La classe politique de l’opposition et la société civile dans les rues le mercredi prochain pour exiger l’organisation des élections. L’annonce a été faite hier dimanche 26 octobre 2014, par le président d’honneur du parti « Alternative citoyenne ». Reçu sur l’émission Cartes sur table de la radio Océan Fm, Joseph Djogbénou a invité tout le peuple béninois à se mobiliser pour exiger le respect des normes démocratiques. Lire un extrait de l’émission.
Océan Fm : Pourquoi l’avocat que vous êtes a décidé de se lancer dans la politique ?
Joseph Djogbénou : L’avocat, c’est d’abord un citoyen et un citoyen engagé ; un citoyen au milieu des siens vivant des difficultés des siens et aspirant tout de même à un meilleur épanouissement des siens. Je suis un Béninois parmi les Béninois et souhaitant vivre heureux avec les Béninois. Et de ce point de vue, en raison de ce que les maux dont souffre notre pays sont des maux politiques en raison de ce qu’il y ait une sorte d’existence, il y a une sorte de nécessité d’engagement dans l’action politique. Nous avons pensé avec beaucoup d’amis qu’il faille intégrer les forces politiques. Les solutions ne viendront pas d’ailleurs ; les solutions viendront du Bénin.Les solutions viendront de l’offre politique que les uns et les autres proposeront.
Faut-il attendre le Cos-Lépi ?
Tous les protagonistes doivent s’engager résolument et positivement dans l’organisation. Ce n’est plus à bonne date malheureusement l’organisation des élections. La paix de demain dépend de la réitération des mandats aujourd’hui, dépend de la confiance à solliciter de nos populations. Il y a une dimension économique dans la tenue des élections, dans la tenue des promesses politiques ; les investissements que notre pays attend dépend également de l’organisation et de la tenue de ces élections ; j’ai une grosse crainte, et je pense que cette crainte est partagée. Nous allons droit dans le mur. Pourquoi ? Parce que les élections ne sont pas organisées ; parce que les incertitudes les plus graves tournent autour de ces élections ; parce que le discours politique n’est pas un discours cohérent. Lorsqu’il y a incertitude, lorsqu’il y a absence de cohérence, lorsqu’il a crainte, vous avez tous les ingrédients pour faire exploser un pays alors ce qu’il faut c’est que nous puissions nous engager absolument de la manière la plus résolue possible pour tenir les élections. J’observe bien et j’ai bien entendu Monsieur Boni Yayi, président de la République dire qu’il souhaite que les élections municipales soient organisées en 2014 ; Et ensemble, nous puissions faire en sorte qu’au plus tard, en janvier 2015, les élections municipales soient organisées. C’est la condition sine qua non pour que les élections législatives soient organisées dans la qualité attendue.
Donc selon vous il faut attendre le Cos-Lépi ?
Je ne dis pas qu’il faille attendre le cos-Lépi. Je considère que ce sont les citoyens qu’il faut attendre, que ce sont les politiques qu’il faut attendre. Le Cos-Lépi est un organe administratif. Ce sont les politiques qui prennent les décisions ; ce sont les institutions de la République qui prennent les décisions. Peut-être oui. Le parlement, il faut de notre point de vue, une loi nécessairement dérogatoire pour permettre bien entendu de tenir les élections dans le temps, que nous n’avons plus. Il faut assouplir les règles, en ce qui concerne la liste électorale.
Donc il faut mettre un trait rouge sur la Lépi pour le moment ?
Je ne pense pas.
Est-ce qu’avant mars 2015, la Lépi serait possible ?
Vous devez poser la question au Cos-Lépi. Les responsables que nous avons considèrent que nous n’aurons pas la Lépi de toutes les manières dans un délai raisonnable ; mais la cour constitutionnelle considère que sans la Lépi, on ne peut pas organiser des élections. Ce sont des éléments de langage. La Lépi, c’est la liste électorale permanente informatisée. C’est un processus. Nous pouvons avoir dans la liste électorale permanente informatisée, la liste électorale adaptée à chacune des élections. Faisons les choses avec sagesse, avec lucidité. Personne, aujourd’hui, ne dira qu’il ne faille pas avoir la Lépi. La cour constitutionnelle ne nous permettra pas d’avancer mais dans la Lépi il y a la liste électorale. Il faut que nous ayons la liste électorale. Et bien entendu, dans ce que le cos-Lépi est en train de proposer, il y a possibilité d’avoir une liste pour aller aux élections municipales.
Vous êtes un agrégé de droit. Nous sommes face aujourd’hui à un blocage. La cour constitutionnelle dit qu’on ne peut organiser les élections sans la Lépi. Qu’est-ce qu’il faut faire concrètement ? Quelles sont les propositions que vous faites ?
