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Le Matinal N° 4449 du 8/10/2014

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Mairie de Cotonou:Le conseiller municipal kinkpé fustige la gestion de Léhady Soglo
Publié le mercredi 8 octobre 2014   |  Le Matinal


Le
© Autre presse par DR
Le Premier Adjoint au Maire de Cotonou, Léhady Vinagnon SOGLO


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Ingénieur et Conseiller municipal à la Mairie de Cotonou, Kakpo Kinkpé dénonce sur l’émission « Ma part de vérité » de Golfe Tv, des faits qu’il qualifie d’irrégularités et de malversations à la Mairie de Cotonou. Selon lui, le budget 2015 en cours d’élaboration ne doit pas être autorisé par le ministre de l’Economie. Il accuse la Mairie de brader des parcelles, et de ne pas vraiment investir dans le nettoyage de la ville.
Golfe Tv : Douze ans déjà que la Décentralisation est en cours au Bénin. A l’opposé de ce que l’on observe dans d’autres pays, la ville phare du Bénin ne semble pas avoir pris son envol. Les projets élaborés laissent parfois à désirer.


Vraisemblablement, les populations de la ville de Cotonou restent toujours sur leur faim. On se demande si Cotonou n’est pas la ville la plus insalubre de l’Afrique. C’est dans ce contexte que la Mairie vient d’élaborer son budget 2015. Vous n’êtes pas d’accord avec ce budget. Est-ce que vous avez marqué votre désapprobation ?

Gilbert Capko Kinkpé : Il fut un moment où je n’assistais plus aux conseils municipaux, pour des raisons qui me sont propres. J’ai été élu depuis 2008 comme conseiller municipal du 12è arrondissement sur la liste Fcbe. Toutes les fois que j’ai assisté aux conseils en 2010, on m’a demandé quand le président de la République que je soutiens s’en va . La dernière fois que Lehady Soglo m’a posé la question, je lui ai répondu que Yayi Boni a déjà tout arrangé, mais il a laissé deux choses, la Bible, c’est-à-dire Dieu et le dictionnaire, c’est-à-dire l’intelligence. Or, le lendemain des élections, ceux qui me reprochaient mon soutien au Chef de l’Etat, ont commencé par dire partout, qu’ils étaient de la mouvance. Je ressemble un peu à mon père qui est un militaire. Je suis égal à moi-même. Je me suis dit que je ne peux plus continuer à faire chemin avec ces gens-là. C’est pourquoi je suis parti. Trop, c’est trop.

C’est pourquoi vous avez déserté le conseil ?

Je n’ai besoin de rien. Je peux délayer du gari. Ma famille aussi peut délayer du gari. J’ai repris et j’ai assisté au conseil du 30 septembre 2014. J’étais parti spécialement pour le vote du budget, parce que l’argent que la Mairie utilise, c’est l’argent de tous les Béninois. Ils sont partis jusqu’à 12, 980 milliards de francs Cfa. Avant, c’était 15 milliards de francs. Ils connaissaient ma position. J’ai rejeté le budget. Comme une seule hirondelle ne peut pas faire le printemps, un confrère a aussi rejeté le budget. Nous étions quand même en minorité. Le budget a été voté, c’est inadmissible. On ne peut pas continuer à accepter le gâchis et le désordre.

Vous êtes donc un rebelle, parce que pratiquement tout le monde a voté ce budget .
J’ai posé des questions auxquelles je n’ai pas eu de réponses de la part de l’ordonnateur du budget, Léhady Soglo. Par exemple, il y a une rubrique, désensablement manuel sur fond Fadec de plus de 34 millions de francs Cfa. Ils ont parlé de l’assurance. Depuis 2008, je n’ai été assuré que pendant une seule année. Normalement, tous les conseillers municipaux doivent être assurés, ainsi que leurs familles. C’est de la tricherie, ce qui se passe à la Mairie de Cotonou.

