Psychose et exode à Pehounco. Depuis quelques jours, des centaines de personnes sont obligées de fuir cette commune du septentrion pour échapper à l’ire d’une bonne frange de la population déchaînée contre de « présumés sorciers » responsables de la mort de leurs parents, en l’occurrence des enfants. Ceux-ci trépassent en grand nombre à cause d’une épidémie de cholera qui sévit dans plusieurs communes de la région. Mais ici, au lieu de chercher les causes de cette épidémie de façon rationnelle, les parents des victimes de la « maladie de la main sale » trouvent que c’est l’œuvre des sorciers. Ces derniers transformeraient, selon leur thèse, les âmes de leurs parents défunts en fortune. C’est ce qui explique ces populations s’attaquent à tous les riches de la commune dont les maisons sont saccagées et brûlées. Eux-mêmes sont obligés de sauver leurs têtes en prenant la fuite. Mais le roi de Pehounco très réputé en milieu bariba, père d’un ancien ministre de la république n’a pas été épargné. Soupçonné lui aussi d’intelligence avec les sorciers pour n’avoir pas soutenu la fronde, son palais a été saccagé et brûlé.
L’homme par qui tout cela est arrivé est un imam. C’est lui qui inspire les populations révoltées. C’est lui les a inculqués cette thèse. Il s’agit d’un début d’endoctrinement inquiétant dans la mesure où on connaît l’attachement de ces populations aux chefferies traditionnelles qui sont parfois plus écoutées et respectées que les autorités politico-administratives. Si on en vient au point où le roi est contesté, c’est que l’autorité a changé de camp. Cette fois-ci les populations font allégeance à un imam, un prédicateur religieux aux thèses et ambitions bien douteuses. S’il en vient à faire chasser de la commune tous les hommes riches, le reste de son travail d’endoctrinement sera facile.
Et c’est là, le danger qui guette Pehounco. L’extrémisme religieux commence toujours à partir de l’endoctrinement. Boko Haram a commencé ainsi. Les autorités doivent tout faire pour faire régner l’autorité de l’Etat sur cette commune. C’est vital pour notre nation.