L’ex-ministre de la fonction publique du régime Yayi, Kint Aguiar, est passé hier de vis-à-trépas. C’était des suites d’une maladie qui a finalement eu raison de lui, à la clinique Floréal à Bagnolet en France. Acteurs sociopolitiques, parents et amis pleurent le disparu. L’on retient que l’homme aurait réussit à poser ses empreintes dans plusieurs secteurs de la vie du peuple béninois. Pour les syndicalistes, il fût un bon négociateur.
Ils ont dit
François Abiola, Ministre de l’enseignement supérieur
« …Kint Aguiar était un homme de grande conviction… »
J’ai effectivement côtoyé Kint Aguiar. Je peux vous affirmer que c’est un grand monsieur qui vient de nous quitter. Il a été un grand syndicaliste, il a été militant et Secrétaire général du Madep, lorsque ce parti a été créé. Nous sommes rentrés au gouvernement le 28 octobre 2008. C’est là où je l’ai connu. Et nous avons mené des réflexions ensemble pour voir comment bâtir notre Nation. Nous avons évoqué ensemble les passés des uns et des autres. Je peux résumer que Kint Aguiar est un homme de grande conviction. A titre illustratif, lorsque nous sommes rentrés au gouvernement, les choses se sont un peu détériorées entre Fagbohoun et nous. Kint Aguiar a dit qu’il restera membre du Madep quoi que cela lui coûte, il resterait avec Fagbohoun. De mon côté, j’ai quitté le Madep et j’ai créé le 14 mai 2009 le Mouvement espoir du Bénin. Mais Kint Aguiar était Secrétaire général du Madep. Je lui disais toujours qu’avec ce que je vois, cela m’étonnerait qu’il puisse retrouver une place de Secrétaire général même de militant convaincu au Madep pour qu’il puisse continuer à développer son idée, même si Fagbohoun lui conserve l’amitié qui existait entre eux, parce qu’il y a avait des forces très opposées à lui. En dehors de ce parcours professionnel, nous avons gardé des relations fraternelles intenses au Madep, pendant son exercice au gouvernement et quand il est sorti du gouvernement. Je me rappelle de son dernier appel. Il nous a appelés de Paris pour s’inquiéter de son état de santé. Je lui disais encore que nous prions Dieu pour lui, et qu’à son retour, nous pourrons continuer à développer nos idées. Malheureusement, Dieu l’a rappelé… ».
Noel Chadaré, Sg/Cosi-Bénin.
« Les relations qu’il a eues avec les travailleurs n’ont pas été exécrables »
« Au cours de son passage au ministère de la fonction publique, il a donné du mieux qu’il peut. Les relations qu’il a eues avec les travailleurs n’ont pas été exécrables, même s’il y a des choses à redire. Il a joué sa partition, en tant que représentant du pouvoir et des travailleurs. Avec lui, il y a eu des satisfactions.
Paul Essè Iko, Sg/Cstb
« On aurait aimé qu’il soit là pour qu’on continue les combats... »
C’est un homme que nous avons côtoyé, avec qui nous avons travaillé. Malheureusement, nos revendications n’ont pas prospéré du temps de Aguiar Kint. Et nous constatons que la nature nous l’a arraché. Ce n’est pas parce qu’on a eu des déboires avec lui que nous ne regrettons pas son départ. On aurait aimé qu’il soit là pour qu’on continue les combats. C’est dans la contradiction que jaillit la vérité et la lumière.
Dieudonné Lokossou, Sg/Csa
« Son souci était de régler les problèmes sociaux des travailleurs, compte de son expérience syndical… »
« Nous avons eu des rapports tumultueux avec lui sur des points précis au cours de nos négociations, mais nous avons eu aussi des relations très cordiales avec lui. Ce que nous pouvons garder de lui comme image, c’est ce qu’il a fait de positif pour faire avancer la République. Je crois qu’en tant que ministre, son souci était de régler les problèmes sociaux des travailleurs, compte tenu de son expérience syndicale. Et, il a fait ce qu’il a pu, même s’il n’a pas comblé toutes les attentes.
Victor Dangnon, député Fcbe
« On aurait souhaité que la prospérité l’accompagne… »
« Je suis actuellement hors du Bénin, quand j’ai appris la triste nouvelle. On aurait souhaité que la santé et la prospérité l’accompagnent après les nombreux services qu’il a rendus à la nation. Mais hélas ! »
Sacca Fikara, député Un
« C’est une grande perte pour nous tous… »
« Comme des personnes qu’on connaît et qui meurent, c’est toujours affligeant des nouvelles du genre. Je connais bien Christophe Kint Aguiar sur le plan personnel, mais pas beaucoup sur le plan politique. C’est une grande perte pour nous tous et pour tous ceux qui le connaissent ».
Pascal Todjinou, Sg Cgtb : « C’est sous Kint Aguiar que les reversements des agents contractuels de l’Etat ont commencé »
« C’est avec beaucoup de tristesse que j’ai appris ce matin la mort tragique du ministre Christophe Kint Aguiar. Ancien membre influent du secrétariat administratif de l’Assemblée nationale révolutionnaire, il est l’un des responsables du Prpb qui s’est distingué par des dénonciations calomnieuses. Je l’apprécie, par sa façon de faire au temps fort de la révolution. Il fut l’un des plus courageux syndicalistes de la révolution. Ce qui lui a, d’ailleurs, permis d’être membre du secrétariat administratif de l’Assemblée nationale. Plus qu’un ami, le ministre Kint Aguiar était un frère puisqu’il a des sources parentales chez moi à Afamè à Bonou dans la vallée de l’Ouémé. Son frère utérin a élu domicile à Afamè avec sa petite famille et il y vient souvent lui rendre visite.
Pour mémoire, il était le premier ministre à visiter la maison des syndicalistes communément appelée la Bourse du travail à Cotonou. Homme de dialogue et politicien chevronné, le ministre Christophe Kint Aguiar avait pris un arrêté pour régulariser la situation des agents contractuels suite à un plaidoyer de la Cgtb. L’histoire retient que c’est sous sa responsabilité que les reversements d’agents contractuels de l’Etat ont commencé. C’est une perte énorme pour sa famille, à la classe ouvrière et politique et à toute la nation béninoise ».
Emmanuel Zounon, Sg Unstb : « c’était un excellent ministre du travail »
« Ancien secrétaire administratif de l’Union nationale des syndicats des travailleurs du Bénin (Unstb), le ministre Christophe Kint Aguiar était un syndicaliste chevronné. Il était très intelligent et assidu et avait des valeurs morales et éthiques. C’est une grande perte pour la nation. Il a eu un excellent rapport avec les syndicalistes pendant tout son séjour au gouvernement. Malheureusement, nous n’avons pas pu tirer profit à cause de nos divergences. Il a montré à la phase du monde entier que les syndicalistes peuvent être de bon ministre du travail. C’est un excellent ministre du travail qui a rendu l’âme ».
Propos recueillis par Adrien TCHOMAKOU, Angelo DOSSOUMOU et Patrice SOKEGBE
