Après avoir violemment dispersé les militants du candidat à la présidentielle Robert Gbian, dimanche dernier à Nikki, les Forces de l’ordre se sont à nouveau illustrées, ce mardi 30 septembre 2014. Elles ont empêché les « Femmes leaders » de tenir un meeting à Parakou, pour dénoncer la mauvaise gouvernance sous Yayi Boni.
Le Bénin vit une époque difficile. Il est dur, en effet, de croire qu’on peut à nouveau interdire des meetings politiques dans des villes de ce pays. Le gouvernement nous a ramené aux sombres heures du Prpb .
Qu’à cela ne tienne ! On a franchi le rubicond, et le pire n’est peut-être pas loin. Alors que les partisans du chef de l’Etat étalent tous les soirs des enfantillages sur les plateaux de la Télévision nationale (Yayi Tv), avec des marches à n’en pas finir, et des remerciements honteux pour des nominations qui ne dureront, en vérité, que quelques jours, d’autres Béninois qui ne partagent pas les mêmes opinions, sont presque brimés dans leur expression.
Le meeting interdit à Parakou ce mardi, est une parfaite illustration de ce que d’aucuns n’hésitent plus à appeler sur les réseaux sociaux, « dérive totalitaire » ou « aveuglement ». Ceci est d’autant plus incompréhensible, que le régime Yayi est en fin de parcours, et à moins de préparer « l’innommable », on ne devrait plus assister à ces scènes dignes des régimes de Tonton Macoutes, ou de la dictature de Fidel Castro, et de Mao Tsé Toung. « Le Bénin est militarisé.
Les libertés publiques sont confisquées. Ce qui se passe est catastrophique sous la démocratie », s’est exclamée l’ex-députée Amissétou Affo Djobo , après avoir constaté la forte militarisation pour empêcher le meeting. « Ce que j’ai vécu à Parakou est ridicule. C’est la confiscation totale des libertés sous ce régime », a, pour sa part, dénoncé l’ancienne ministre des Finances, Adidjatou Mathys. Quant à Rafiatou Karimou, elle s’est bornée à demander « De quoi ont-ils peur ? ».
La Refondation ne souffre pas de la contradiction
Après les atermoiements du gouvernement pour organiser à bonne date les élections, et vu les déclarations faites par le chef de l’Etat à Boko, même les esprits les plus sceptiques peuvent en convenir aujourd’hui : le régime de la Refondation ne souffre pas de la contradiction. Un parfait exemple : la sixième mandature de la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (Haac), agit désormais comme un pouvoir de coercition, peut-être instruit pour bâillonner un peu plus les libertés.
Mis bout à bout, ces faits anodins, et en apparence isolés, peuvent être interprétés comme le glacis, ou nouveau goulag, que le régime Yayi met en place. « Sommes-nous dans un régime totalitaire ? », s’est ailleurs demandé dans sa dernière tribune, le célèbre juge des ordonnances de non-lieu.
La question s’impose. A moins que, ne voulant pas laisser la main à l’opposition, Yayi Boni tente de contrecarrer le général qui a le vent en poupe, afin d’imposer l’un de ses affidés pour 2016. Auquel cas, il lui faudra, quand même, accepter que la classe politique et la société civile fassent le procès de sa gouvernance depuis huit ans. C’est un mal nécessaire, malheureusement indispensable pour le bien-être de la démocratie béninoise.