Des militaires ont fermé hier mercredi 5 juin 2013 le parking privé gros-porteurs Yato-Sarl de Monsieur Charles Toko à Malanville, frontière Bénin-Niger. L’acte a été perpétré par un détachement de forces de l’ordre conduit par un douanier. La raison de cette action militaire n’a pas été clarifiée aux agents représentant le propriétaire sur les lieux.
Un coup de force de l’Exécutif a été perpétré contre le parking gros-porteurs de Charles Toko hier à Malanville. Sans aucune explication aux agents présents sur les lieux, un détachement des forces de l’ordre a fait irruption sur le parking et intimé l’ordre de fermer les portes. Mais pour quelles raisons ? Personne n’a donné plus d’explication aux agents. « C’est sur instructions », auraient déclaré les forces de l’ordre selon les agents du parking. Des autorités locales ont aussi été étonnées de l’acte sans avoir pu leur fournir plus d’éclaircissement. La force publique vient ainsi de mettre un coup d’arrêt aux activités du parking Yato Sarl.
Ce qui est curieux, c’est qu’un autre parc qui était fermé a été ouvert après la fermeture de Yato-Sarl. L’acte serait-il prémédité ? On attend de voir la suite.
Mais selon les investigations, un groupuscule se serait formé pour dire que les frais pratiqués par le parking Yato Sarl seraient très élevés. Or dans la réalité, tous les parkings sont à 12.000f CFA donnant droit à trois jours de franchise, soit 2000f CFA par camion gros-porteur comme frais de stationnement et 10.000f CFA par camion pour frais de gardiennage et de sécurisation des marchandises. Ces taux sont les tarifs applicables sur les parkings gros-porteurs aux postes frontaliers retenus de commun accord par les trois ordres d’Association des Commissaires agréés en Douane du Bénin à savoir : Acad, Ucdtab, Synacoda et les gestionnaires des parcs aux frontières le 23 mars 2010. Selon la lettre d’information envoyée aux différents acteurs et signée du Secrétaire général de l’Acad, M. Taïrou Mama le 29 mars 2010, ces taux sont entrés en vigueur depuis le jeudi 1er avril 2010. Comment se fait-il que c’est maintenant qu’une action est dressée contre un seul opérateur économique ?
Ce qui est étonnant dans ce comportement à l’occasion duquel nous n’avons pas pu identifier réellement les forces de l’ordre pour leur demander après l’acte les raisons, c’est que le parking Yato Sarl pratique un taux de 10.000f CFA pendant que d’autres pratiquent le taux de 12.000f. Pourquoi c’est le parking de Charles Toko qui a été fermé et non tous les parkings gros-porteurs ? Si tant est que la raison de la fermeture est liée à l’acte du groupuscule, pourquoi les autorités n’ont-elles pas appelé les responsables des parkings pour s’informer sur la situation réelle avant d’agir ?
Probablement que les jours à venir lèveront le voile sur cet acte qui frise une brimade d’un opérateur économique ou une prise de position de l’Exécutif dans un dossier.
Un acharnement qui ne dit pas son nom
Cela ne devrait surprendre personne. Pour ceux qui ne le savent pas, c’est avoir une courte vue que de limiter ce qui s’est passé hier à Malanville à la seule personnalité de Charles Toko. Derrière lui et travers la personne de notre confère, c’est la guerre déclarée contre tout ceux qui dénoncent la révision de la Constitution engagée par la mouvance au pouvoir. Charles Toko est le Pdg du groupe de presse Le Matinal. Dans un pays où on ne sait plus qui est qui, notre confrère ne cache pas sa position pour la défense des acquis démocratiques. Il y a quelque jours et précisément le 30 mai 2013, le Matinal a écrit pour dénoncer des velléités de révision de la Constitution. Et comme si ce sujet ne fait plus dormir les hommes de la mouvance, les confrères du quotidien Le Matinal ont déjà reçu selon nos sources trois droits de réponses pour le même article. Ils ont reçu un droit de réponse de L’honorable Chabi Sika Karim, un autre de M. Amos Elègbè, Conseiller spécial du Chef de l’Etat aux affaires politiques, puis, un troisième droit de réponse du Secrétaire Général du Gouvernement. C’est à croire que tous ceux-là sont mandatés pour agir contre tout développement allant dans le sens d’une alerte quelconque contre une révision opportuniste de la Constitution. Car aujourd’hui, tout ce que chacun craint, même ceux qui avaient souhaité la révision de la Constitution et qui ont déchanté très tôt en l’exprimant haut et fort, c’est le risque que certains utilisent cette révision pour empêcher l’alternance au pouvoir en 2016. Et lorsqu’on consulte la majorité de ceux-là qui pensaient au toilettage de la Constitution en 2006, presque tous répondent qu’il faut la reporter à après 2016 car l’environnement actuel n’y est pas propice et les données ont changé. Tout porte à croire que c’est la dénonciation de la révision de la Constitution dénoncée par Le Matinal qui fait pleuvoir déjà des représailles sur le Pdg de cet organe de presse. D’ailleurs, il ne faut pas oublier que depuis un certains temps, Charles Toko n’a plus de bonnes relations avec le pouvoir qu’il a contribué à faire asseoir. Il n’y a pas longtemps, revenue de la France, Charles Toko pour une première fois a subi une fouille pas ordinaire à l’Aéroport Cardinal Bernardin Gantin. Pour qui connait l’homme, il en a profité pour clamer son refus de voir le pouvoir remettre en cause des acquis de la conférence nationale. La raison évoquée pour fermer son parking gros-porteurs à Malanville ressemble à un prétexte. Au Bénin, avec le système yayi, on sait comment les marches sont orchestrées. Qu’on ne prenne plus les populations pour des gens qui avalent tout. Bientôt ce sera le tour du parc de Sèmè-Kraké. Et là encore, personne ne doit être surpris. Tant que le quotidien Le Matinal sera opposé à une révision opportuniste de la Constitution, dans son rôle normal d’organe de presse en tant qu’éveilleur de conscience, le pouvoir actuel ne laissera visiblement pas Charles Toko tranquille. C’est ce que le Bénin de la Refondation est devenu. Les impôts et l’armée pour neutraliser. Où allons-nous ?