Dans une lettre ouverte adressée aux députés de l'Assemblée nationale, le Front Citoyen pour la Sauvegarde des Acquis Démocratiques (Fcsad) invite la représentation nationale, après décryptage de l'actualité nationale, notamment les affaires ''Sonacop'' et ''Juge Houssou'' à, au nom de ses prérogatives constitutionnelles, jouer le rôle qui est le sien. Le Fcsad note dans les agissements du gouvernement, " des atteintes graves portées à la dignité humaine et qui viennent s'ajouter à toutes les dérives répétées du gouvernement de Monsieur Yayi Boni.
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FRONT CITOYEN POUR LA SAUVEGARDE
DES ACQUIS DEMOCRATIQUES
Lettre ouverte aux députés de l’AssembléeNationale
L
e Front Citoyen pour la Sauvegarde des Acquis Démocratiques, en sa réunion extraordinaire du 21 mai 2013, a examiné avec une extrême attention les événements qui alimentent l’actualité politique du moment : l’affaire Sonacop et celle des ordonnances de non-lieu prises par le juge Angelo HOUSSOU et qui lui ont valu humiliations, séquestration, menaces de toutes sortes de la part du gouvernement et de ses agents patentés.
Le Front Citoyen a été profondément bouleversé par ces atteintes graves portées à la dignité humaine et qui viennent s’ajouter à toutes les dérives répétées du gouvernement de Monsieur Yayi Boni. C’est pourquoi le Front a décidé de s’adresser directement à la Représentation Nationale à qui la Constitution a conféré le puissant pouvoir pour empêcher toute violation du droit des citoyens. Aujourd’hui, le Peuple veut savoir ce que dit l’Assemblée Nationale, sa réaction face à la gouvernance erratique et compulsive d’un homme qui a fait de notre pays un bateau ivre, sans gouvernail. Mais d’ abord les faits.
QUELQUES FAITS
1. Le juge Houssou se voit récemment confisquer son passeport, lui-même séquestré, en état de siège à son propre domicile fortement militarisé. Pour avoir simplement résisté aux pressions du pouvoir et à l’intimidation et osé dire le droit en prononçant le non-lieu sur l’affaire Patrice Talon.
2. Qui peut prétendre démêler l’écheveau du dossier SONACOP dans lequel, nous dit-on, se sont volatilisées des poignées de milliards de francs ? Le directeur général Houessou est relevé de ses fonctions et mis aux arrêts après avoir, comme de mise durant les deux quinquennats en cours, généreusement servi les intérêts personnels de son mentor à qui il doit sa nomination. Telle est la pratique du limogeage/emprisonnement « ingrat ». Mais il est également des limogeages/emprisonnements punitifs, réservés aux indociles comme le malheureux Somassè.
3. Le chantier du nouveau siège du parlement, conduit dans la plus totale opacité ayant occasionné des fraudes à milliards, sera finalement démoli selon une annonce du chef de l’Etat lui-même. Comme si l’on voulait effacer à jamais toute trace de malversation. C’est l’assainissement de la gestion selon le changement et la refondation.
4. La lutte contre le trafic de carburants dits « kpayo », outre sa magistrale impréparation qui laisse intacts les problèmes d’approvisionnement des populations et de réinsertion sociale de tous ces débrouillards, se mène de manière arbitrairement sélective. La fraude est traquée dans des régions, toujours les mêmes, ignorée dans les autres, toujours les mêmes ! Ainsi va la cohésion nationale sous « l’émergence », vive l’unité nationale en « refondation » !
5. Nous avons récemment assisté devant nos écrans à la pose de la première pierre du barrage hydroélectrique « à buts multiples » de Kétou selon la pétillante formule du ministre Barthélémy KASSA. Secret de Polichinelle, ce projet ne repose que sur une vague promesse arrachée au Premier ministre de la Turquie, RecepErdogan, lors d’une toute récente visite présidentielle improvisée dans ce pays. Le projet ne dispose donc d’aucune étude, mais lors de la cérémonie de Kétou, il nous est annoncé que l’ouvrage pharaonique alimentera des régions entières non seulement en électricité, mais également en eau courante potable jusqu’aux villes de Dassa, Savè, Bassila, Djougou, etc. Le défi du millénaire à l’éloignement et à la géographie ! La naïveté du petit peuple en prendra de la graine. Les masses analphabètes, loin d’être bêtes, savent que les grands fleuves du Bénin prennent source dans ces localités ou les traversent ! Qu’importe ! La politique- spectacle va bon train, la mascarade a de beaux jours devant elle.