Vous faites l’état des lieux aujourd’hui : vous avez le président de la République Boni Yayi. Il dit, il faut organiser les élections en 2014. Il dit qu’il est prêt. C’est une force politique avec sa majorité, sa majorité gouvernementale. Il dit qu’il est prêt pour que les élections municipales soient organisées en 2014. Premier constat, vous avez la grande majorité des forces politiques de l’opposition qui disent qu’il faut organiser les élections. Vous avez l’ensemble des citoyens qui sont en attente des élections Vous n’aurez pas la Cour constitutionnelle qui considérera le contraire alors que le président de la République, sa classe politique, la plus large possible, l’ensemble des citoyens voudraient organiser les élections, et qu’il y ait une autre décision. La seule possibilité, c’est cette concertation très large qui va prendre appui sur ce que nous avons, sur le niveau auquel le Cos-Lépi est arrivé sur l’attente de la Céna en vue d’organiser les élections.
Concrètement et matériellement, il ne reste que cinq mois. Quel calendrier faut-il adopter ?
Il ne faut pas coupler les élections. Si vous couplez, vous aurez les mêmes matériels. Et tout le reste et s’il y a contestation, il faut concilier les uns les autres. C’est le prétexte pour la grande fraude et pour le désordre total. Il ne faut pas coupler. Cela dit, vous entendez les autorités du Cos lépi qui vous disent que dans tous les cas, le 30 novembre, ils vont produire un résultat. Vous entendez la cour constitutionnelle qui dit qu’elle attend le cos-lépi le 30 novembre ; vous avez un événement au plus tard le 30 novembre ; qu’est-ce qu’on va nous transmettre ? Serait-ce la liste électorale permanente informatisée ? Inquiétude interrogations, on n’est songeur par rapport à ça. Serait-ce une liste électorale adaptée à la situation ? C’est fort possible. Dans tous les cas, il y aura, semble-t-il, un résultat.
Il y a nouvelle donne : Sacca Lafia demande encore 8 milliards…
Les chiffres importent peu. Les uns et les autres ont une obligation de résultat. Le Cos -Lépi n’est pas une institution à durée indéterminée. Il doit travailler dans le cadre de ses limites temporelles, de ses limites matérielles, de ses limites intellectuelles. Et la promesse est une dette. Cette promesse a été faite à tous les organes, à toutes les institutions de la République et aussi à nos concitoyens. Donc, nous considérons qu’au plus tard le 30, le Cos-Lépi doit produire un résultat et transmettre un instrument à la commission électorale nationale autonome de sorte qu’à partir de ce que le Cos-Lépi aura transmis à la Céna les discussions seront ouvertes. Il appartiendra à la Cena de faire le meilleur usage dans le cadre des élections municipales. A partir de ce moment, tout calendrier est possible pour faire en sorte qu’en ce qui nous concerne, nous puissions avoir les élections municipales au plus tard en janvier 2015. Nous souhaitons que ce délai ne soit pas dépassé et nous allons œuvrer avec toutes les forces politiques pour que ce résultat soit atteint.
SaccaLafia avait promis livrer la Lépi en septembre. C’est venu octobre, novembre, décembre et bientôt en janvier.
Je suis d’accord avec vous. Des promesses déplacées depuis janvier, on dépasse les limites. Mais il y a une limite qu’on ne peut plus déplacer. Je fais confiance à cette forme d’engagement de la cour constitutionnelle qui prend acte de ce qu’on lui a dit que le 30 novembre, au plus tard, la Céna aura à disposition une liste. Serait-elle la liste électorale permanente informatisée ? Nous attendons de voir. Mais quel que soit ce que l’on va transmettre à la Cena, des dispositions pourront être prises pour que la Céna puisse organiser les élections dans le meilleur délai ; je veux dire les élections municipales. Il n’est pas dit que lorsque le Cos-Lépi aura fini dans les moyens et dans les circonstances qui sont les nôtres aujourd’hui, de transmettre une liste quelconque à la Céna, que le processus ne va pas se poursuivre. Le processus, bien entendu, pourra se poursuivre dans l’amélioration de la qualité de ce qu’on aura transmis pour mieux préparer les élections législatives. Mais il n’est plus possible de reporter indéfiniment les élections municipales.
Vous avez certainement suivi le chef de l’État Yayi Boni hier sur la télévision nationale. Il a déclaré que le Cos-Lépi est en train de gruger le peuple béninois…
Première chose, regarder la télévision nationale, est quasiment une douleur
Pourquoi c’est une douleur ?
C’est une douleur parce que vous ne voyez qu’une seule personne tout le temps matin midi et soir. C’est comme si c’est une photographie affichée. Vous quittez votre domicile le matin, vous voyez le président. Vous venez à midi, vous voyez le président.Vous revenez encore le soir, vous voyez le président. Cela dit, si cela plaît ainsi aux journalistes de la télévision nationale, je leur souhaite bonne chance.
