Le Bénin compte de nombreux artistes spécialisés dans la production d’objets d’arts. Ils travaillent et excellent dans le métier, même si à l’aune de la réalité, la société béninoise ne semble pas trop vouloir se procurer le produit de leur labeur. En effet, elle en consomme très faiblement.
Au Bénin, on dénombre une multitude d’artistes plasticiens au répertoire artistique bien fourni et intéressant. Cependant, on remarque que nombre de Béninois n’en sont pas très friands et donc en consomment peu. M. SEÏDOU Djibril, artiste peintre de son Etat, explique que, depuis une quinzaine d’années qu’il exerce au Bénin, qu’il dénonce l’absence d’école de formation en art plastique et aussi le manque de promotion du secteur de l’artisanat par les autorités du domaine. Ce qui ne favorise pas l’attraction de la clientèle, car c’est par la promotion que la population saura l’utilité, l’importance, de ce qui se fait en matière d’art au Bénin. Il ajoute aussi qu’il a remarqué que la majorité des Béninois n’ont pas la culture de l’art. A première vue, cela ne les intéresse pas, ce n’est que les étrangers, touristes des pays occidentaux, qui en connaissent la valeur et en achètent beaucoup ; les quelque Béninois de la diaspora commencent par leur emboiter le pas et cela semble augurer de bonne nouvelle pour l’art béninois.
Toujours pour comprendre ce qui freine la consommation des objets d’arts par les Béninois, l’artiste sculpteur Mathieu SESSI affirme qu’il enregistre plus d’acheteurs étrangers, surtout les occidentaux, par rapport aux acheteurs Béninois qui sont peu nombreux. Ces Béninois n’apprécient pas les œuvres à leur juste valeur ; pourtant nous ne vendons pas nos articles à un coût élevé. Il ajoute aussi que lors des expositions et ventes organisées, ils n’arrivent pas à écouler convenablement leurs articles et que c’est simplement dû au fait que certains sont méconnaissants et ignorent ce que représente une œuvre d’art.
Les artistes sont donc unanimes sur le fait que l’acculturation sur les questions d’arts par les Béninois est la cause qui freine leur poussé à la consommation.
Mais seul l’avis de ses artistes ne suffit pas pour comprendre la cause de la mévente des artistes, nous avons interrogé des consommateurs potentiels qui nous ont aussi donné leur avis.
Eustache MAHI, déclare : « les objets d’arts, ce ne sont pas que des dessins ou de simples représentations, cela véhicule un message, c’est plus que décoratif, c’est vivant. J’ai une véritable passion pour les œuvres d’art et surtout pour les sculptures et j’en achète souvent, même si c’est parfois un peu cher, ça vaut le coup d’en posséder ». On voit là un amoureux de l’art, qui connaît la valeur de l’œuvre artistique et en achète.
Thierry H., lui, semble moins apprécier les œuvres d’arts. A la question de savoir ce qu’il pense des objets d’art, il répond « Ceux sont des objets qui servent à faire des décorations. Les dessins ne m’inspirent pas quelque chose de particulier, je trouve certains très bizarres de forme. En plus, la cherté des œuvres ne m’encouragent pas non plus et j’en achète très rarement. Pourquoi irais – je acheter des dessins qui ne représentent rien à mes yeux ? »
Il est clair, certains Béninois n’ont aucune culture de l’art ; l’absence d’école de formation, le manque de promotion et la cherté des œuvres, n’encouragent pas à la consommation. Une sensibilisation s’impose donc, et les autorités compétentes doivent se décider à jouer pleinement leur rôle.