La représentante résidente de l’UNFPA en Guinée, Edwige Domingo Adékambi a animé, lundi 6 octobre dernier à Cotonou, un exposé-débat sur le thème : « Ebola : Quel impact sur le développement?» Cette séance a pour objectif de minimiser la peur qui fait paniquer les populations des trois pays les plus touchés en Afrique.
Par Désiré GBODOUGBE
Le simple fait d’entendre parler du virus d’Ebola fait peur à toutes les couches de la société. Et cela est d’autant plus vrai quand on sait que la maladie à virus Ebola a fait plus de ravages que toutes les épidémies connues en Afrique. La peur qu’elle engendre décourage et ne permet plus aux populations de mener convenablement leurs activités. Ce découragement peut se justifier par les nombreux impacts qu’a causés cette maladie en quelques mois en Afrique. La représentante de l’UNFPA en Guinée, Edwige Domingo Adékambi, a organisé lundi dernier une causerie-débat sur le thème «Ebola : Quel impact sur le développement?»Pour Edwige Domingo Adékambi, la maladie à virus Ebola a des impacts dans plusieurs secteurs. «Ebola a un impact économique très catastrophique». Des milliers de dollars ont été injectés dans le changement de comportement au Liberia, en Sierra Leone et en Guinée, en raison principalement du facteur peur liée au virus de fièvre hémorragique qui paralyse toutes les activités, note la conférencière. Les effets de la crise sanitaire sont déjà manifestes en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone, les trois pays qui comptent le plus grand nombre de cas d’infections. Les premières estimations suggèrent, souligne Edwige Domingo Adékambi, que la croissance économique en Guinée diminuera de moitié passant de 4,5 % à 2,4 % du fait de l’épidémie. La Sierra Leone qui était en voie d’atteindre le statut de pays à revenu intermédiaire avec un taux de croissance annuel de 11,3 %, pourrait voir sa croissance chuter à 8 % en 2014, puis fondre à 0 % en 2015. L’économie du pays a été très gravement affectée par les restrictions sur les déplacements internationaux, la fermeture des marchés, la perturbation des activités agricoles et le ralentissement de l’activité minière en raison du départ des travailleurs étrangers craignant de contracter la maladie, fait-elle remarquer.
Libéria, le pays le plus touché
Le Liberia est actuellement le pays le plus touché par l’épidémie de fièvre Ebola. Le virus s’est rapidement propagé, le taux d’infection est en forte hausse et le nombre des décès ne cesse d’augmenter. Si l’épidémie n’est pas rapidement endiguée, le Liberia pourrait connaître une croissance négative en 2015, suite à la fermeture de l’une des deux plus importantes compagnies minières et de la perturbation des activités agricoles du pays. Si rien n’est fait dans les trois pays les plus durement affectés, dira-t-elle, son impact économique pourrait être multiplié par huit, infligeant un choc catastrophique à des Etats déjà fragiles. Rappelant les calculs de la Banque mondiale, elle ajoute que le produit intérieur brut cumulé du Liberia, de Guinée et de la Sierra Leone pourrait être amputé de 359 millions de dollars en 2014 et de 809 millions en 2015 si l'épidémie n'est pas contenue.Elle explique que l'impact économique le plus important de la crise ne résulte pas de ses coûts directs comme la mortalité, la morbidité, les soins de santé, les pertes des jours de travail, mais d'une réaction de panique alimentée par la peur de la contagion. L’épidémie d’Ebola qui sévit en Afrique de l’Ouest a fait près de 3000 victimes depuis janvier 2014. Outre ces décès, la maladie a de graves conséquences économiques pour les ménages et les États. La fermeture des frontières et l’abandon des fermes provoquent une hausse des prix des denrées alimentaires et la faim commence à affecter de nombreuses communautés rurales. Les dépenses d’urgence consacrées aux services de santé grèvent les budgets de gouvernements déjà à court de liquidités, conclut la conférencière.