Du 5 au 19 octobre 2014 se tient à Rome au Vatican, la 3è Assemblée générale extraordinaire du synode des évêques sur la famille avant la tenue en 2015 de l’Assemblée ordinaire. Les deux Assemblées se pencheront sur le thème : « les défis pastoraux de la famille dans le contexte de l’évangélisation ».
1- La famille : cellule de base de l’Eglise et de la société
La famille dans son aspect restrictif est composée du père, de la mère, et des enfants. Elle est habituellement le lieu où l’enfant apprend à connaitre Dieu et à l’aimer. C’est là que se prépare la floraison de grands destins. C’est de la famille que les grands hommes du futur reçoivent la première éducation, qu’ils sont orientés vers de grand idéaux. L’école joue certes un rôle considérable dans l’éducation de l’enfant mais tout part d’abord de la famille où doit règner une ambiance d’amour et de paix, où sont établies des conditions comme la discipline, le respect de l’autre, la rigueur au travail, bref tout ce qu’il faut pour être un homme accompli.
« La famille, dit le Pape émérite Benoit 16, est bien le lieu propice pour l’apprentissage et la pratique de la culture du pardon, de la paix et de la réconciliation ; c’est là que ses membres apprennent à aimer en étant aimé gratuitement ; ils apprennent le respect de toute autre personne en étant respecté ; ils apprennent à connaitre le visage de Dieu en recevant la première révélation d’un père et d’une mère plein d’attention » (AM 43). Au-delà de la famille restreinte, il y a aussi les familles élargies qui possèdent des valeurs comme la solidarité, le sens de l’accueil, l’hospitalité… etc.
Les grands-pères, les grand-mères, les tantes, les oncles, neveux, cousins, tous participent à l’éducation de l’enfant afin qu’il devienne demain l’adulte dont la famille sera toujours fière. La bonne éducation reçue en famille permet d’avoir des citoyens vertueux qui peuvent qui peuvent bâtir une société juste et prospère où chacun est reconnu dans sa dignité. Si cela fait défaut, la famille peut devenir le nid des problèmes qui gangrènent la société : violence, drogue, braquage, cybercriminalité, homosexualité, union libre, et autres délits qui empoisonnent la vie en société. Mohamed Mehra, le tueur de Toulouse en France, rapporté les médias, est issu d’une famille où la figure du père faisait gravement défaut. C’est aussi le cas de ce conducteur de Zémidjan de 50 ans qui viole un enfant de 4 ans dans un quartier de Cotonou. La famille est donc confrontée de nos jours à un certain nombre de défis.
Les rapports entre les époux sont souvent mis à dure épreuve. Ces tensions en famille aboutissent souvent à la séparation entre les époux ou au divorce. Elles entrainent par conséquent des situations néfastes sur les enfants et leur éducation. Les rapports entre parents et enfants traversent des zones de turbulence due à une tendance contemporaine qui permet aux enfants d’échapper à l’autorité parentale pour donner ainsi libre cours à toutes sortes d’agitations. En vérité, les crises dans nos familles proviennent des conflits d’intérêt qui englobe d’autres dimensions comme l’affectivité, la conception et la perception du monde, de la vie et du bonheur, la planification de l’éducation des enfants, la manière dont les enfants se positionnent face aux parents, bref, toute situation où les uns et les autres adoptent une position et y tiennent obstinément. Devant les nombreux défis que nous pose la famille aujourd’hui, l’Eglise en Afrique doit apporter des réponses pastorales urgentes.
2- La pastorale de la famille en Afrique
Dans la déclaration de l’atelier de Cotonou sur la famille, les pasteurs, théologiens, hommes de cultures et de science, associations familiales ont pris l’engagement pour la consolidation des familles chrétiennes afin qu’elles puissent découvrir leur identité et réaliser leur mission au profit de la civilisation de l’amour et de la culture de la vie, dans la lumière de la loi naturelle et dans la prise en compte des valeurs de nos cultures africaines. Il est souligné au cours de cet atelier de Cotonou, le rôle de la femme dans cette tâche urgente et vitale.
En elle se trouve en effet un génie qui constitue un terrain fertile pour la vie, la vitalité et la survie de nos familles. Cependant, il convient de valoriser la femme, de la mettre à l’abri des idéologies permissives, de la potentialiser positivement afin qu’elle joue valablement son rôle d’éducatrice au sein de la famille chrétienne africaine. Elle est invitée à lutter contre le féminisme athée qui aujourd’hui l’amène à renoncer à son identité et à sa mission. La femme doit plutôt faire le choix d’une féminité humaniste et humanisante.
