Les agents contractuels du ministre de l'Agriculture, de l'élevage et de la pêche(Maep) en fonction dans les principaux bassins cotonniers ont lancé un mouvement de protestation depuis le début de la semaine. Après ceux du Borgou-Alibori, ceux de l'Atacora et de la Donga ont pris la relève. Ils réclament le paiement de leurs arriérés de salaires, de primes et indemnités jusque-là impayés par les autorités à divers niveaux. Si rien n'est fait dans les meilleurs délais, ces agents contractuels menacent de perturber le déroulement de la prochaine campagne cotonnière.
Ça grogne dans le rang des agents contractuels du ministère de l'Agriculture en activité dans les départements du Septentrion et plus précisément dans les localités où l'on produit l'or blanc. Et, c'est tout naturellement la commune de Banikoara qui a ouvert le bal des contestations. Au cours d'un sit-in organisé le lundi dernier, ces agents ont réclamé entre autres cinq(05) mois de salaires et dix(10) mois de primes de carburant. A ceci, il faut ajouter, les nombreuses primes dans le cadre de la campagne cotonnière 2012-2013. Le lendemain, ce sont les agents contractuels de l'Etat et contractuels locaux de ce même ministère en poste dans la commune de Kandi qui ont eux aussi organisé un sit-in dans l'enceinte du secteur communal de développement rural pour les mêmes motifs. Recrutés en effet depuis juillet 2012 pour mener à bien la campagne cotonnière écoulée, ces agents contractuels sont restés plusieurs mois sans salaires. C'est justement parce qu'ils en avaient ras-le-bol par rapport aux traitements dont ils sont victimes qu'ils ont décidé d'exprimer à la face du monde leur mécontentement. Selon le représentant de ces agents encadreurs, le gouvernement reste leur devoir de nombreuses primes au titre de la campagne cotonnière passée dont entre autres, les indemnités de prestations sur intrants puisqu'il s'agit des produits toxiques. Aujourd'hui, " nous sommes lésés car tous les autres corps impliqués dans ladite campagne sont déjà payés sauf nous ". A en croire le porte-parole de ces agents, c'est le refus des autorités de les écouter qui les a amenés à manifester leur mécontentement afin que l'opinion comprenne ce qui se passe. Ces mouvements de protestation qui ont commencé par Banikoara et Kandi se sont étendus à Sinendé et dans certaines localités de l'Atacora. C'est dire donc que c'est un mouvement général comme l'a si bien signifié le porte-parole des agents. Toute proportion gardée, il fait remarquer que si la campagne cotonnière 2012-2013 a connu un succès dont se vantent aujourd'hui les autorités, le mérite leur revient en premier pour avoir su encadré comme cela se doit les producteurs.
C'est d'ailleurs pourquoi, il demande aux autorités du ministère de l'Agriculture d'être payés sans délai, sans quoi ils vont bloquer la campagne cotonnière en cours.
Pas de primes, pas de campagne
Il a fallu que ces agents manifestent leur mécontentement pour qu'on se rende compte que la campagne cotonnière écoulée n'a pas fini de régler ses dettes vis-à-vis des acteurs. Sinon, cette campagne qualifiée d'exceptionnelle a été une réussite même si le rendement n'était pas celui escompté. En effet, après le démantèlement de l'Association interprofessionnelle du coton(Aic) et la prise en mains par le gouvernement de la filière coton, il a été dit que la production cotonnière va atteindre 350 voire 400.000 tonnes. Avec les dizaines de milliards engloutis dans cette campagne, la production n'a pas dépassé les 250.000 tonnes. Ce qui est un échec vu les moyens humains et financiers mobilisés. Mais, pour le gouvernement, c'est une totale réussite. Pour le compte de la campagne cotonnière 2013-2014 qui a été lancée par le Chef de l'Etat à Bembèrèkè, les prévisions tournent autour de 500 voire 600.000 tonnes. Mais, il y a une donnée que le gouvernement semble minimiser. C'est celle du rôle capital joué par les agents encadreurs dans cette réussite. Lorsqu'on sait que le Chef de l'Etat tient à la réussite de la campagne cotonnière en cours comme aux prunelles de ses yeux, il y a alors lieu de satisfaire totalement les revendications des agents contractuels qui ne demandent qu'à rentrer en possession de leurs dus. Sinon, la campagne cotonnière 2013-2014 qui commence par enregistrer ses premiers couacs avec l'acquisition des intrants risque d'être perturbée par ces agents qui sont censés encadrer les producteurs. La réaction des autorités est alors vivement attendue. A bon entendeur…