Le journaliste émérite de la Chaîne de télévision Canal 3 François Mensah est conduit à sa dernière demeure le samedi 18 octobre 2014. La Chaîne de télévision pleure encore son valeureux artisan, mais le mardi dernier, on s’est rendu compte que le Chef de l’Etat Yayi Boni aussi en était touché. Il a déclaré toute sa compassion à la famille du disparu ainsi qu’à sa fille. Le geste en soi est humain. Mais la difficulté, c’est l’effet média. Le Chef de tous les Béninois, risque d’avoir au dos beaucoup de veuves de valeureux Béninois fusillés en voulant défendre la République.
Au lendemain du décès du jeune talent, beaucoup de voix se sont élevées pour critiquer vertement le défilé des hommes politiques. Beaucoup ont lu en son temps, une action de charme. Un détour politique tristement choisi par certains pour parader sans être facturé. Le premier des Béninois apparemment, mal inspiré par ceci parce qu’étant proche de la fin de l’aventure des deux mandats, a tenu tout de même à exprimer ce mardi, sa compassion à la famille Mensah. Il a tenu dans ses bras la fille du disparu pour lui transmettre cette chaleur paternelle qu’elle recherche tant. Les plus émotifs peuvent laisser s’échapper quelques larmes, mais, ce ‘’show’’ de compassion du Chef peut laisser libre cours à des interprétations tout aussi justifiables à certains égards. Sans vexer dans un subjectivisme outrancier, on peut à raison reconnaître aux veuves des nombreux jeunes policiers tombés récemment, le droit de revendiquer la compassion du premier béninois. Elles auront davantage raison puisqu’en l’espèce, leurs époux sont morts en voulant défendre la République. Ceux qui parleront en son temps d’injustice n’auront pas tort et c’est en cela que se trouve tout le piège de l’effet média de cette séance. Le Chef sans doute est libre de recevoir qui il veut, mais il n’est pas aussi tenu de montrer à tout le peuple qu’il est touché par le décès du journaliste. Et comme la constitution lui a donné le pouvoir d’être légitimement le Chef des 10 millions de béninois, il ne peut pas échapper aux commentaires inspirés par un désir légitime de justice. Cette année 2014 a été meurtrière pour les flics. L’histoire est si cruelle qu’on a de la peine à s’en rappeler. En effet, le vaillant Gpx Sergio Dènon a été le premier à essuyer les tirs larvés de vils chenapans à quelques encablures de la Clcam de Mènontin. C’était une première et le peuple en était doublement choqué. Un hommage digne du nom lui a été rendu. On avait même eu la chance de voir le visage de la veuve au cours des cérémonies funèbres. Mais après plus rien. Les autres flics tués ont été ensevelis dans l’histoire. Que ce soit celui de l’échangeur de Ganhi ainsi que les autres, on en sait pratiquement rien. Il y en a même dont on continue de cacher soigneusement l’identité. Le carnage de Jéricho la semaine écoulée nous édifie. Et donc, rien qu’à s’en tenir au décompte macabre au sein de la Police, le Chef de l’Etat, s’il lui arrivait d’être inspiré par un quelconque souci de justice recevra assez de veuves au Palais de la Marina. En fait il n’est pas tenu, mais l’effet média l’y contraint fort malheureusement.
Et pourtant, il pouvait leur faire mal
Il n’a certainement pas de son vivant eu la chance d’arpenter devant caméra, le tapis rouge. Le valeureux journaliste n’était pas un laudateur du régime et c’est normal qu’il ne pouvait pas être le bienvenu. Il n’hésitait pas à orienter ses fusils contre le gouvernement quand il croyait qu’il ne pouvait pas tricher avec sa conscience. Ceci a valu à l’équipe de débat du matin de la Chaîne de virulentes critiques du Chef pendant ses envolées à la télé. « Il y en a qui n’ont même pas l’âge de mes enfants. Ils ne savent pas que je peux leur faire du mal…. ». De grâce, n’allons pas au-delà. Mais c’est heureux que la progéniture du disparu ait eu ce privilège que beaucoup de vieillards durant tout leur séjour terrestre n’auront pas, avant de regagner le sépulcre. Le geste est à saluer, mais avec un peu de détachement et de refus d’esclavage du futile, on aurait ouvert les yeux et compris de son vivant qu’en réalité, François était une valeur.