C’est avec grand intérêt que j’ai suivi la cérémonie d’hommage rendu à François Mensah, le lendemain de son décès le 1er octobre 2014. Toutes les catégories socio professionnelles, membres du gouvernement, acteurs de la société civile, leaders de partis politiques, ceux qui lorgnent actuellement le fauteuil présidentiel, bref ce fut une belle opportunité pour les uns de pousser leur curiosité dans les locaux de Canal 3 Bénin, et pour les autres de se faire de la publicité puisque cela n’arrive pas tous les jours. Se voir quelques secondes sur les écrans d’une télévision, ceux qui ont organisé une fois un événement dans leur vie savent très bien que ce n’est pas un jeu de bambin. Cela coûte les poils des fesses. On ne pourra donc que dire merci à la chaîne de télévision privée qui, sur plusieurs jours (ça continue d’ailleurs) nous a donné de la matière.
Ah oui ! Tout ceux qui, comme moi, ont suivi les images ont dû constater que François Mensah était vraiment « populaire, célèbre, talentueux, cultivé, le meilleur journaliste sportif…… ». On a su trouver les mots justes et verser les larmes au bon moment pour témoigner sa compassion au reste de l’équipe des « petits » d’Actu Matin et de tout le Groupe de presse Fraternité en général. Mais une chose est sûre. De son vivant, les analyses, les prises de position du défunt dérangeaient certains qui pourtant étaient allés signer le livre de condoléances. Il y en a d’ailleurs qui, au lieu de lui rendre ces hommages mérités de son vivant, à travers des actes concrets et significatifs, préféraient lui payer l’ « addition » pour ne pas dire la facture de ses « conso ».
Ainsi s’entretient le talent au Bénin. D’autres, au lieu de célébrer cette valeur que représente la personne, préfèrent s’attarder sur ses tares ou ses vices qu’ils peuvent pourtant l’aider à corriger.
Cette petite démonstration m’amène à me demander si tout le monde savait vraiment que François Mensah était talentueux ? Je vais droit au but en répondant NON. Et pour cause. Aucune des nombreuses distinctions attribuées par des privés ou des structures relevant de l’Administration publique n’est allé à l’endroit du regretté (il paraît qu’il aurait reçu un truc privé depuis 2007). L’image qui m’est restée, et ça je ne l’oublierai jamais, c’est cette parodie de soirée dite de récompense de gloires ou de je ne sais quoi, qu’une structure sous tutelle du Ministère des sports organise chaque année. La combientième édition cette année ? Je ne saurais vous le dire avec exactitude mais j’en ai suivi au moins trois. Ayant horreur de l’injustice, je me suis abstenu d’aller au-delà…. Donc, à l’une des éditions, alors que beaucoup étaient sûrs et pouvaient même donner leurs têtes à couper, que le trophée dans la catégorie télé serait attribué à François, cela n’a plus été malheureusement le cas. Une deuxième fois, l’histoire s’était répétée. Et je revois encore, comme si c’était hier, François sortir de la salle rouge du Palais des Congrès, allumant du coup sa cigarette. La même déception se lisait dans le rang de ses amis qui l’avaient accompagné ce jour-là pour célébrer avec lui cette joie. Vous convenez maintenant avec moi que si François Mensah avait été si talentueux, il aurait reçu au moins une fois ce fameux trophée et pourquoi pas bien d’autres distinctions. Pourquoi n’aimons-nous pas alors rendre hommage aux talents vivants dans le pays de Kaba, Béhanzin et Bio-Guerra? C’est une préoccupation et une réflexion que je voudrais partager avec vous. Et j’espère bien que François Mensah saura apprécier depuis l’au-delà, la sincérité de ces hommages à lui rendus depuis qu’il a rejoint le Royaume des Cieux.