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Le Matinal N° 4444 du 1/10/2014

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Menace imminente sur la presse :Vers la fermeture de certains quotidiens ?
Publié le jeudi 2 octobre 2014   |  Le Matinal




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Le président Adam Boni Tessi est sous une intense pression. Au lendemain de ses fameuses déclarations à polémique à Boko, relayées largement comme il l’a demandé lui-même, traitées, analysées et commentées comme il sied , Yayi a demandé que la Haac sanctionne certains journaux, accusés de virulence…

Mais en homme avisé, le président Tessi, au lieu de sévir comme l’y invite, avec insistance Yayi, a préféré une séance de travail pédagogique, comme il arrivait également parfois à la mandature précédente de la faire. Mais, cette démarche n’a pas du tout plu à Yayi qui entra dans une colère noire en traitant le Président Tessi « d’incapable ».

C’est vrai que selon l’entourage proche de Yayi , il aurait nommé l’ancien maire de Nikki que précède une réputation de fonceur, pour remettre au pas la presse, que la mandature de Théophile Nata, au cours de ces deux dernières années, a fini par laisser en paix , libre ; après trois ans d’intenses harcèlements, de rappels à l’ordre, voire de dérives graves comme la fermeture du Béninois Libéré expressément demandée par le prince, on le sait aujourd’hui , qui n’ aurait pas laissé le choix à l’ équipe Nata …

Mais, chaque Haac étant le produit de son contexte, les professionnels des médias, membres de la présente mandature, ayant compris qu’on ne peut actuellement faire une pareille volonté de Yayi sans risquer une révolte générale de la profession, ne sont pas assez fous pour la satisfaire.

Et pour cause , si la Haac de Nata a, à un moment, cessé tout harcèlement des médias privés, c’est qu’elle s’est rendue compte qu’elle ne pouvait plus continuer à punir uniquement la presse privée, au moment où de façon grossière et insultante pour l’intelligence, le service public, sous l’ impulsion du président, s’adonne impunément au viol permanent du principe constitutionnel d’accès équitable (l’une des attributions que la Constitution a confiées à la Haac et qui, justifie même sa création).

A la fin de son mandat, la Haac de Nata, de Loko et Cie essuyait la foudre de Yayi pour avoir mis fin à l’injustice qui consistait à ne s’occuper que de la presse privée, au moment où la presse publique, surtout la télévision nationale, prise en otage, sans vergogne, désinforme, fait de la propagande outrancière, et joue au chien de garde de Yayi…

En formant la présente mandature, le président aurait clairement donné pour mot d’ordre, de réduire au silence les organes qui l’embêtent et le dérangent. Et pourtant, il contrôle un bon nombre d’organes griots, à qui, il fait écrire parfois des énormités sans que personne ne se plaigne, encore moins la Haac…

L’article 55 en question

Le Président de la Haac, au bout de deux mois, n’ayant pas encore réussi le début même de la sale besogne, la dernière trouvaille est l’article 55 de la loi organique qui lui permet d’user, en cas d’urgence, de pouvoirs conservatoires, que les stratèges de la Marina veulent lui faire appliquer à mauvais escient.

Cet article dispose en effet : « En cas d’urgence et de manquement aux obligations résultant des dispositions de la présente loi, le président de la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication peut ordonner à la personne qui en est responsable de se conformer à ces dispositions, de mettre fin à l’irrégularité ou d’en supprimer les effets. Sa décision est immédiatement exécutoire. Il peut prendre même d’office toute mesure conservatoire ».
C’est-à-dire que les stratèges du pire de la Marina, pour calmer le courroux de Yayi ont demandé au Président de la Haac de contourner sa plénière, pour fermer en urgence des journaux comme Le Matinal, La Nouvelle Tribune et quelques autres aussi tant de l’audiovisuel que de la presse écrite …

Seulement, ces stratèges de Palais se foutent le doigt dans l’œil jusqu’au coude, car les mesures conservatoires du président de la Haac ne se justifient que dans le cas d’urgence en cours, c’est-à-dire concernant plutôt les organes audiovisuels diffusant à chaud des informations vraiment périlleuses pour la République ; à ne pas confondre avec des informations déplaisantes ou défavorables à Yayi. (Avec le temps, il semble même que les informations du premier cas sont celles favorables au prince …).

En tout cas, juste après une mesure conservatoire, le président de la Haac doit saisir le procureur de la République et la plénière de conseillers, car ces mesures-là ne sauraient durer qu’un laps de temps, selon la loi.

Mais, au-delà de son inconfortabilité juridique, on peut se demander comment un président de la Haac peut aujourd’hui prendre le risque de fausses mesures conservatoires et se mettre toutes les associations professionnelles à dos, et surtout, risquer une rébellion médiatique des organes visés qui, certainement, ne s’exécuteront pas, car la sagesse ne nous enseigne -t- il pas dans le Petit Prince, qu’il faut attendre 18H au moins pour ordonner, de façon raisonnable au soleil d‘aller se coucher et que de le faire à 13H ?

Quand la Haac de Nata ordonnait ses couchers de soleil, c’était au soir d’une époque qui aboutira au KO. Aujourd’hui, on est en plein midi d’une époque qui vient, et on a la faiblesse de croire que ABT (Adam Boni Tessi) le sait, contrairement à l’autre, Boni, à qui il ne reste qu’un peu plus d’un an.

Thomas YATessi

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