Collectes tardives, donateurs frileux, victimes sans visages: les ONG françaises éprouvent les pires difficultés à mobiliser des fonds pour lutter contre la fièvre Ebola qui décime l'Afrique de l'Ouest depuis plus de six mois, avec déjà près de 5. 000 morts.
8. 000 euros en deux semaines. C'est le montant "absolument ridicule" récolté auprès des particuliers par la Croix-Rouge française, déplore Géraldine Houlière, responsable mécénat au sein de l'ONG.
Si elle ne fait que débuter, la collecte n'a aucune chance de se rapprocher des 9,4 millions d'euros perçus lors du séisme en Haïti, en 2010, qui avait tué plus de 200. 000 personnes.
Contrairement aux catastrophes naturelles, "beaucoup plus médiatiques et émotionnelles", les épidémies sont "des crises à évolution lente", selon Mme Houlière, de sorte que la vulnérabilité des victimes, puissant levier de fonds, est moins bien perçue par le grand public.
Pour pallier cette générosité en berne, la Croix-Rouge, qui va ouvrir début novembre un centre de traitement Ebola en Guinée, a puisé 100. 000 euros dans son fonds "Ready", un fonds d'urgence "pour agir sur les crises oubliées".
S'y ajoutent les contributions de grandes entreprises et de fondations, à hauteur de 700. 000 euros. Là encore, "des montants bien en dessous des crises précédentes", confie l'organisation.
Autre habitué des collectes massives, Unicef France, qui déploie 400 personnes dans les trois pays les plus touchés (Liberia, Sierra Leone, Guinée), ressent aussi la frilosité des donateurs.
Pour l'instant, "100. 000 euros ont été recueillis", indique Ann Avril, la directrice du développement. L'objectif, fixé à 2 millions d'euros, est volontairement "assez prudent", dit-elle. Bien loin des 3,5 millions d'euros recueillis en un mois lors du typhon aux Philippines, fin 2013.
"C'est une maladie lointaine, qui fait peur. Les malades sont cachés, ça crée un côté mystique et n'aide pas les donateurs à s'identifier aux victimes", souligne-t-elle.
- Médecins sans frontières épargné -
A l'image de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), critiquée pour n'avoir pas pris la mesure de la crise assez tôt, les ONG ont tardé à activer leur vivier de donateurs. Les premières campagnes de dons, quand elles existent, n'ont commencé que mi-septembre.... suite de l'article sur Jeune Afrique