Les télénovelas véhiculent des messages qui édifient ou éveillent la curiosité des enfants. Mais, ces feuilletons peuvent aussi être sources de déviances pour les adolescents de nos jours. Enquête :
Il est 20h30mn, l’heure des feuilletons a sonné. Dame Assogba et ses enfants sont assis devant le poste téléviseur, les yeux rivés sur l’écran. Le générique de Rosario donne le ton. « Voici Rosario, aussi belle que dangereuse », quelle femme n’a jamais rêvé de faire tourner les têtes ? Quel homme peut rester indifférent devant une femme splendide ? », laisse entendre dame Assogba pour qui les télénovelas sont une occasion de s’évader, eu égard aux difficultés quotidiennes. Pour Ange, élève en classe de terminale « après une pleine journée de travail, je me décompresse durant ce laps de temps que durent les feuilletons ». Pour certains, les télénovelas n’ont pas que d’effets pervers. Ces feuilletons contribueraient à l’épanouissement des jeunes. Pour Bella, étudiante en deuxième année de management des ressources humaines, « les télénovelas déstressent. Contrairement à ce que racontent certaines personnes, les feuilletons n’ont pas que d’impacts négatifs sur les adolescents. Mais, il ne faut pas en abuser et savoir faire un meilleur usage des images et paroles que véhiculent ces feuilletons ». Abondant dans le même sens, Benon Monra Abdoulaye, docteur (Ph-d) en sociologie du développement et enseignant-chercheur à l’Uac /Bénin, a distingué la double facette des télé novelas. « Les télénovelas sont des couteaux à double tranchant en ce sens qu’elles ont une influence positive comme négative sur les jeunes. Parlant d’influence positive, les télénovelas véhiculent des messages qui édifient ou éveillent la curiosité des enfants », a-t-il ajouté. Pour lui, ces feuilletons sont comme un match de football. « C’est ce qui explique le fait que, lorsque les enfants sont devant l’écran d’un poste téléviseur, ils n’ont pas les mêmes perceptions et n’observent pas les mêmes choses. Cela dépend de l’éducation de base de l’enfant. Lorsqu’un enfant bien éduqué suit un feuilleton, il y a certaines parties des images qui ne l’intéressent pas. Il ne choisit que les images qui édifient la construction de sa personnalité. Par contre, il y a des enfants qui, lorsqu’ils regardent la télévision, ce sont les images insolites qui les intéressent », a-t-il fait savoir. Aussi, a-t-il affirmé, devant un feuilleton, la réaction d’un élève diffère de celle d’un étudiant. Pour lui, les enfants cherchent à exploiter et à copier dans le feuilleton l’image des choses déjà perçues. A l’en croire, tout est question du temps que les parents consacrent aux enfants. « Lorsque les parents n’ont jamais le temps, ils sont au travail, les enfants sont laissés à eux-mêmes, leur seule distraction reste et demeure la télévision. L’éducation que l’enfant a reçue entre 0 et 5 ans est très importante, car déjà à partir de 5 ans, l’enfant sait mettre en marche le poste téléviseur, donc suit les feuilletons et est susceptible de copier les images vues dans ces feuilletons. Nous avons des étudiants qui ont fait la recherche sur l’impact de la télévision sur l’éducation des enfants. Les résultats de cette recherche ont révélé que la télévision fait partie des maux qu’on vit de nos jours », a-t-il dit. Pour le sociologue, ce sont les images qui créent les comportements qu’on observe chez les adolescents de nos jours. Aujourd’hui, à cause de ces images qui sont diffusées sur les chaînes nationales et étrangères, le respect a déserté le forum.
N’incriminons pas les enfants
« Les feuilletons sapent l’éducation des enfants », s’est-il exprimé. Etant livrés à eux-mêmes, les enfants sont tout le temps devant le poste téléviseur. Ce sont les chaînes qui diffusent les films et feuilletons qui les intéressent. Tout est axé autour de la disponibilité des géniteurs. C’est ce qui explique les résultats catastrophiques des enfants aux différents examens, preuve que les feuilletons influencent le rendement scolaire des élèves. Il y a des feuilletons qui véhiculent de bons messages donc, contribuent à la formation de la personnalité de l’enfant. Certaines déviances qui s’observent chez les enfants de nos jours partent aussi des images qui sont véhiculées dans les feuilletons et les films. « On remarque de plus en plus que le langage télévisé est écrit dans le devoir des enfants. Les images télévisées se transposent aussi dans les comportements des enfants ». Il revient donc aux parents de canaliser les enfants en ce qui concerne les feuilletons et films qu’ils suivent sur les chaînes de télévision », a-t-il conclu.
