La journée du mardi 14 octobre 2014 restera certainement dans la mémoire collective des Béninois comme une journée de meurtres. Pendant qu’une affaire de sorcellerie engendre des cas de décès dans la commune de Ouassa-Péhunco, à Cotonou dans le département du Littoral, ce sont les braqueurs qui sème la terreur et occasionnent des morts, aussi bien du côté des populations que des forces de l’ordre.
Deux morts à Ouassa-Péhunco, une Commune du département de l’Atacora, suite à des affrontements résultant d’une affaire de sorcellerie. Un homme et un policier tués à Jéricho, à Cotonou, à la suite d’un braquage. C’est le bilan officiel de la journée du mardi 14 octobre 2014 à Ouassa-Péhunco et à Cotonou. Mais, à l’opposé de ces informations officielles, selon différents reporters, au moins trois policiers sur le terrain de combat à Jéricho se seraient retrouvés inertes. En absence d’un diagnostic médical, les profanes parlent d’au moins trois policiers tombés sur le champ d’honneur. Un quatrième serait même succombé de ses blessures au Centre national hospitalier et universitaire Hubert K. Maga de Cotonou. Ce qui porterait à 4 le bilan de décès dans le rang des hommes en uniforme. Mais ces spéculations ont tôt fait d’être infirmées par les sources officielles. Mais, là, n’est pas le problème. Ce sur quoi tout le monde peut s’accorder, à l’heure actuelle, c’est que le pays est ébranlé par des braqueurs. Ils défient les forces de sécurité qui semblent ne pas avoir les outils intellectuels (défaut de formations adéquates) et armements nécessaire à l’accomplissement de leur mission. Ces derniers mois, il est regrettable de constater que les policiers sont facilement abattus par des braqueurs qui mettent à nu le dispositif sécuritaire. Et quand les hommes qui sont chargés d’assurer la sécurité des personnes et des biens tombent aussi facilement sous le coup de balles comme des mangues mûres, cela inquiète le citoyen lambda. A Péhunco, il a fallu un renfort militaire pour se tirer d’affaire, et maîtriser la foule en furie.
Réorienter la formation policière
L’image que le commun des mortels se fait des forces de sécurité, en l’occurrence de la police, est une triste image. Le policier se définit simplement comme un individu à qui l’Etat a affecté des uniformes et autres attributs républicains pour rançonner les citoyens. Cela semble être justifié pour la simple raison que les policiers, sur les axes routiers, ne s’occupent véritablement pas de leur travail. Généralement, au poste de contrôle, ils sont assis sous des tentes, laissant des opérateurs de ridelles récupérer des pièces d’argent. Or, c’est déjà au niveau des portes d’entrée de chaque commune que le policier doit se renseigner sur l’identité des passagers à bord de tous les véhicules qui entrent. La franche collaboration des populations est en train de montrer ses limites. Au cours de la formation, le policier doit être suffisamment renseigné, aussi bien sur les techniques d’auto-défense que sur les techniques de riposte. Eviter de les lui inculquer en le mettant sur la voie publique, ‘est lui demander de gagner sa vie en rançonnant les paisibles citoyens. Il est indispensable pour les jeunes policiers de savoir qu’en venant dans le métier de la police, on n’y va pas pour s’enrichir. Cependant, l’Etat doit donner aux forces de sécurité les moyens dont elles ont besoin pour l’accomplissement d’une mission qui condamne l’agent à servir la Nation jusqu’au sacrifice suprême.
Jean-Claude Kouagou
La ville de Cotonou a-t-elle un plan sécuritaire ?
Au lieu de s’en prendre aux pauvres citoyens qui peinent à s’offrir deux repas par jour, et de leur exiger le port de casque, les haut gradés de la police feraient mieux d’actualiser le plan sécuritaire de la ville de Cotonou s’il en existe. Aujourd’hui, on ne parle plus de nombre de braquages réussis à Cotonou. On ne parle plus de nombre de simples citoyens tués. On ne parle non plus du nombre de millions emportés par les malfrats. Mais plutôt, de l’honneur de la Police affaiblie. Les autorités elles-mêmes en sont conscientes, au point où, elles camouflent ce que tout le monde a vu. On peut convenir avec les autorités qu’on augmenterait la psychose des populations en soutenant qu’à chaque braquage, le nombre de policiers abattus va de façon croissante. Mais, avant l’arrivée des journalistes, les témoins de ces tristes évènements ont déjà publié les informations sur les réseaux sociaux. Il est inutile de vouloir polémiquer sur le nombre de décès dans le rang des policiers suite au braquage de mardi dernier. Le plus important maintenant c’est de revoir la stratégie et l’ensemble du dispositif pour offrir un plan de sécurité qui assure la prospérité.