Mais bien sûr, s’il considère que le cos-lépi gruge, c’est son opinion. Ne nous laissons pas tromper. Boni yayi agit comme un général d’armée. Il fait de la diversion. Identifions là où se trouve le problème, non pas les feux qu’il allume de part et d’autre. Considérons que quelle que soit la situation, ce que le cos-lépi aura produit, il faut le transmettre à la Céna. Avec la Céna il est possible de travailler bien entendu avec l’accompagnement de l’Assemblée nationale et la compréhension de la Cour constitutionnelle.
Une question des auditeurs : est-ce que la cour constitutionnelle est indépendante à travers ses décisions ?
C’est un grand débat .Vous voyez la composition de la Cour constitutionnelle, ce n’est pas la même que la composition de la cour d’appel ; ce sont des personnalités désignées par des politiques ; ce sont des personnalités dont la formation initiale n’est pas de juger ; ce sont des personnalités qui ont une source de provenance politique et qui sont de diverses obédiences et, au-delà, c’est l’appréciation de celui qui désigne. De l’appréciation de celui qui désigne, dépend la qualité du travail des membres de la cour constitutionnelle. Je ne souhaite pas avancer plus. Si celui qui désigne a une très haute idée de la fonction ou de l’apport institutionnel de la cour dans notre démocratie, il désignera des personnes de qualité ; s’il n’a pas une très haute idée de la contribution de la Cour, et bien, vous aurez des résultats aux antipodes de ce que l’on souhaite.
Vous insinuez une réforme de la Cour constitutionnelle ?
On ne va pas tous les jours réformer les textes, il faut réformer les hommes. Je pense que notre problème c’est le refus de la prise en compte de la qualité du choix politique. Le choix politique le plus important, c’est le président de la République. Si nous faisons, à l’occasion, de l’élection présidentielle un choix politique complaisant, nous aurons des institutions complaisantes ; parce qu’il est le moteur de l’administration, il est le moteur des institutions. S’il n’a pas une conscience très élevée des institutions, s’il n’a pas une connaissance assez approfondie de la République, vous pouvez tous les jours modifier la constitution.
On a connu la Cour Pognon, la Cour Ouinsou, la Cour Dossou et maintenant la Cour Holo. Quelle est votre préférence ?
Je pense quand même que la première formation de la Cour constitutionnelle est le modèle comme la première composition de l’Assemblée nationale. Je pense que nous sommes de plus en plus dans une sorte de regret de constater que les premiers sont toujours les meilleurs. Mais ceux qui sont là, ont de très grands et très beaux défis à relever parce que les moments que nous allons traverser sont les moments les plus importants de notre vie ; la vie de notre pays aujourd’hui, parce que les décisions qui seront prises dans les mois à venir, sont des décisions qui engagent la survie du pays.
Ne pensez-vous pas que l’inconstitutionnelle concertation périodique des présidents d’institutions de la République inhibe les compétences des institutions de contre-pouvoir ?
Je voudrais vous dire que je ne suis pas favorable à cette concertation. Elle est totalement inconstitutionnelle. Elle est totalement injustifiée ; elle est incestueuse parce que les institutions comme la Cour constitutionnelle, comme la Cour suprême et les autres institutions sont intégrées dans la Constitution pour servir de contrepoids au pouvoir exécutif. Le fait de les organiser de la manière la plus informelle et de procéder à cette concertation sur des sujets dont, par ailleurs, chacune des institutions pourrait connaître en tant qu’organe juridictionnel pour certaines, c’est là, l’inceste. Il faut bien comprendre peut-être subodorer la cause de regroupement informel. On a compris.Lorsqu’on lit le financement de la Cour, les premiers moments, on a compris qu’une Cour vraiment indépendante, manifeste, exprime son autorité. Elle fait l’objet de moins de financement de la part du trésor national et que si des institutions sont dans une concertation festive avec le chef de l’État…
Pourquoi ce sont les présidents d’institutions, les présidents originaires du Nord qui se sont réunis la dernière fois ?
Je ne suis pas dans ce débat. D’ailleurs, je n’étais pas au pays. Deuxièmement, comment identifier dans chaque gène, dans chacun de nos globules blancs, globules rouges, la partie qui est du Nord ou du Sud ? Quand vous qualifiez Madame le président de la Haute cour de justice, vous allez la mettre où ? Nord ou Sud ? Je pense qu’il y a sans doute eu des circonstances. Est-ce que ces circonstances sont heureuses ? Je ne sais pas. Est-ce qu’on a voulu exclure une personne ? Peut-être pas à cause de son affiliation ou de sa proximité régionale, peut-être à cause de ses intentions politiques, peut-être à cause de son indépendance ouverte. Je souhaite que dans notre débat, que nous puissions le plus possible éviter de chercher en chaque être humain quel est le globule blanc du Nord et quel est le globule rouge du Sud.
