La courbe des inégalités qui affectent les enfants demeure ascendante en dépit de l’engagement de l’UNICEF et d’autres acteurs pour inverser la tendance. Le dernier rapport de l’institution onusienne sur leur situation confirme que des efforts supplémentaires restent encore à faire en faveur de l’épanouissement de la couche. Intitulé «Caché sous nos yeux», ledit rapport révèle l’ampleur des sévices physiques, sexuels et psychologiques qu’elle subit dans plusieurs pays du monde. Pour un changement de comportement, l’UNICEF appelle à l’engagement des acteurs à divers niveaux.
Difficile de ne pas être préoccupé par les nombreuses inégalités qui touchent les enfants, lorsqu’on est un ardent défenseur de leurs droits et que le phénomène persiste. C’est dans cette logique que s’est inscrite la représentante résidente de l’UNICEF au Bénin, Anne Vincent, lorsqu’il était question pour elle de donner son appréciation sur les violences qui touchent les enfants. A travers ce cri de cœur, la fonctionnaire onusienne appelle tous les acteurs intervenant dans le domaine de la protection des enfants à se serrer les coudes afin de mettre un terme aux violences qui affectent l’épanouissement des enfants. Elle a réaffirmé cet engagement le 9 septembre dernier lors de la présentation du rapport intitulé «Caché sous nos yeux», réalisé par l’institution. Lequel rapport s’appuie sur les données provenant de 190 pays et apporte des informations sur les violences dans des lieux où les enfants devraient se trouver en sécurité: leurs communautés, leurs écoles et leurs foyers. Ledit rapport fournit également des détails sur les effets durables et souvent inter-générationnels de la violence et montre que les enfants qui y sont exposés ont davantage tendance à devenir chômeurs, à vivre dans la pauvreté et à se comporter de façon violente envers les autres. Pour la cause, la représentante résidente de l’UNICEF au Bénin, Anne Vincent, en a appelé à une synergie d’actions. Son appel est d’autant plus important en ce sens que les révélations du rapport sont peu reluisantes. Près de120 millions de filles de moins de 20 ans soit environ 1 sur 10 ont subi des rapports sexuels forcés ou d’autres actes sexuels de même nature et une adolescente sur trois âgées de 15 à 19 ans soit 84 millions ont été victimes de violences émotionnelles, physiques ou sexuelles perpétrées par leurs partenaires. Le Bénin figure malheureusement au rang des pays les plus touchés par ce phénomène.
Des statistiques écoeurantes
Lorsque l’on se réfère à l’étude réalisée en 2009 sur les enfants, 11,4% des filles âgées de 2 à 14 ans ont été victimes de viol, 8% des enfants de la même catégorie âgés de moins de 15 ans et 34% des filles de moins de 18 ans sont mariées 2 fois dans leur vie. Dans le domaine de la pornographie, le constat paraît plus amer. Selon la Rapporteuse spéciale sur ''la vente d’enfants'', Najat Maalla M’jid, la prostitution des enfants et la pornographie impliquent une frange importante de la couche. 9,3% des filles béninoises se disent victimes de violences sexuelles à l’école: abus et harcèlements qui sont perpétrés par les enseignants mais aussi par d’autres élèves.Par ailleurs, le rapport «caché sous nos yeux » souligne également qu’un cinquième des victimes d’homicide dans le monde sont des enfants et des adolescents de moins de vingt ans, ce qui malheureusement s’est traduit par environ 95.000 de décès d’enfants en 2012. Mais les inégalités qui affectent les enfants ne se limitent pas seulement à ces formes de violences. L’autre pratique, en cours au Bénin et qui n’est pas sans conséquence sur la vie des enfants, est relative à l’infanticide. Elle donne lieu à des accusations de nombreux enfants considérés comme des «sorciers ou des êtres «anormaux» à la naissance. A cause de ces croyances, on estime à 10 dans certaines communes du département de la Donga, le pourcentage des bébés à naître, victimes potentielles d’infanticide. L’analyse de la même étude révèle que le Bénin ne résiste apparemment à aucune forme de violences. En milieu scolaire, le pays a encore de grands fossés à combler pour réparer les dommages causés aux enfants. «Au Bénin, plus de 89% des enfants en milieu scolaire sont victimes de toutes formes de violences et 55% des élèves sont victimes de punitions corporelles tandis que, hors du milieu scolaire, 30% des enfants sont battus ou frappés». Mieux, au niveau global, environ 17% des enfants subissent des formes graves de châtiments corporels. Les filles, en ce qui les concerne, demeurent la couche la plus touchée, en ce sens qu’elles n’ont malheureusement pas conscience des conséquences des violences sur leur vie. Les données recueillies dans 30 différents pays du monde montrent qu’environ sept filles sur dix âgées de 15 à 19 ans ont subi des sévices sexuels ou physiques sans jamais demander d’aide.
Désapprobation
Réagissant à la publication du rapport intitulé «Caché sous nos yeux», la représentante résidente de l’UNICEF au Bénin, Anne Vincent, a fustigé le fait que les mauvais traitements perpétrés contre les enfants restent trop souvent passés sous silence. «L’impunité reste la norme plutôt que l’exception», a-t-elle déploré. Au regard de ces paramètres, son appel en direction des autorités à divers niveaux est sans équivoque. Pour elle, aucune chance ne doit plus être accordée aux auteurs des violences et l’engagement envers la couche doit être total. «La violence à l’égard des enfants détruit non seulement les garçons et les filles qui la subissent mais elle déchire également le tissu social, le bien-être et la prospérité de la société », relève la fonctionnaire onusienne. A l’en croire, la situation qui touche les enfants ne fait honneur à aucun pays. Son point de vue est également partagé par le directeur général de l’UNICEF, Anthony Lake, qui estime que si les peuples n'affrontent pas la réalité que représente chacune de ces statistiques ‘’révoltantes’’, de même que le droit d’un enfant à une vie sûre et protégée ils «n’abandonneront jamais cette mentalité selon laquelle la violence contre les enfants est normale et tolérable». «L’ampleur, la persistance des violences et l’insuffisance de sanctions sont extrêmement préoccupantes. Les causes, se trouvent non seulement dans les normes socioculturelles mais également dans l’insuffisance des mécanismes et des systèmes de protection de l’enfant établis aux niveaux communautaire, régional et national», souligne Anne Vincent.