On le voit désormais tous les week-ends. Les femmes du régime descendent dans la rue, chantent et dansent en louant Yayi Boni. L’idée, c’est de répondre aux attaques dirigées contre le président de la République par les femmes leaders de l’opposition. Mais les organisatrices n’arrivent pas à mobiliser les foules comme c’est le cas de l’autre côté. Elles sont obligées d’acheter les marcheuses pour tromper Yayi Boni.
Les femmes de Yayi le trompent. Ce n’est pas pour révéler une quelconque polygamie du chef de l’Etat, encore moins une quelconque infidélité dans son foyer. C’est pour évoquer les pratiques qu’utilisent les femmes ministres de son gouvernement, les Directrices de sociétés d’Etat et d’autres collaboratrices qui ferraillent dans le système actuel pour mobiliser leurs sœurs à les suivre dans leur nouvelle obsession : celle de s’en prendre aux femmes leaders de l’opposition qui multiplient depuis quelque temps des initiatives pour fustiger la gouvernance de Yayi Boni. Naomie Azaria, ministre de la Famille, ses collègues Françoise Assogba et Laurence Sranon respectivement Patronne de l’Industrie et du ministère de la Microfinance, Sofiath Onifadé et Bibiane Soglo, respectivement Vice-présidente et membre de l’Autorité de régulation des communications électroniques et de la poste (Arcep), Honorine Atinkpa, Directrice générale de la Loterie nationale du Bénin, Viviane Sèzan, membre de la cellule de communication du président de la République et d’autres , se mettent en évidence dans les rues à travers des marches de soutien à Yayi Boni. Leur mode opératoire est le même partout où elles sont passées : recruter vos sœurs et mamans en proie à des difficultés quotidiennes, les faire marcher sous le soleil, en scandant des slogans favorables au chef de l’Etat. La condition non négociable qu’exigent les marcheuses, c’est l’argent. Ces manifestations qui se multiplient laissent un goût amer à notre jeune démocratie parce qu’elles s’inspirent des critiques objectives et incontestablement vraies qui sont les plaies du régime en place. Ces critiques qui sont soulevées par la majorité des forces démocratiques déçues des abus du pouvoir dominent tous les discours à l’image de celui du groupe baptisé « femmes leaders baromètres », amenées par l’ancien ministre Karimou Rafiatou, et d’autres comme Adidjath Mathys, Amissétou Affo Djobo, Collecte Houéto, Béatrice Lakoussan, Mouïnatou Akadiri. Quelques unes d’entre elles sont d‘ anciens ministres et députés qui appartenaient à la majorité présidentielle. Profitant des erreurs et des lacunes du gouvernement en place, alertées par les faux-semblants du chef de l’Etat, ses professions de foi à quitter le pouvoir en 2016 qui ne convainquent personne, elles ne cessent de tirer la sonnette d’alarme.
Après les femmes de l’opposition, ce sont elles !
Pendant tout ce temps, les ministres de Yayi Boni ont du mal à exister. Aujourd’hui, en complicité avec leurs sœurs recasées dans les sociétés d’Etat, elles proclament qu’elles ne supportent pas le procès qui est fait au régime en place de même que les dénonciations qui surgissent pour blâmer le président de la République à cause de ses agissements. Et pourtant ce qu’on dit de Yayi Boni n’est que ce que tous les Béninois du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest pensent. Que les femmes leaders montent au créneau, pour dire le contraire, fait partie du jeu démocratique, mais qu’elles assimilent la réaction des opposantes à de l’aigreur, détruit le jeu démocratique. L’autre débat qu’elles suscitent, c’est qu’elles se prennent pour des intouchables, en estimant qu’il n’y a rien de pire qu’un ancien ministre aigri. Le jour où elles vont se retrouver sans portefeuille et livrées à la vindicte populaire, on attend de voir si elles tiendront le même discours. Pour le moment, elles sont au poste et s’y accrochent. On ne sait pas ce qui se passe derrière la tête du chef de l’Etat, c’est pour quoi elles font tout pour garder leur biberon. Que le cas des anciens ministres leur enseigne beaucoup. Yayi Boni les accuse déjà de passivité et cela peut l’amener à procéder à une redistribution de postes. Il ne doit pas supporter pendant longtemps que ses femmes n’arrivent pas à occuper le terrain pour réduire la percée de l’opposition. « Après…, c’est nous » L’opposition fait d’abord sa messe et c’est suite à cela que les femmes de Yayi Boni courent dans tous les sens pour répliquer. C’est ça leur spécialité. Elles attendent qu’on tire pour atteindre le chef, avant d’arriver sur le champ de tir pour rester au front. Les dégâts sont là. Les choses marchent mieux de cette façon dans le pays. Ça fonctionne de la même manière avec les braqueurs et les policiers. Comme la Police, les femmes de Yayi Boni sont en panne d’idées et à court d’initiative. .
L’ombre d’elles-mêmes
Après Cotonou et Sèmè-Podji, Parakou était ce week-end sous les projecteurs. On ne sait pas encore quelle ville accueillera la prochaine sortie, mais il faut souligner que l’initiative dirigée contre les femmes baromètres se révèle coûteuse pour les caisses de nos entreprises. Le but même est inatteignable, puisqu’il s’agit de réduire l’influence de l’opposition à travers laquelle se reconnaissent de plus en plus d’autres dames de fer de la majorité au pouvoir. En clair, l’argent qui est gaspillé dans les marches ne suffira pas à arrêter l’hémorragie, puisque plus les jours passent, l’opposition féminine accueille de nouveaux membres. Quant aux femmes leaders de la mouvance, elles ne sont que l’ombre d’elles-mêmes. Elles n’arrivent pas à rallier à leur cause déjà perdue, des alliées de taille. Ne demandons pas les sociétés qui financent ces sorties coûteuses au moment où les opérations électorales souffrent de manque de moyens, mais posons la question suivante : depuis qu’elles ont commencé par se retrouver dans des regroupements baptisés « femmes bulldozers », « femmes leaders de la mouvance » ou encore « femmes amazones », combien d’adhérentes disposent-elles ? Le président de la République peut les comparer au groupe de Karimou Rafiatou et de là, il pourra se faire une idée d’elles. Ce sont des trompeuses.