Trouver un bouc émissaire pour ne pas organiser les élections. La dernière sortie du gouvernement au sujet des élections et surtout de la réalisation de la Lépi ne vaut pas plus cela. Six ministres étaient au front pour montrer que le chef de l’Etat se préoccupe de la sortie de crise, mais les propos tenus à cet effet les contredisent.
Le gouvernement de Yayi Boni affirme qu’il ne mettra plus aucun sou dans le processus de correction de la Lépi, alors que le Cos-Lépi demande encore 08 milliards de FCfa pour finir son travail.
Pendant que tout le monde est enclin à reconnaître qu’il y a impasse, le gouvernement y voit le contraire. Au moment où tout le monde s’accorde à dire qu’il est responsable de cet impasse, il voit plutôt que c’est l’Assemblée nationale et le Cos-Lépi. Comme pour effacer son passé trouble et gênant, puis rechercher un bouc émissaire en faisant endosser aux autres la responsabilité de la non tenue des élections. Tous les chemins ne mènent forcément pas à destination. Le gouvernement se trompe largement de chemin en voulant mettre à nu ceux que lui-même a habillés dans le passé en leur confiant des responsabilités et des missions souvent au détriment des intérêts du peuple. Le problème qu’on vit aujourd’hui relève exclusivement de la responsabilité de ce régime qui contrôle tout, décide de tout et planifie tout. Certes, la question des 8 milliards que réclame encore le Cos-Lépi est difficile à démêler. Cependant, beaucoup d’anciens faits laissent entrevoir des racines profondes qu’ont les comportements du gouvernement en place ainsi que les obstacles qu’a rencontrés le Cos-Lépi dans la réalisation des opérations. Avant toute chose, posons la question suivante : Quelle Lépi, l’actuel ministre des Affaires étrangères a-t-il confectionné pour la présidentielle et les législatives de 2011 ? La réponse est connue. Tout était fait pour réaliser le Ko et pour constituer une majorité confortable au président réélu. Nassirou Arifari Bako qui a pris les rênes du Cps-Lépi, ancêtre du Cos-Lépi, a entretenu l’illusion que la Lépi ainsi que le fichier électoral qu’il a réalisés allaient assurer aux Béninois des élections crédibles et sans contestation. Mais, aidé par la Cour constitutionnelle de Robert Dossou, ce dernierjugé aux ordres, il a beau rouler les mécanismes, les élections qui ont suivi se sont révélées catastrophiques et un précédent grave pour la démocratie.
Pas faute d’avoir dénoncé
Et pourtant, l’opposition avait estimé qu’il a y avait de graves lacunes dans le processus de réalisation et qu’il fallait les corriger. C’est dire qu’en accusant l’Assemblée nationale, le gouvernement n’est pas sincère. De même, aujourd’hui, que ceux-là qui ont conduit la Lépi à l’abîme se présentent comme des donneurs de leçons, qu’ils ne s’attendent pas à recevoir des fleurs. A leur place, point besoin de venir au devant de la scène. En les écoutant, l’on pense à l’effroyable système qu’il ont mis en place et qu’ils sont toujours prêts à huiler. Dans leur plan, la Cour constitutionnelle, a eu à écrire noir sur blanc, qu’il n’y aura plus d’élection au Bénin sans la Lépi. Alors que le processus de correction est enclenché, Yayi Boni en profite. Il s’appuie sur sa majorité à l’Assemblée nationale pour imposer le blocus sur les élections locales et communales. Certes, ce verrou a été imposé par le juge constitutionnel, qu’il faut blâmer, mais le blocus a été décidé par Yayi Boni et sa majorité. Aujourd’hui, le président de la République envoie ses ministres lancer des roquettes sur l’Assemblée nationale. C’est une fuite de responsabilité. A l’époque, c’est cette majorité qui a voté contre la modification de la loi instituant la Lépi. Aujourd’hui, si le chef de l’Etat désire vraiment faire bouger les choses ; il n’a pas besoin d’aller crier sur tous les toits. L’intention de cette sortie gouvernementale ce samedi est ailleurs. Si la Lépi suscite autant de tension, c’est parce qu’elle n’a jamais existé et c’est maintenant qu’on s’emploie à en fabriquer pour un montant d’environ 17 milliards de FCfa, moins de la moitié du montant utilisé pour le « machin » de Nassirou Arifari Bako. Présentant tour à tour l’image d’un ange et du diable, le gouvernement a fini par montrer ce qu’il veut réellement. C’est semer la confusion dans la tête des Béninois, en profiter pour gagner sur le temps. Si l’on prétexte de la non-disponibilité de la Lépi pour ne pas organiser les élections à bonne date, c’est la faute au gouvernement. Sa propension à la désinformation et ses faux-semblants à donner les moyens nécessaires au Cos-Lépi pour la conduite des opérations, en sont la parfaite illustration.