Le Conseil des ministres, réuni en séances extraordinaires les 29 et 30 septembre et les 1er et 2 octobre 2014, après un compte rendu du ministre de l’Agriculture, de l’élevage et de la pêche sur les appuis financiers l’Office National de Soutien des Revenus agricoles (Ons) et la Société nationale pour la promotion agricole (Sonapra), a décidé de vérifier la gestion desdits fonds. Une commission conduite par Joseph Tamègnon a été mise en place à cet effet. Mais, à y voir de près, Yayi est dans la logique d’un règlement de compte politique.
Yayi veut bondir ! « Le ministre de l’Agriculture de l’élevage et de la pêche a rendu compte au Conseil des ministres des appuis financiers à l’Ons et à la Sonapra dans le cadre des dernières campagnes agricoles. En examinant ce compte rendu, le Conseil des ministres a décidé de la mise en place par décret, d’un comité comprenant le Conseiller technique à l’économie du Président de la République, Monsieur Joseph Tamegnon, d’un Inspecteur général des finances désigné par le Ministre de l’économie, des finances et des programmes de dénationalisation et d’un Inspecteur d’Etat en vue de faire la lumière sur l’utilisation des ressources mises à la disposition de ces deux (02) structures ». C’est par cet extrait du compte rendu du Conseil des ministres que le chef de l’Etat a décidé du sort de Idrissou Bako et du Dg/Ons Pour ceux qui ne le savent pas, cette vérification n’a que des fondements de querelles politiques et, il faut retenir que Yayi cherche des occasions pour se séparer des deux directeurs généraux en question. Depuis toujours, Idrissou Bako et le Dg/Ons ont été membres du parti Uds de Sacca Lafia, affilié par la suite aux Fcbe. Mais avec la nouvelle position de ce dernier qui, à la tête du Cos-Lépi ne veut pas faire le jeu du pouvoir, on veut à tout prix finir avec ses alliés. La logique, actuellement, est d’extirper les partisans de l’Uds des Fcbe afin de les achever. Tout est parti de l’indépendance affichée de Sacca Lafia face à Yayi Boni et ses décisions politiques. Si cette fois-ci le président Lafia du Cos-Lépi a durci sa position contre le chef de l’Etat, c’est parce que ce dernier l’a dribblé à trois reprises. Selon nos informations, un poste ministériel a été promis à l’Uds pour le compte du récent remaniement. La présidence de la Haute autorité de l’audiovisuelle et de la communication (Haac) devait aussi revenir au même parti (un certain Orou Boum). Yayi aurait également pris l’engagement de lutter pour que le poste de vice-président du Conseil économique et social aille vers l’Uds (un certain Mama). Mais, rien de tout cela n’a été fait. L’Uds et ses responsables sont remontés et Yayi veut contre-attaquer.
L’actuel ministre de l’agriculture est en mission. Son premier objectif, c’est de faire partir Idrissou Bako de la Sonapra. Sa première descente au sein de cette société et les réactions qui s’en sont suivies sont illustratives. Mieux, des sources proches du Secrétariat général du gouvernement rassurent qu’une liste de formation de cabinet avait déjà été proposée par le ministre Issa Azizou et qui sortait Bako de cette société. Mais Yayi Boni s’y est opposé, faute d’arguments valables. Mais la logique étant la même, il a continué par chercher de poux sur la tête du chauve.
Séparation dangereuse et compromettante
Dans le système Yayi, Idrissou Bako a des soutiens et pas des moindres. Il sera difficile de faire partir ce Dg aussi facilement que les partisans de Yayi le pensent. D’abord, dans la Commune de Malanville actuellement, le plus grand soutien du chef de l’Etat c’est Idrissou Bako. Pour avoir chassé Fatouma Amadou Djibril au profit de Issa Azizou, le pouvoir a perdu une partie de son soutien (puisque de Kandi, cette dame avait des branches loin). Si Yayi se sépare de Bako en cette veille de la fin de mandat, il se verra lié, poings et mains, à Nassirou Arifari Bako, ministre des affaires étrangères (qui n’est pas du tout un soutien pour la mouvance) et Issa Azizou de l’agriculture (un poids léger politique aussi). Dans cette affaire, Yayi oublie que les deux ministres en veulent au Dg/Sonapra qui, aujourd’hui, est comme un ‘’bébé léopard devant un babouin’’ (pour ceux qui ne maîtrisent pas l’histoire, le léopard est le premier ennui du babouin. Et quand le babouin voit le bébé léopard, il se dit qu’il y a danger et l’extermine nécessairement). Actuellement, si quelqu’un doit remplacer Nassirou Bako au gouvernement, c’est Idrissou Bako (et donc, la menace). Le député Rachidi Gbadamassi a déjà compris tout cela, surtout le danger de 2015 qui menace Yayi dans les régions de Malanville et Kandi s’il se séparait de Idrissou Bako. Selon nos sources, une lettre du député a été adressée au chef de l’Etat à cet effet pour l’éclairer et l’avertir du risque politique qu’il y a à faire débarquer le Dg/Sonapra de si tôt.