Vous avancez des choses suffisamment graves. Est-ce que vous êtes prêts à un débat contradictoire ?

Je suis prêt à participer à un débat contradictoire avec le premier adjoint, qui est l’ordonnateur du budget. Je suis fortement soutenu par ma base. Un autre exemple qui confirme le désordre actuel à la Mairie de Cotonou, c’est par rapport aux carburants et lubrifiants. On ne m’a pas donné de réponse. J’ai été chahuté. C’est ahurissant. En quatrième année, on fait l’économie monétaire, c’est du bluff. Mais j’ai fait table rase. J’ai posé une seconde question : ils ont mis personnel DPM 808 577 millions. J’ai posé des questions concernant tout ça. Je suis gêné. Ma base m’a dit, si ce qui se passe à la Mairie, tu ne vas pas dénoncer, la prochaine fois nous allons te sanctionner. Rubrique ‘’relations publiques’’, ils ont mis 151, 200 millions de francs. Entre nous, quelle publicité la mairie fait pour mettre une telle somme. Vous êtes journaliste, vous pouvez vous poser la question. Plus grave, il y a des sous réservés à la correction de la Lépi, près de 124 millions. Mais c’est trop facile. On ne peut pas voler comme cela ! C’est pour tout cela que j’ai rejeté le budget. Ils ont mis ‘’matériels automobiles’’, 300 millions ; nouvelle dotation pour acquisition de camions pour la DST, 400 millions. Je ne suis pas venu ici au nom d’un parti politique. Je ne suis pas venu au nom de l’alliance Fcbe. Je suis venu en tant que conseiller municipal et conseiller local. Avant, avec 3 milliards, la ville est propre, et aujourd’hui on va jusqu’à 15 000 milliards, sans résultats.

Avec tout cela, vous estimez que vous n’avez pas été entendu ?
La municipalité de Cotonou, comme l’Assemblée nationale, est un haut lieu de la politique. On est en politique. Je suis en minorité, c’est pour cela que ma voix ne passe pas. Est-ce que c’est comme ça qu’une équipe dynamique doit travailler ? Face à tout cela, je me sens gêné extrêmement gêné. C’est pour cela, que je suis venu crier mon ras-le-bol. C’est inadmissible ce qui ce passe à la Mairie de Cotonou. Je suis très fâché. Je demande au ministre de l’Economie et des finances de ne pas valider ce budget. Ce budget-là ne doit pas passer

Est-ce que vous ne voyez pas que vous allez un peu trop loin ? A l’époque de la circonscription urbaine de Cotonou, vous disiez que 3 milliards suffisaient pour rendre la ville de Cotonou propre ?

On ne peut pas voir la vérité et passer à côté. Depuis 12 ans le budget moyen de la Mairie n’est jamais inférieur à 10 milliards. Ce n’est jamais inférieur à 10 milliards. Et pourtant, la ville est insalubre. A l’époque, il y avait une gestion saine. Aujourd’hui, on gaspille l’argent de l’État. Il n’y a pas de suivi.

Qu’est ce que vous pensez de la stratégie de la Mairie, par rapport à l’inondation ? Cotonou, selon ce qui se dit, est en dessous de mer, c’est pourquoi, il y a inondation.
C’est faux ! Par rapport à Cotonou, la Hollande est nettement en dessous de la mer, mais il n’y a jamais eu d’inondation en Hollande, ni au Bangladesh. C’est de la mauvaise gestion. La météo vous a dit que demain il va pleuvoir. Il faut prendre des précautions pour que vos affaires ne soient pas mouillées. Vous allez chez moi au calvaire, le couloir de caniveau a été vendu. On y a érigé, un R+1. C’est la loi du plus fort. Vous pouvez aller filmer maintenant. Dans les pays où il y a respect de la loi, cela devrait être démoli depuis. Tout cela se fait en complicité avec la Mairie.

