Le domicile du roi de Pehunco, sa majesté Sinagonrigui Kpéssorou, ainsi que ceux de huit autres personnes désignées par le marabout Alpha Iliassoum comme étant des sorciers ont été saccagés et incendiés hier mardi par une foule en furie, armée de fusils artisanaux et autres armes de guerre.
Les échauffourées ont commencé après l’arrestation du marabout perçu comme un messie par la population. Depuis quelques semaines, Alpha Iliassoum, soutenu par une frange de la population, fait de troublantes révélations. Il a, notamment, désigné un certain nombre de personnes qui se seraient enrichies au détriment de la population en pratiquant la sorcellerie.
Lors d’une séance de détection de ces présumés sorciers, le roi Kpessourou aurait dénoncé cette façon de faire qui n’est conforme à aucune loi en vigueur au Bénin. Sur le champ, il a été menacé de mort et accusé de sorcier par les participants. Le roi s’est donc retiré dans son palais qui sera attaqué quelques jours plus tard.
Les principales rues de Pehunco portent encore les stigmates des affrontements entre forces de l’ordre et manifestants. On dénombre 4 morts et plusieurs blessés graves.
La délégation préfectorale accompagnée d’un fort détachement des forces de l’ordre s’est rendu mardi soir au domicile du monarque. Elle a été accueillie par des ruines encore fumantes. Chambres, voitures, tracteurs et autres biens n’ont pas échappé à la furie des émeutiers et des pillards. Le monarque a été difficilement extirpé par les forces de l’ordre lors de l’attaque et convoyé vers la ville voisine de Djougou. Sa famille, entre-temps, refugiée à la brigade de gendarmerie de la localité a été, elle aussi, convoyée à Natitingou.
Sur place, les différentes sections des forces de sécurité ont levé les barrages érigés par les manifestants et se sont organisées pour assurer le maintien de l’ordre en attendant l’arrivée dans quelques heures des ministres de la Défense et de la Sécurité publique.
Très remonté contre ces actes de vandalisme, le préfet Gervais N’Dah Sékou a expliqué que la militarisation de la ville s’impose pour sécuriser les personnes et les biens. « Ce qui est arrivé à Pehunco relève de l’irrationnel et prouve que les populations n’ont pas encore compris le fonctionnement des sociétés modernes », a fait remarquer l’autorité préfectorale avant de mettre en garde les éventuels fauteurs de trouble.