat a été orienté vers des compatriotes lambda qui semblent forger cet acquis de victime pour parader dans moins de deux ans. Le geste n’est pas singulier. Le Chef, dans sa volonté de faire passer à la guillotine ces derniers, a certainement perdu de vue qu’il faisait leur promotion. La forte communication, même à l’international, suscitée par les différentes affaires au sommet de l’Etat a fait de ceux-ci, des personnages qui n’ont plus désormais besoin de présenter leur carte d’identité. Tellement, ils ont été médiatisés qu’il serait un gâchis pour eux de se refuser de capitaliser cet acquis. Des présidentiables nés dans les cendres des affaires d’Etat, de corruption et de gouvernance, le Bénin en connaîtra certainement pour 2016. Inutile de rappeler les différentes affaires mais Dieu sait que ces scénarii ont connu des personnages qui, à un moment où à un autre, ont joué le rôle de victimes. Certains en prison et relâchés après, d’autres forcés à l’exile, d’autres obligés de fuir le jour même du procès, d’autres emprisonnés une veille de la fête de Noël, bref la liste est longue. On ne compte pas aussi les déçus politiques qui ont soit, goûté aux amères ‘’délices‘‘ de la geôle, ou encore ont été obligés de déposer une démission voilée dans les vagues d’un tsunami de dissolution historique.
« Jouer à la victime pour occuper le terrain »
L’exemple encore prégnant, c’est celui du ‘’tigre’’ de Zogbodomey qui a été contraint à la méditation pendant des années et qui a célébré sa délivrance récemment. On peut citer aussi l’ancien docile premier ministre qui, pratiquement exterminé, a été obligé de prier la vierge-marie pour que le turbo le délivre. Et donc, 2016 accouchera d’un florilège de candidats tapis et terrés actuellement en raison de la lame encore très aiguisée de la guillotine. Ils auront en son temps, l’occasion de sortir les histoires, déterrer les affaires pour exposer à la face du monde ce qu’ils pensent être leur vérité. Et comme la conscience collective béninoise a toujours cette sensibilité à prendre revanche pour la victime, ils sauront certainement jouer sur cette fragilité pour grappiller. Le peuple béninois très avisé, très intelligent a curieusement ce cœur fragile que les fins politiques ont toujours su habilement exploiter. Le geste n’est pas singulier et l’histoire nous en a livré des pages. La sortie de ‘’nettoyage’’ du très célèbre et fin politique d’Adjatchè le dimanche sur dernier sur la Chaîne Canal 3 est sans doute quelques ‘’biscuits’’ pour annoncer la présence du parti sur l’échiquier et s’échauffer pour les prochaines échéances. Le Bénin est habitué à l’expérience des inconnus. 2016 dérogera-t-elle à la règle ? Certainement pas. Le piège est à ce niveau précisément. Loin des sensibilités et des sentiments de cœur, il faudra désormais des débats de fonds. Le pouvoir ne sera plus désormais un cadeau qu’il faut jeter au premier venu. Vigilance donc !