Est-ce que Monsieur Kakpo Kinkpé, vous avez les preuves de ce que vous dites ?
J’ai la copie de tous les documents. Quand le président de la République, Nicéphore Soglo dirigeait les conseils, ce n’était pas comme cela. C’est un monsieur exemplaire que je respecte beaucoup. Si les gens de la Mairie exigent un débat contradictoire je suis prêt à participer sur toutes les chaînes. Les gens n’aiment pas qu’on dise la vérité. Prenez la voie d’Agla. On vous avait dit que le pavage de la voie va coûter 3 milliards de francs. Ils ont déjà décaissé 600 000. Mais, est ce que le travail a été fait ? Le temps des rois est révolu. Les gens s’amusent avec la gestion de l’argent du pays. J’accuse les députés. On ne sait pas par quelle alchimie l’Assemblée a prorogé le mandat des conseillers. Dans la sous-région, lorsque le mandat des maires arrive à expiration, on confie la gestion aux Secrétaires généraux de la Mairie. Chez nous, depuis deux ans, ce sont ces maires qui gèrent. Ils en profitent pour faire n’importe quoi. Ce n’est pas normal. Je profite de votre caméra, pour dénoncer d’autres anomalies. Toujours dans le 12è, mais cette fois-ci à la Haie vive. Il y a une rue barrée par une construction. Depuis bientôt deux ans, la Mairie est venue, et c’est écrit à démolir. Mais, ils n’ont rien fait. On a fermé la voie, et on a vendu à une tierce personne. C’est ce qui se passe dans la ville de Cotonou et personne n’ose en parler. La mairie ne se donne pas les moyens de démolir tout de suite. C’est leur péché mignon. Derrière l’aéroport, derrière Erévan, en bordure de la mer, la Mairie a morcelé et vendu des domaines de l’Etat à 2 ou 3 millions. Aujourd’hui le projet Route des pêches est bloqué. Un projet déjà financé par la Boad. C’est de la tricherie et ils sont champions. Ils vont mettre outre l’interdiction formelle du ministre de la Décentralisation, Isidore Gnonlonfoun. On procède même a des morcellements de réserves administratives. Or, ces réserves administratives doivent servir à la construction d’infrastructures socio- communautaires. Ils ont morcelé et ils ont vendu à des tierces personnes. Ça ne se passera pas comme cela. Je vous jure, ça ne se passera pas. Nous allons lutter. Si quelqu’un se hasarde à acheter dans le 12e arrondissement, nous allons démolir.

Revenons au problème de l’inondation. Pourquoi la Mairie attend cette période pour lancer les travaux ? Pourquoi ne pas les lancer avant.
Il faut toujours prévoir. L’argent de l’État est en fait gaspillé et on demande encore d’autre. Lorsque le fleuve Niger est sorti de son lit en 2010, tout Cotonou était inondé. Maintenant le fleuve Niger vient encore de sortir de son lit, et d’ici quelques semaines, tout Cotonou sera encore inondé. Qu’a fait la Mairie, qu’est-ce qu’ils ont fait en 2010 lorsqu’il y a eu inondation ? C’est l’Etat central qui est venu au secours.

Votre cheval de bataille, c’est le dragage de sable dans la ville de Cotonou. Vous êtes tout à fait contre.
C’est un acte barbare. C’est un crime contre l’humanité. J’ai été au Brésil en 2000, il y a eu effondrement de 700 000, en raison du dragage sauvage. A Abidjan, à l’époque de Gbagbo, c’est pareil. Ici, en pleine agglomération, c’est autorisé. On autorise le dragage industriel dans une agglomération. La loi-cadre autorise seulement le dragage touristique, pour les recherches minières, le pétrole, le phosphate .On peut autoriser cela. A cause des intérêts, la Mairie a accordé une autorisation pour cela. Si cela continue, d’ici là, une partie de Cotonou va s’effondrer.


Transcription : Wilfrid Noubadan

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