Le pays entier subit de plein fouet les conséquences néfastes de la mal gouvernance dans le secteur cotonnier. Elle se traduit par plus de 49 milliards de Fcfa de perte au cours de la campagne 2013-2014. De plus, le schéma qui se dessine n’augure rien de bon pour la filière. Cela risque d’aggraver la misère ambiante.
Si le secteur cotonnier béninois se porte mal, l’économie nationale en souffre largement. Quand il se relèvera, cela changera le cours des choses. Pour le moment, rien ne va et cela vaut la peine d’être souligné. La place du coton dans l’économie du pays n’est plus à démontrer. C’est pourquoi, dans son état actuel, il n’apporte plus grand-chose à l’économie. Et quand l’économie d’un pays va mal, la vie des populations oscille entre précarité et désespoir. Les indices ne trompent d’ailleurs pas. Une bonne partie de ceux qui sont contraints au chômage proviennent du secteur cotonnier. Ils ont perdu leur job, parce que l’Etat a désarticulé les usines de production, désorganisé la filière, et instauré l’arbitraire comme mode de gouvernance. Ils sont également nombreux à ne plus pouvoir s’assurer trois repas quotidiens. De partout, émergent des cris de détresse appelant au secours parce qu’ils sont perclus de dettes et ne peuvent plus dépenser de l’argent pour participer à la consommation. La mévente s’est généralisée. Dans les bars, bistrots, cafés, restaurants, services, et même dans la rue, le principal sujet de conservation, c’est la situation économique chaotique du pays. Beaucoup sont très remontés et appellent à rompre avec la tranquillité de ce pays. Ils ont tous raison de pester, parce qu’ils vivent dans la précarité. Et quand ils regardent l’avenir, ils s’interrogent sur ce que fait le gouvernement pour ramener l’espoir. Malheureusement, le gouvernement n’a pas de solution face aux problèmes du monde des travailleurs et aux préoccupations du peuple. Lui-même est confronté à des difficultés. La voix la plus autorisée pour l’exprimer, c’est le chef de l’Etat. Dans ses fameuses et chaotiques déclarations de Boko, il a souligné que les élections au Bénin coûtent très cher, évoquant la somme de 100 milliards de Fcfa, représentant le cout des élections depuis 2006 aux législatives de 2011. Au regard de ceci, le chef de l’Etat s’est montré préoccupé par les nouvelles exigences qu’imposent les prochaines élections. A ce propos, Yayi Boni a indiqué que son gouvernement a des ressources limitées et que financer ces consultations relève de l’incertitude. On a tout simplement constaté que le président de la République a avoué les difficultés de trésorerie qu’il rencontre et dont beaucoup sont informés. L’une des raisons de ces difficultés, c’est la mal gouvernance qui caractérise la filière coton. A elle seule, elle apportait au pays l’essentiel de ses ressources. Mais dans le contexte actuel, son apport a considérablement baissé. On devrait s’y attendre dans la mesure où, depuis que la Sonapra joue les rôles des opérateurs économiques privés, les choses se sont gâtées. La campagne 2012-2013 a enregistré une perte de plus de 16 milliards de Fcfa. En y ajoutant, les 49.555.587.302 de Fcfa de perte au titre de l’exercice 2013-2014, l’économie nationale en ressentira les effets. Telle est la situation que l’on vit aujourd’hui.
La Sonapra au banc des accusés
La Sonapra est au cœur de toutes les accusations. La plus retentissante de ces accusations provient de la Fésyntra-Finances, redoutable syndicat des travailleurs des finances, conduit par Laurent Métongnon. L’organisation syndicale constate que la gestion de la filière coton par la Sonapra est tout simplement un gouffre financier. Présentant les différents bilans de la campagne sous la tutelle de cette société et depuis l’arrivée de Yayi Boni au pouvoir en 2006, la Centrale syndicale constate que cette filière de rente qui devrait apporter des devises à la Nation, s’est transformée en un gouffre financier. La reprise en main de la filière par l’Etat, à travers la Sonapra, a donné lieu à plusieurs subventions à elle allouées, sous diverses formes qui sont inscrites au budget national. Cette pratique pose un problème dans la gestion et prouve que le gouvernement est en difficulté. Au départ, le ministre Marcel de Souza a répété sans cesse qu’un seul franc du budget ne sera injecté dans le coton. Dans la pratique, ils n’ont pas pu tenir promesse.