Les différentes opinions et la méfiance que suscite la question de la révision de la constitution sont fondées sur un fait. C’est que le chef de l’Etat Yayi Boni est passé maître dans l’art de ne pas honorer ses engagements. Conséquence, l’opinion publique a du mal à prendre pour parole d’évangile ses intentions de quitter réellement le pouvoir en 2016.
Quand il prêtait serment le 06 avril 2011, le chef de l’Etat Yayi Boni a juré la main sur le cœur qu’il quittera le pouvoir en 2016. Il l’a dit devant le peuple béninois, ses prédécesseurs, les corps constitués, le corps diplomatique. Il l’a répété devant le président Barack Obama en juillet 2011 et le pape Benoît XVI en novembre 2O12. Ses engagements pris devant ces personnalités et particulièrement le souverain pontife pouvaient pousser à dissiper les soupçons. Mais tel n’est pas le cas. Bon nombre d’observateurs ne cachent pas leur opinion. Ils continuent de douter de la sincérité du président de la République et démontrent par des arguments convaincants que le Pasteur Yayi Boni développe des manœuvres pour s’éterniser à la Marina. De plus en plus, on perçoit la multiplication de ses assurances et les agitations de ses garçons de course comme un valium pour endormir et bêtifier le peuple afin de réviser la Constitution en douceur pour se maintenir au pouvoir au-delà de 2016. Tous ceux qui suivent l’actualité et s’intéressent à la révision de la Constitution savent que le chef de l’Etat prépare un coup d’Etat constitutionnel sous prétexte qu’il veut rester respecter ses engagements signés en 2006 entre les deux tours de la présidentielle avec la Rb, le Madep, et l’Abn de Bruno Amoussou. Il n’a jamais été question de révision de la Constitution dans le protocole d’accord. Ceux qui en parlent ne savent pas de quoi il était question. Leur discours ne font que révéler leurs intentions d’opérer un coup d’Etat constitutionnel et de le justifier par un prétendu protocole d’accord qu’il aurait conclu avec des partis qui pour la plupart lui ont déjà tourné dos. De plus en termes d’engagements et de promesses, Yayi Boni n’est pas l’exemple. Où en est-on avec le dialogue politique qu’il a promis engager avec les formations politiques qui ne le soutiennent pas ? Ne parlons pas du dialogue social avec ses partenaires sociaux ? Que dit-il aujourd’hui du relèvement de 25 % des salaires des fonctionnaires de l’Administration publique déjà concédé aux agents du ministère des Finances ? Il a promis rembourser les spoliés de Icc-services. Cette promesse n’a pas eu de suite. Et la lutte contre la corruption ? Le projet 10.000 motos à deux temps à remplacer par les motos deux roues à quatre temps n’est pas allé jusqu’au bout. C’est la preuve qu’on ne peut faire confiance au Chef de l’Etat. Devant ces exemples, qui peut encore croire en Yayi Boni ? Que valent la promesse et l’engagement d’un homme qui ne tient pas parole ? En politique, les discours ne constituent pas une garantie pour rassurer le peuple, surtout quand ils sont tenus par Yayi Boni considéré comme un acteur politique qui n’a pas souvent fait preuve de franchise et de respect de la parole donnée. C’est stupide de croire que ses déclarations devant Barack Obama, le Pape, et autres suffisent pour dormir sur les lauriers. Par le passé Nicéphore Soglo, alors premier ministre avait dit qu’il ne se présentera pas à la présidentielle. Qu’est-ce qu’on a vu après. Au Sénégal, l’expérience de Wade est édifiante. Au Niger Mamadou Tandja avait promis à Sarkozy qu’il ne réviserait pas la Constitution. Il l’a révisée pour rester au Pouvoir. Mais il a été déposé.