Le calme n’est pas encore totalement revenu à Boukombé. Après la bavure policière qui a ôté la vie au jeune bachelier Mathias Idokou N’Tcha, les populations sont toujours dans le choc. Elles veulent que le policier, auteur de ce crime odieux soit livré à la justice. Elles viennent d’adresser à cet effet une lettre ouverte au Chef de l’Etat. Cette lettre signée du Collectif des cadres de Boukombé retrace la misère que font subir aux populations de cette localité les douaniers et les policiers.
LETTRE OUVERTE A MONSIEUR LE PRESIDENT DOCTEUR BONI YAYI, PRESIDENT DE LE REPUBLIQUE, CHEF DU GOUVERNEMENT
Les rôles dévolus aux forces armées, à la police nationale et la douane de notre pays se résument à la défense de la Nation et de l’Intégrité territoriale, la protection des citoyens et de leurs biens, le contrôle des importations de toutes acquisitions et le dédouanement des biens en parfaite application des textes régissant les lois des finances et la libre circulation des citoyens et des biens de l’espace Uemoa.
Les communes frontalières avec le Togo et se situant dans le département de l’Atacora ont connu comme certaines de leurs consœurs, l’installation il y a quelques mois, de postes de police pour venir en appui aux postes de gendarmerie.
L’arrivée de cette police accueillie avec beaucoup de réserve, au vue des prestations des forces déjà installées sur le terrain n’a pas tardé à justifier la méfiance des paisibles populations de Boukombé.
Ainsi, la douane s’était spécialisée les mercredis jours du marché de Nadoba, village situé sur le territoire togolais à un kilomètre des frontières béninoises, à la saisie de tous menus objets dont la valeur parfois ridicule n’excédait pas la modique somme de cinq mille francs pour imposer au propriétaire le dédouanement de la marchandise. Ces taxes parfois supérieures au prix de la marchandise n’étaient généralement supportées par aucun document administratif. Mieux, ces douaniers en mal d’argent allaient et continuent d’aller dans les échoppes de la localité pour contrôler les marchandises de moindre valeur au motif qu’elles ne sont pas dédouanées. Quant à la police, elle est passée pour reine du rançonnement des paisibles populations qui ont travaillé dur pour s’acheter qui une moto qui une bicyclette. En effet, la barrière située sans raison à deux kilomètres du centre ville est le lieu du théâtre de toutes ces opérations. C’est pour assouvir leur dessein que des policiers ont arrêté dans l’après-midi de la journée du jeudi 16 octobre 2014, le jeune étudiant Idokou N’tcha Mathias qui venait de réussir au Baccalauréat et qui s’est toujours livré au job de Zémidjan pour supporter ses études. Ce jeune venait de Natitingou où il venait de réussir à son baccalauréat et était bien connu à cette fameuse barrière parce qu’il la traversait régulièrement avec la même moto pour se ravitailler en vivre à Boukombé. A la hauteur de la barrière le coup de sifflet traditionnel. Le jeune ne s’est pas arrêté pour se soumettre aux caprices des policiers. Un des policiers le rattrape à peine deux cent mètres plus loin et lui passe les menottes à hauteur d’un petit arbre. Les passants assistent impuissant à la scène. Nouvelle tentative de fuite de l’étudiant et un coup de feu le descend définitivement de dos. Alors une question se pose. De mémoire d’homme, même dans les films de guerre a-t-on jamais vu un homme menotté se faire descendre par un policier sensé le protéger ?
Monsieur le président de la République, les populations de Boukombé en ont marre et vous prient de bien vouloir supprimer le poste de police de Boukombé dont elles n’ont nullement besoin, pour le suppléer à la réalisation des différentes promesses que vous et vos collaborateurs leurs ont faites et qui sont restées lettres mortes notamment le bitumage de la route Natitingou-Boukombé et la réfection des pistes de désertes rurales. Elles souhaitent par la même occasion que des instructions fermes soient données aux agents des douanes de Boukombé afin qu’ils respectent les textes en vigueur. Les populations de Boukombé à travers cette lettre vous prient de bien vouloir relever des rangs des policiers, ceux qui ont froidement abattu Idokou N’tcha Mathias et de les mettre à la disposition de la justice de notre pays. Veuillez croire monsieur le président en l’expression de notre profonde gratitude.