La rédemption de l’homme africain dépend en grande partie d’une ceinture matrilinéaire dans le cadre de la large famille africaine. Il est important pour les pasteurs et les communautés chrétiennes au Bénin de réfléchir sur la désaffection pour le mariage chrétien alors que l’on remarque un nombre croissant de régularisations en vue d’accéder à la Table sainte et un engouement pour le baptême. Les chrétiens d’Afrique doivent davantage puiser dans les valeurs traditionnelles positives sur la famille élargie qui soutient les couples des difficultés dans le but de trouver des solutions aux problèmes des époux à telle enseigne qu’il est souvent difficile d’avoir des divorces.
la pastorale familiale doit intégrer ces éléments positifs de la culture africaine sensible aux valeurs de la vie ; la famille y est conçue comme sanctuaire de la vie et de l’amour. Le mariage africain, n’est jamais perçu comme un simple contrat entre deux individus. Il est plutôt cosmique, communautaire, religieux et a un caractère dynamique. En Afrique, l’institution du mariage est reconnue. Tout le monde se marie, mais tout le monde ne célèbre pas le mariage comme un sacrement, signe de la présence de Dieu au sein du couple et de la famille.
C’est le lieu pour les chrétiens africains d’apporter cette nouveauté à leurs frères et sœurs. Devant la menace que représente la post-modernité occidentale, il est urgent de préserver et de promouvoir les valeurs familiales fondamentales les plus essentielles de l’Afrique. Car les causes de la crise qui frappe la famille en Afrique aujourd’hui sont aussi endogènes qu’exogènes. Cela passe par le rôle de la femme vertueuse, mère et éducatrice de la famille.
3- La femme vertueuse, socle de la famille en Afrique et au Bénin
« Que les femmes sachent se vêtir, qu’elles se parent avec pudeur et modestie : ni tresse, ni bijoux en or, ou perles ou toilettes somptueuses. Pour une femme qui a reçu une éducation religieuse, les bonnes œuvres sont la vraie parure… » (1Tm 2,9). C’est par ces paroles pleines de sagesse que St Paul avertissait les femmes contre une émancipation qui les conduirait au libertinage. Les saintes écritures et l’histoire de l’Eglise révèlent un grand respect pour la femme. Son rôle est fondamental dans l’éducation de la famille humaine. La femme est une force psychologique et un réservoir de valeurs.
Sa féminité est un don inestimable de Dieu. L’enfant grandit par l’imitation de ses parents, surtout de sa mère. Malheureusement, les ténues extravagantes que portent nos jeunes filles et jeunes dames pour séduire et provoquer les hommes est une sorte de l’érotisation du style et de la mode. « C’est dommage que la mode démode la femme et fait d’elle un objet de musée qu’on contemple, ou une chose dont on jouit goulûment et qu’on jette aussitôt » affirme Mgr Pascal N’koué, l’archevêque de Parakou.
L’érotisation du style invite la femme à se dévêtir sous prétexte de liberté, au lieu de lui offrir une harmonie esthétique sensée la vêtir : « le décolleté profond, le moulant qui montre le moindre plissement du corps, la mode du très court ou du montre-nombril, le pantalon plaqué n’admettant aucun sous vêtement, au risque de compromettre sa santé par une mauvaise circulation sanguine ou une infection vaginale du fait du frottement de la muqueuse de cet organe contre le tissu du pantalon » affirme le docteur Ekpa.
Ces comportements vestimentaires chez la femme s’observent dans tous les milieux et même dans nos lieux de culte. Padre Pio renvoyait de sa confession les dames mal vêtues. Les pasteurs devraient en faire autant aujourd’hui avec celles qui viennent dans nos paroisses et surtout avec celles qui montent à l’ambon pour lire la parole de Dieu. Les curés peuvent instruire les marguillers afin qu’ils les aident à sensibiliser les femmes qui viennent à l’Eglise dans des ténues indécentes. C’est malheureux que nous cherchons toujours à imiter les contre-valeurs qui viennent de l’Europe. L’uniforme devrait correspondre à une certaine grandeur d’âme parce qu’il exprime une mission particulière.
Le vêtement est un langage et son choix n’est pas neutre. Un beau costume doit être digne et correspondre à la qualité de la personne qui le porte, à sa situation, à son rôle, à sa fonction, à son milieu social. « Un beau vêtement ne sera jamais provocateur, puisqu’il sert à exprimer notre être qui est fait pour s’élever vers le ciel, vers Dieu notre créateur » indique encore le pasteur de Parakou. Nos familles africaines ont besoin de femmes et de mères vertueuses pour s’édifier et s’épanouir. « C’est surtout par les péchés d’impureté que les forces des ténèbres assujettissent les âmes... Aussi longtemps que la modestie ne sera pas mise en pratique, la société continuera à se dégrader » disait le pape Pie 12.
Cette prise de conscience peut nous rendre optimiste que la famille n’est pas morte en Afrique. Elle est vivante et elle vivra mieux dans l’avenir grâce à tout ce qui sera fait pour la rendre plus stable.
Que le seigneur qui est riche en miséricorde vous comble de joie. Qu’il éloigne de vous les pièges de l’ennemi et vous accords une vie paisible par l’intercession de notre maman du ciel.
Père Justin BOCOVO.
Curé de la Paroisse Notre dame de la visitation de Gbèdagba