La polémique de plus. Celle déclenchée par le président de la Cour suprême, Ousmane Batoko, à propos des municipales, au nom du collectif des présidents d’institution. Un collectif bien particulier lorsqu’on sait que le président de l’Assemblée nationale n’y était pas ; le syndicaliste Pascal Todjinou a déclaré sur les ondes que celui de la Cour constitutionnelle n’y était non plus. Voilà que la présidence de la République, initiatrice de la fameuse concertation se désolidarise de ce qu’en a dit le prétendu porte-parole de l’assistance puisque le gouvernement persiste toujours dans sa volonté de vouloir faire organiser les municipales avant la fin d’année 2014. Le Cos/Lépi, par son porte-parole en rajoute une couche dans le concert des réprobations. Ahouanvoebla de rappeler au président de la Cour suprême pourtant juge du contentieux électoral pour les municipales que la recherche de solution à une impasse sur le ficher des électeurs relève de la politique et non de la technique et du juridique comme l’a insinué le conseiller spécial du chef de l’Etat, Amos Elègbè sur des chaînes de télévision. Comprenne qui pourra dans ce méli-mélo.
Batoko devrait quand même savoir qu’il est révolu l’époque où le parti dirigeait l’Etat avec à sa tête un grand camarade de lutte dont les désirs s’imposaient aux petits camarades du comité central. La conférence nationale a ouvert l’ère du multipartisme intégral. Pour faire aboutir la volonté du gouvernement de tenir le scrutin municipal en 2014, il convenait d’entamer une large consultation des partis politiques en premier. Aux institutions ensuite de se pencher sur la manière de traduire le compromis ainsi obtenu par la classe politique dans les faits. C’est d’ailleurs à juste titre que Ahouanvoebla déclarait que seul le parlement est en mesure de raccourcir des délais légaux conformément à un éventuel accord politique global. Ainsi ce que Batoko et sa Cour suprême ne peuvent faire, le parlement peut bien le réaliser grâce au dialogue politique.
Le moment est venu donc de s’interroger sur la nature de la mouche qui a piqué le président de la Cour suprême. Surtout que le scénario déroulé sur les ondes le 06 octobre 2014, depuis la Marina, ressemble fort à une adresse à la nation au sujet de l’impossibilité d’organiser les municipales avant fin décembre 2014 alors que l’orateur ne dispose d’aucun mandat populaire l’autorisant à un contact direct et solennel avec le peuple. Une sortie médiatique aux relents d’un dol puisqu’à l’arrivée aucune des institutions prioritairement concernées ne se retrouve dans les propos diffusés, à commencer par le gouvernement initiateur de la rencontre. Dans ces conditions, affirmer que les élections ne peuvent se tenir en 2014 alors que la classe politique peut bel et bien réaliser un compromis à ce sujet est plus qu’une simple erreur de communication. Il s’agit d’une faute dont la gravité est à la mesure des enjeux de ces élections vis-à-vis de la démocratie et de la paix sociale.
C’est une ombre qui est ainsi jetée sur la neutralité du juge du contentieux électoral puisque ce dernier a déjà validé le report du scrutin avant même que les acteurs du processus ne lui défèrent le sujet officiellement. A supposer même que les acteurs politiques parviennent à obtenir du parlement un réaménagement du calendrier électoral de sorte à se conformer aux vœux présidentiels. Tout citoyen désireux de faire retarder l’échéance sait qu’en saisissant la Cour suprême d’un certain Batoko, il est certain de parvenir à ses fins. Si ce n’est de la trahison d’un serment cela y ressemble étrangement. Dans ce cas, il faudrait que l’auteur en paye le prix.
À faute lourde sanction exemplaire ....