Il est connu de tous les Béninois que le chef de l’Etat a et continue de réaffirmer son engagement à faire tenir les élections communales, municipales et locales pour, au plus tard, la fin de cette année 2014. Cette proclamation tambour battant de Yayi Boni n’est en réalité qu’un effet d’annonce dont est coutumier l’intéressé et qui n’a rien à voir avec l’intime conviction du boulanger de Tchaourou qui s’active chaque jour à rouler tous ses compatriotes dans la farine. Cette rigolade du chef de l’Etat s’inscrit dans un plan savamment orchestré qu’il déploie au gré de son timing. En voici les preuves.
Tout calcul fait, les élections communales, municipales et locales, Yayi Boni ne veut pas les faire tenir avant qu’il n’ait à sa solde la prochaine Assemblée nationale qui prendra fonction, le 15 mai 2015. Que personne ne se laisse aller croire aux déclarations du chef de l’Etat qui annonce, à hue et à dia, qu’il veut que les élections à la base se tiennent avant la fin de cette année 2014 parce qu’elles devraient avoir lieu depuis juin 2013. Mais, comme le peuple béninois le sait, par des subterfuges de mauvais alois, le chef de l’Etat, avec le concours de ses députés godillots, a fait proroger, en juin 2013, les mandats des maires et conseillers communaux acquis à sa cause dans nos Mairies. Puis, il s’est mis à distraire le peuple par des annonces du genre, les élections auront lieu enfin avant le terme de l’année 2014. Il l’a même promis de façon solennelle au cours de son discours sur l’état de la Nation, le 31 juillet 2014, à la veille de la célébration du 54ème anniversaire de l’accession à la souveraineté internationale du Bénin. Puis, croyant envoyer son analgésique dans le peuple pour l’endormir progressivement, il déroule son « plan Takacool » qui consiste à enculer sans vaseline le corps électoral afin d’atteindre son objectif de confiscation du pouvoir pour sa personne. Pour y parvenir, il s’est mis dans la logique de créer une impasse dans la correction de la Liste électorale permanente informatisée (Lépi). Pour ce faire, exprès, Yayi Boni retarde le financement du processus de correction de la Lépi et met à contribution des sbires au sein du Cos/Lépi pour lui suivre tout de près. Si non, à plusieurs reprises, le député Sacca Lafia, président du Comité d’orientation et de supervision de la Lépi (Cos/Lépi) est monté au créneau pour réclamer des ressources financières pour accélérer le processus de correction de l’outil électoral que par l’une de ses décisions, la Cour constitutionnelle a déclaré indispensable et insurmontable pour la tenue de quelque élection au Bénin. Puis, comme l’impasse s’est enfin installée telle qu’elle n’a été prévue par les agissements de son gouvernement à être réticent pour la liquidation des fonds au Cos/Lépi, Yayi Boni sort une stratégie de son plan en convoquant, au Palais de la Présidence, les présidents des institutions de la République avec ceux des instances devant contribuer aux élections. Le verdict concocté et sorti de cette concertation, à l’irrégulier, est connu du peuple béninois, de la bouche de l’homme à la tignasse et qui officie à Porto-Novo au quartier Adjina. En effet, nous étions le lundi 06 octobre dernier lorsque, ahurie, le peuple béninois apprend qu’à l’issue de cette concertation, les élections tant attendues par les populations ne pourront plus se tenir avant la fin de l’année 2014.
La moquerie
présidentielle !
Auparavant, pour rester coller à la logique de son plan de distraction du peuple, lorsque le président du Cos/Lépi annonce et donne un ultimatum au-delà duquel, il ne pourra plus être responsable de la non-mise à la disposition de la Céna d’une Lépi corrigée pour la tenue des élections, Yayi Boni enfonce le clou en envoyant une mission d’audit au Cos/Lépi dans le seul dessein de retarder davantage les travaux de Sacca Lafia et compagnie. Des ministres sont envoyés dans le pays pour faire croire au peuple qu’on gère mal l’argent du contribuable au Cos/Lépi. Mais, à la fin de cette mission d’audit, on a rien appris d’anormal à Agblangandan, siège du Cos/Lépi. Ce que l’on sait, c’est que rapidement, le gouvernement a débloqué, dans la foulée, au détour d’un Conseil des ministres, une somme de 2 milliards de F.Cfa au profit du Cos/Lépi et de 500 millions de F.Cfa pour la Céna.
