La polémique s’enfle toujours au sujet de la désignation du magistrat Euloge Akpo pour siéger à la Cour Constitutionnelle. Parmi les indignés se trouve l’honorable Ismaël Tidjani Serpos. Pour lui, M. Akpo ne doit pas se montrer complice de la violation de la Constitution du 11 décembre 1990 en son article 115.
A la Cour Constitutionnelle, la page Robert Dossou a été définitivement tournée le vendredi 7 juin dernier. Les nouveaux sages de la Haute juridiction béninoise en matière de régulation des Institutions de l’Etat et de contrôle de constitutionnalité ont en effet prêté serment. Ils sont au total sept (quatre désignés par le Bureau de l’Assemblée Nationale et trois par le Chef de l’Etat). Cette cérémonie de prestation de serment a donc eu lieu malgré les réserves émises sur la personne du magistrat Euloge Akpo qui, conformément à l’article 115 de la Constitution, n’aurait pas encore totalisé 15 ans d’expérience professionnelle.
Le sujet fait grand bruit. Surtout sur la toile où les indignations s’enchaînent. Celle que nous voulons partager avec vous est de l’honorable Ismaël Tidjani Serpos. Pour lui, le magistrat Euloge Akpo ne doit pas se montrer complice de la violation de la Constitution béninoise du 11 décembre 1990.
« Si magistrat, je suis nommé indûment à la Cour Constitutionnelle parce que ne remplissant pas les conditions constitutionnelles d’ancienneté dans cette corporation judiciaire, dois-je me complaire dans cette violation des textes de base de notre démocratie en acceptant d’aller prêter serment pour entamer l’exercice d’une fonction à laquelle je n’ai manifestement pas droit. Pour quelqu’un qui doit prendre part à l’animation d’une institution de cette importance et qui est en charge du contrôle de constitutionnalité, il n’est pas normal de se montrer d’entrée de jeu complice d’une violation de la loi fondamentale, ou complaisant d’une telle violation surtout pour un magistrat », a dit Tidjani Serpos.
« Si des conditions ne sont pas remplies, on n’a pas besoin pour sa propre crédibilité d’attendre une décision de la Cour Constitutionnelle pour décliner sa participation. Béninois, soyons rigoureux pour que notre contribution ne soit pas d’office suspectée! », a-t-il poursuivi.
Plus qu’une indignation, cette déclaration de l’honorable Ismaël Tidjani Serpos est une invite à l’endroit de M. Euloge Akpo pour qu’il sauve son honneur et sa réputation future en disant gentiment à celui qui l’a nommé qu’il n’est pas encore qualifié pour la fonction à laquelle il est appelé. Ce n’est pas une honte de démontrer que le magistrat doit donner le bon exemple. Que vaudront les décisions de la Cour Constitutionnelle lorsqu’on se souviendra qu’elles sont rendues par des gens pour qui on a du tordre le coup à la Constitution du 11 décembre 1990?
En tout cas, le Curriculum Vitae de M. Euloge Akpo qui circule sur la toile (voir ci-dessous) ne lui permet pas encore de siéger à la Cour Constitutionnelle. Il faut donc qu’il le comprenne. Sauf si c’est pour une autre mission qu’il a été choisi.
Azannaï : « la réputation est non réputée »
L’avis de l’honorable Candide Azannaï sur la qualité des représentants du Gouvernement au sein de la nouvelle Cour Constitutionnelle est sans équivoque. Pour lui, les mots doivent avoir un sens comme le lui rappelaient souvent des professeurs de grande réputation professionnelle comme le Professeur Paulin HOUNTONDJI par exemple. « Que dit le dictionnaire du simple mot réputation ? Ne parlons pas encore de grande réputation ! Lisons : Réputation : 1- Le fait d’être honorablement connu du point de vue morale [ gloire, honneur]…2- Le fait d’être avantageusement connu pour sa valeur [ célébrité , considération, notoriété, renommée ]…3- Le fait d’être connu honorablement ou fâcheusement … J’ai tiré ces définitions du Dictionnaire culturel en langue française sous la direction d’Alain REY, Dictionnaire LE ROBERT, Édition de 2005, à la page 203. Je pense qu’en lisant tout ce qui a été écrit sur le sens du mot réputation, vous ne manquerez pas d’être déçus si maintenant il est exigé par la Constitution, donc par le peuple souverain, des personnalités de grande réputation … C’est l’article 115 de la Constitution qu’il vous faudra lire également. Je ne vois pas qui remplit les exigences de cet article parmi les personnes désignées par le Président Boni Yayi. Une personne n’est pas forcément une personnalité. Et de fâcheuses réputations ne peuvent être morales, donc éligibles à la table de la réputation constitutionnelle. Pour moi, nous sommes en présence de réputations non réputées… », a dit Candide Azanaï.
Curriculum vitae
Nom : AKPO
Prénom : Euloge
Date et lieu de naissance : 2 Juin 1960 à Niamey (Niger)
Région d’origine : Challa-ogoï (Savè)
Situation matrimoniale : Marié et père de 2 enfants
Profession : Magistrat
FORMATIONS ET DIPLOMES
Diplôme de la magistrature à l’ENAM et major de la promotion
Formation de Master recherche, droit et institution judiciaire à l’Ecole doctorale de la FADESP.
Maîtrise en droit des affaires et carrière judiciaire
BAC G2
FONCTIONS
Président du tribunal de première instance de première classe de
Cotonou
Président près le tribunal de première instance d’Abomey-Calavi
Responsable du tribunal de première instance de Ouidah
Procureur du tribunal de première instance de Lokossa
Substitut du procureur de la République près le tribunal de première instance de Porto-Novo.
EXPERIENCES
Plusieurs stages de découverte des institutions judicaires en France et aux Etats-Unis.
Collaboration avec les Maîtres Agnès Campbell et Saidou Agbantou, tous deux avocats à la Cour.
Plusieurs séminaires de formations