6. Après le brumeux scandale jamais élucidé des machines agricoles livrées sans la moindre évaluation à ce jour depuis cinq ans, on vient de nous gratifier de la pose de la première pierre d’une usine de fabrication de machines agricoles.
7. Avec une sérénité déconcertante et sans raison valable, le pouvoir vient de décider le report sine die des élections municipales. C’est la première fois, en 23 ans de vie démocratique, que des élections ne se tiennent pas à bonne date dans notre pays ! La durée du mandat électif n’est manifestement plus du ressort de la loi, mais du bon vouloir du monarque : perspective dorée pour le Bénin de 2016 !!! Qui dit mieux après le braquage électoral du siècle en 2011 ?
8. Yayi n’a jamais reconnu sa responsabilité dans aucune situation de son ressort. L’on se souvient de son discours d’investiture de 2006 déjà prémonitoire et dont les ratés furent sans pudeur instantanément jetés sur le dos du protocole ! Depuis lors Yayi a toujours clamé son irresponsabilité dans tous les faits reprochés à son gouvernement. Qui ne l’a entendu dire, à propos d’affaires d’une extrême gravité : « Je ne suis pas au courant. » Bien plus, voulant se mettre hors de cause dans le dossier CEN-SAD : « Je n’assiste pas au conseil des ministres » ! Quel chef de gouvernement avons-nous ?
9. Des épisodes de grand brigandage, romanesques par leur invraisemblance, ont mis en évidence la nullité de notre gouvernement à garantir la sécurité physique et financière des Béninois : le casse du Trésor public en 2013, le braquage de Dantokpa en 2009, le mirage ICC en 2010… ICC, emblématique affaire de fraude pseudo bancaire où se sont engluées les autorités au plus haut niveau pour ensuite se défausser et tenter de se blanchir sans la moindre retenue.
10.Yayi s’est farouchement investi pour caporaliser tous les contre poids constitutionnels, concentrer tous les pouvoirs entre ses mains et instaurer une monarchie vingt ans après l’abolition du part unique. De surcroît par des procédés illicites : intimidation, corruption, etc. Ce qui lui a permis de bafouer constamment et impunément la Constitution. En témoigne l’atteinte à la laïcité par l’ingérence de sectes dans la conduite de l’Etat, ou encore cette manipulation médiatique d’images papales infantilisantes. Chef de l’Etat ou chef de clergé? Probablement un symptôme de mégalomanie, peu compatible avec la direction démocratique. Ce roi s’appelait Ubu.
11. Le plus insupportable reste cet acharnement à opposer le Nord au Sud de notre pays. Les preuves en sont incalculables. Le discours du 1er août 2012 en est le couronnement. Impensable incitation publique à la haine ethnique et à l’affrontement. En bonne démocratie, mais déjà aux termes de notre Constitution, un président qui sème la zizanie au sein de son peuple est d’office reconnu parjure.
Cette liste n’est qu’un échantillon des méfaits du régime et ne prétend nullement épuiser cette matière dont l’ampleur s’accentue chaque jour. Devant ces faits à répétition, face à l’espèce d’ivresse inouïe qui inspire l’action gouvernementale, les Béninois, tant de l’intérieur et de l’extérieur, sont horrifiés et perclus de honte parce qu’ils ont mal, très mal à leur « béninité ». Et c’est pourquoi le Front Citoyen a pris la décision de s’adresser- Oh sans illusion peut-être - à la Représentation Nationale qui, à quelques exceptions près est devenue la grande muette qui a avalisé toutes les dérives et tous les scandales dénoncés plus haut. Aujourd’hui le Front Citoyen et le Peuple avec lui vient interpeller l’Assemblée Nationale tout entière en lui posant une question, une seule question qui taraude tous les esprits : Quel homme nousgouverne ? Ce que l’affaire de la tentative d’empoisonnement nous a révélé, à savoir que les médicaments quotidiennement administrés au Président ont été trafiqués nous autorise à nous interroger sur l’état de santé physique et mentale du Président de la République. Toutes les démocraties qui se respectent pratiquent régulièrement l’information médicale sur cet état de santé de leur Président. Acte de simple transparence républicaine destiné à rassurer les gouvernés et, dans le cas contraire, induire une procédure de démission ou de destitution.
Le Front Citoyen vous y convie tous, Honorables Députés, pour le bien et le salut de notre chère et commune Patrie.