Nous en étions là lorsqu’au lendemain de l’annonce, pour la moins surannée, par Ousmane Batoko, président de la Cour suprême, Yayi Boni et son gouvernement se sont retrouvés encore en Conseil des ministres pour exiger que les élections communales, municipales et locales se tiennent avant la fin de 2014. Que se passe t-il ? Se sont interrogés les observateurs et analystes de la vie politique du Bénin. Le moins qu’on puisse retenir, Ousmane Batoko a été couvert de honte par Yayi Boni qui, un jour plus tôt, l’avait instrumentalisé pour annoncer le fruit de sa réflexion de la veille pour brouiller l’horizon électoral du Bénin. C’est donc une succession de moqueries présidentielles qui s’installe de jour en jour dans le pays à la satisfaction cachée d’un chef d’Etat décidé à confisquer, coûte que coûte, le pouvoir pour n’assouvir que sa seule soif morbide du pouvoir. Pour atteindre ce vil dessein, tous les ingrédients, même les plus indignes et irraisonnés sont utilisés. Comment comprendre que l’on ait annoncé que, pour des contraintes technologiques, techniques, constitutionnelles et légales, on ne peut faire organiser des élections que leur Cour constitutionnelle a décidées ne pouvant avoir lieu sans Lépi pour qu’après, on demande expressément que ces élections aient lieu avant la fin d’année 2014 ? Et, pour faire croire qu’on est de bonne foi, on demande à l’Assemblée nationale de voter des lois dérogatoires pour contourner les exigences légales pour faire tenir les élections. Quel faux fuyant ! C’est le lièvre qui sait qu’il ne peut avoir accès au champ de carottes qui vient de brûler mais, claironne que la carotte est ce champ-là qu’il mangera ce soir avant de dormir. Une illusion à laquelle Yayi Boni lui-même n’a aucune foi. Mais, il n’a qu’un objectif : faire croire à l’opinion nationale et internationale et surtout aux Ptf qu’il est animé de bonne foi. Mais qu’au finish, ce n’est pas de son fait si les élections n’ont pas eu lieu.
« Godillotisation »
de députés en vue
En réalité, le plan de Yayi Boni, c’est de rester absolument au pouvoir après le 06 avril 2016. C’est ce que confirme leur slogan actuel : « Après nous, c’est nous ». C’est ainsi, qu’avec le concours des politiques qui n’ont leur salut qu’à l’évocation du nom Yayi Boni, ce dernier s’active à tout faire pour que les législatives de 2015 se tiennent avant les communales, municipales et locales. La raison est tout simple. Souvenons-nous, qu’actuellement Yayi Boni a en place, sur toute l’étendu du territoire national, l’arsenal politique qui lui a servi à obtenir le K.O. électoral de 2011 de triste mémoire. Cette force de guerre électorale se trouve dans les 60 Mairies sous le joug des Fcbe sur les 77 que compte le Bénin. En plus, à en croire son Conseiller spécial en politique, Amos Elègbé, Yayi Boni et ses Fcbe disposent de 14.000 conseillers communaux qui ont œuvré pour le K.O. de 2011. Alors, pour rééditer l’exploit d’un prochain hold-up électoral comme l’a annoncé le député Egoun-goun de Parakou au cours d’un meeting politique à la gloire du buffle de Tchaourou, Yayi Boni a besoin de maintenir en poste ces maires et conseillers communaux pour qu’ils l’aident à confisquer le pouvoir après 2016. La stratégie, c’est de s’appuyer sur ces autorités à la base et actuellement acquises, à sa cause pour ratisser large lors des législatives de 2015 en vue d’avoir une majorité de députés à transformer en godillots pour pouvoir triturer à volonté la Constitution béninoise. Ce plan réussi, Yayi Boni et compagnie pourront arguer, de cette révision constitutionnelle, qu’une nouvelle République est créée au terme du tripatouillage de la loi fondamentale. Somme toute, ces annonces intempestives de vouloir faire organiser les élections avant la fin de l’année 2014 n’est qu’un leurre que Yayi Boni agite furtivement sans grande conviction. Il roule une fois encore le peuple béninois dans la farine comme il en a l’habitude pour atteindre ses desseins souvent pas en concordance avec les acquis démocratiques de la Conférence des forces vives de la nation de février 1990. Il faudra donc que les politiques se réveillent pour barrer la voie à toute forfaiture qui se prépare à dose homéopathique par le camp Yayi Boni. Un des leurs n’a-t-il pas récemment donné sa tête à couper si la Lépi était prête à la date du 30 novembre prochain ? Puis, que nous a-ton annoncé après, par la bouche de la tête à la tignasse de Porto-Novo ?
Vigilance !
Car, toute la stratégie du pouvoir repose sur deux plans. Le plan A, c’est pour tenir les communales, municipales et locales après les législatives. Raté ce coup, ils vont opter pour le couplage qui se déroulera dans un cafouillage inouï permettant aux juges du contentieux de déclarer la majorité mécanique. Si on annule vos suffrages et on vous déclare non élus, que pourrez-vous devant les « institutions » de la République qui auraient ainsi parlé ? Demandez à Nicéphore Soglo de vous répondre, lorsque la Cour constitutionnelle présidée par dame Elisabeth Pognon avait annulé plus de 400.000 voix de ses suffrages en 1996 pour déclarer Mathieu Kérékou élu.