Depuis quelques mois, la majorité au pouvoir devra affronter, non pas seulement l’opposition, mais ses frondeurs. Des hommes et des femmes de la mouvance qui ont tourné dos au système en place. Les joutes verbales vont bon train entre anciens camarades de lutte. Mais en réalité, c’est l’après Yayi qui les préoccupe tous.
Qu’on ne se leurre pas ! Yayi est fini. Il ne peut aller au-delà de ses deux mandats constitutionnels. Et çà, ses partisans ne l’ignorent pas. Ils en sont même conscients. Il y aura donc bientôt un après Yayi. La politique sans l’actuel président de la République. Les partisans de la mouvance actuelle ont un joker. Le mandat de député, de conseiller communal et de maire n’est pas frappé par les limites constitutionnelles. On peut se faire élire député ou maire toute sa vie. Autant se donner des chances de ne pas rater cette opportunité. C’est le sens de la bataille politique qui s’organise actuellement. En réalité, femmes, hommes, jeunes qui vantent Yayi ou qui le dénoncent ne visent que leurs propres intérêts : exister sur la classe politique après 2016. Dans une récente émission sur Canal 3, le ministre de l’énergie, Barthélémy Kassa, a été clair, aucun politique ou parti politique n’a l’intention de quitter le pouvoir politique. C’est dire que tant que les dispositions constitutionnelles le permettent, le politique cherchera à occuper des postes politiques afin d’exercer le pouvoir politique. Comme des régimes précédents sont arrivés à débaucher des opposants, très peu de « mouvanciers » actuels ne cracheraient pas sur une sollicitation du prochain président de la République même si ce dernier ne leur doit pas son élection. Que les femmes, parties de la majorité ou celles qui sont restées défendent ou renient Yayi aujourd’hui n’est pas innocent. Qu’on ne l’oublie pas, les élections municipales, communales et locales et les législatives sont à venir. Elles donnent au député ou au maire élu un mandat de quatre ans. Si ces élections sont organisées l’année prochaine, le député et le maire élus auront la possibilité d’exister sur l’échiquier politique national jusqu’en en 2019 au moins. Soit au moins trois ans après le départ de Yayi. Entre temps, Yayi leur aurait permis de se faire élire maires ou députés et de continuer par bénéficier des avantages liés à leur fonction respective. Pourquoi s’en priver ? Alors, il n’y a plus de limite, soit pour montrer à Yayi qu’on est avec lui ou qu’on l’a quitté parce qu’il n’est pas l’homme qu’on croyait.
«Nouvelles anciennes et anciennes nouvelles»
La mode depuis quelques semaines, c’est la bataille entre les «nouvelles anciennes ou d’anciennes nouvelles du régime dit du Changement», en prêtant ce terme à la consultante internationale, Célestine Zanou, évoqué dans son opinion publiée dans la parution du lundi 20 octobre 2014, et les frondeurs du système. En réalité, c’est la lutte pour exister après Yayi qui a commencé. Et chacune d’elle la mène selon ses convictions et sa méthode. Parfois rude. «En effet, depuis un certain temps, de façon assidue et intempestive, comme s’il y eut un péril qui venait menacer de front la citadelle donnée pour imprenable du régime du Changement, les femmes, disons certaines Béninoises, descendent dans les rues. Elles descendent dans les rues, désertant foyers et lieux de travail, non pas pour réclamer l’amélioration de leurs conditions de vie ou une meilleure gouvernance – jouant ainsi un rôle constitutionnel et de développement – , mais pour s’insurger contre leurs filles, sœurs et mères qui expriment des opinions différentes, et verser ainsi dans l’insulte, sans égard aucun pour l’âge, l’expérience et le parcours…», a écrit Mme Célestine Zanou. Aiment-elles réellement le Chef de l’Etat ou pensent-elles seulement à leur avenir politique ? Les positionnements sur les listes des élections locales et législatives sont à venir. On sait que le chef de file des «cauris» en a toujours le dernier mot. Il y met toujours sa dernière touche. Autant donc lui montrer sa détermination à le supporter, même jusqu’en enfer si possible. C’est la fin qui justifiera les moyens. Si la stratégie des anciens et anciennes «yayistes» est payante, ils pourront aussi se frotter les mains. L’essentiel est de composter son ticket pour les quatre ans à venir encore. Sans Yayi bien sûr !