« La qualité de la démocratie et de la gouvernance en Afrique ». C’est le thème de la première séance de dissémination des résultats du round 6 des enquêtes Afrobaromètre organisée hier 22 octobre 2014 par l’Institut de recherche empirique en économie politique au Chant d’oiseau de Cotonou. L’occasion a été par ailleurs donnée aux participants venus d’horizons divers d’échanger sur les conclusions auxquelles ont abouti ces enquêtes en matière de « Gouvernance locale et engagement citoyen », de la « Confiance que les Béninois font aux institutions de la République » et enfin de la « Perception des citoyens sur les questions liées à la sécurité.
Selon le rapport présenté par M. Richard Houéssou, chargé de programme Afro à l’Ireep, sur la gouvernance locale et l’engagement citoyen, au moins deux Béninois sur trois désapprouvent les prestations des autorités locales dans l’entretien des routes locales (75%), des marchés locaux (68%) et de la propreté de la communauté (69%°). Toujours selon ce rapport, la gouvernance locale a été diversement appréciée entre 2008 et 2014. La proportion de ceux qui trouvent que les autorités locales ne garantissent pas que les ressources sont utilisées à des fins publiques et non privées a diminué de 10 points de pourcentage, passant de 81 % à en 2008 à 71 % en 2014. La proportion de ceux qui trouvent que les autorités locales ne permettent pas aux gens de participer à la prise de décision du conseil est passée de 73% en 2008 à 75% en 2014. De plus en plus, révèle le rapport présenté, les citoyens trouvent que certains ou la plupart des conseillers communaux et municipaux sont corrompus. Par ailleurs, il est constaté qu’en 2014, la majorité des Béninois (55%) trouvent qu’ils doivent jouer un rôle de contrôle citoyen.
Outre les questions liées à la gouvernance locale, la séance de dissémination des résultats du round 6 des enquêtes Afrobaromètre réalisées par l’Ireep a porté sur la confiance des Béninois aux institutions de la République. Aussi paradoxale que cela puisse paraître, cette enquête dont les conclusions ont été présentées par M. Clément Litchégbé, Assistant de recherche à l’Ireep, révèle que les Béninois continuent de faire confiance aux institutions de la République, alors qu’ils ne se font pas confiance entre eux.
Selon cette enquête par ailleurs, la plupart de ces Béninois qui font confiance au pouvoir exécutif désapprouvent les performances du gouvernement dans la gestion de l’économie, de l’amélioration des conditions de vie des pauvres, la création d’emploi et la stabilité des prix. La confiance aux institutions ne varie pas selon les sexes et les milieux de résidence des enquêtés, a mentionné M. Litchégbé.
S’agissant du thème relatif à la sécurité, l’enquête réalisée par M. Sistopé Kounetsron, Assistant de recherche à l’Ireep, montre qu’au moins deux Béninois sur cinq se sont sentis en insécurité dans leurs quartiers au cours de ces 12 derniers mois. Mieux, plus de la moitié des Béninois qui ont fait au moins le cours primaire désapprouvent l’action du gouvernement par rapport à la réduction de la criminalité. A cela il faut ajouter que près de trois Béninois sur quatre qui vivent dans les milieux enclavés sont sujets d’insécurité. Selon la même enquête, les départements où plus de citoyens (Plus de 60%) ont le sentiment d’être en insécurité sont l’Atlantique, le Mono et le Couffo.
Le point de vue du Professeur Wantchékon
Pour le Professeur Léonard Wantchékon, ces données, par exemple celles relatives à l’insécurité sont importantes d’autant plus que nous sommes à une période où non seulement les crimes ne cessent d’augmenter mais aussi parce que les élections se préparent et les hommes politiques se doivent de réaliser leurs projets de société. Sur la question relative à la problématique de la confiance aux institutions, le Professeur Wantchékon a mis le doigt sur le travail à faire pour que les Béninois puissent se faire confiance et travailler ensemble. Ce qui pose en effet le problème de la qualité des hommes chargés d’animer les institutions de la République pour le développement de la démocratie au Bénin.