Alors que le souvenir tragique des policiers tués dans les braquages à Cotonou en mai et juin 2014 commençait à peine à s’estomper, on découvre que la série noire continue au sein de l’Institution policière. Pis, elle a été touchée au cœur. L’Unité la plus redoutée de la Police, Raid vient d’être victime d’une attaque meurtrière sans précédent. Que reste-t-il de sa réputation légendaire ?
La Police a été une fois encore foudroyée. Trois morts dont deux dissimilées par la Police elle-même, un blessé grave, des armes emportées. C’est l’une des rares fois que la Police nationale perd autant d’hommes et de moyens au cours d’un seul braquage. Aussi, incompréhensible que cela puisse paraître, c’est l’unité spécialisée, Raid, la plus redoutée de la Police qui vient d’essuyer ces pertes. Cette force qu’on croyait plus aguerrie que les autres unités est dépassée par les évènements d’hier au quartier Jéricho à Cotonou. Si cela a pu être possible avec cette unité, qu’en sera-t-il des autres qu’on a souvent jugées moins professionnelles, peu audacieuses, pas souvent efficaces face à des situations difficiles ? L’image des policiers gisant dans le sang avec plusieurs balles reçues à la tête ne date pas d’aujourd’hui. Les braquages sanglants de Mènontin en mai dernier et du passage supérieur de l’Eglise Notre dame à Ganhi à Cotonou, le 7 juin 2014 avec à la clef, deux policiers froidement abattus, ont montré toute la fragilité de l’Institution policière. Cette fragilité se révèle un peu plus et met sérieusement en cause les méthodes et les moyens qu’emploie la Police nationale face à de préoccupantes questions d’insécurité. Les derniers face-à-face entre policiers et malfrats ont souvent tourné à l’avantage des hors-la-loi, qui ont la gâchette facile et opèrent sans aucune pitié. Leur mode d’action qui semble être le même partout, c’est-à-dire de Mènontin à Jéricho en passant par l’avenue Mgr Steinmetz, il se pourrait que ce soit le même réseau qui agit. Aucune enquête officielle n’a encore donné des indices dans ce sens, mais en rassemblant des éléments, il est permis de croire qu’il en soit ainsi. Les deux premiers cas de braquage qui illustrent non seulement la sauvagerie des malfrats, mais aussi l’impréparation des agents de la Police, devraient être étudiés de fond en comble pour qu’en cas de riposte, les flics soient à la hauteur de l’attaque.
Raid raidit !
Baptisée, Raid, sa mission se résume en ceci : Recherche, assistance, intervention et dissuasion. Quand elle a été créée, sa mission était visible avec de nombreuses prouesses. On se souvient encore des opérations Takon, Dantokpa, Kétou etc. En son temps, les policiers n’étaient mués que par le souci de servir dignement, loyalement et avec dévouement. Ces atouts qui faisaient leurs forces leur font défaut aujourd’hui. Cela a accéléré la fragilisation de cette unité et encouragé la progression continue de l’insécurité. Ainsi, les malfrats se retrouvent renforcés dans leurs sales besognes. Jusque-là, les stratèges de la sécurité avec à leur tête le Directeur général de la Police nationale, Louis-Philippe Houndégnon, un ancien artificier des Raid, qui a tiré l’essentiel de sa réputation de son passage au sein de cette unité, n’ont pas encore correctement réfléchi aux moyens qu’il faut pour contrecarrer ces attaques. Ils estiment que la solution, c’est de fournir des hommes à l’Institution, alors qu’ils n’arrivent pas à garantir la sécurité aux maigres ressources humaines dont ils disposent. Fournir plus d’éléments à la Police sans renforcer la formation et les moyens d’intervention, s’apparente à une politique aveugle et irréfléchie qui encouragera les actions des malfrats de grand chemin. Parmi toutes les erreurs commises par les autorités centrales avec leurs « béni oui oui » à la tête des institutions en charge de maintien de l’ordre, c’est leur incapacité à assurer la sécurité aux populations qui constitue la principale source d’inquiétude. Tout le monde, y compris les policiers, a peur aujourd’hui des bandits. Il revient d’inverser cette tendance.