Face à l’incertitude d’organiser des élections à bonne date, notre constitution ne risque-t-elle pas de prendre un coup, elle qui bat tous les records ?
Notre constitution n’est plus la constitution de tous les records. C’est quoi le record ? Le record, ce n’est pas seulement de vieillir. Le record, c’est de faire des choses très bonnes et très belles. Est-ce que nous en avons fait vraiment de très bonnes ? La question peut se poser. Et d’autant que, par ailleurs, nous le réussissons pas à organiser les élections les plus élémentaires, l’intérêt de la question est entier. Si nous n’organisons pas les élections législatives, il y aura, j’imagine, et je le crains, une catastrophe institutionnelle.
Votre appréciation sur les propos des ministres qui demandent au peuple de destituer le Cos-Lépi…
Il ne faut pas regarder les phénomènes à la superficie. Le gouvernement ne peut pas appeler les citoyens à faire démissionner les institutions administratives. Le gouvernement a une part considérable dans la composition du personnel de ces institutions. Il sait ce qu’il a à faire. S’il considère que bien entendu les objectifs fixés ne sont pas atteints, nous sommes dans une situation politique. Nous avons en face de nous, un groupe politique qui considère qu’il est dans une situation de guerre. Et dans une situation de guerre, il fait de la diversion, ce groupe politique. Ne succombons pas à cette facilité de le suivre dans cette diversion.
Un auditeur vous demande pourquoi vous peignez en noir tous les efforts du président de la République ?
Je ne sais pas quel âge il a. Je ne sais pas s’il a des enfants. Je ne sais pas s’il vit dans ce pays. Au fond, je suis un être humain et j’ai des voisins. J’ai de la famille et je vois comment chacun de nous se débrouille. S’il a, lui, une solution positive dans sa vie depuis 2006, il considère que Boni Yayi a très bien fait. Je le félicite. Ce n’est pas parce que nous sommes des Africains que nous allons nous complaire aux réponses banales. Nous devrons rechercher le meilleur. Depuis 2006, qu’est-ce que nous avons fait de concrètement positif, de concrètement important, de concrètement durable ? Regardez le coton, regardez le port, regardez l’Assemblée nationale ou regardez les grands projets que l’on nous a indiqués. Regardez le respect même de ce que nous avons dans la constitution, le programme politique que nous avons dans la constitution, l’organisation des élections. Regardez le fonctionnement des institutions et si vous considérez que vous allez vivre dans ce pays longtemps, que vos enfants vont vivre dans ce pays, il faut ne pas être insensible à cela. Nous pouvons faire mieux. Et nous devrions chacun œuvrer à ce que, bien évidemment, celui ou celle qui va venir, nous donne à rêver davantage et nous donne à considérer que le Bénin, à l’instar d’autres états, peut se développer. Il ne me semble pas que nous ayons cette opinion, en tout cas, la grande majorité des Béninois aujourd’hui. Et nous ne peignons pas en noir la personne de Boni Yayi. Il a sans doute une vision politique, sans doute, a eu des projets politiques mais c’est le système qu’il a lui-même instauré, système de célébration de l’incompétence, système de confection de projets sans aucune lucidité, sans aucune expertise dans l’administration des projets et le résultat. C’est ce que nous avons, la perte de nos intelligences. Je ne peux pas vous dire quand je suis à Paris combien de Béninois me disent je viens d’avoir la nationalité française il y a 10 ans vous avez très peu de Béninois qui disent cela combien de jeunes vous interrogent ? Je rencontre les jeunes. Il y a quelques mois, l’un parmi eux dit, Monsieur le professeur, il a à peine 20 ans, je veux répudier la nationalité béninoise. C’est une déception, c’est une déception lamentable pour nous qui sommes restés au Bénin, qui avons rêvé du Bénin et qui avons profité du Bénin. Il faudrait que ça ne nous arrive plus. Le défi à partir de 2016, c’est de faire en sorte qu’il y ait moins de Béninois à l’extérieur. Il n’y a aucun pays qui puisse se complaire de ce qu’il a une grande diaspora. Il faudrait que les enfants restent à la maison, que les intelligences restent à la maison. Ils sont maintenant de plus en plus nombreux. Western Union est un partenaire privilégié pour le Bénin ; il faudrait éviter cela. De plus en plus de Béninois recherchent des nationalités étrangères ; ça, c’est le résultat de la gouvernance Boni Yayi. Le dire, ce n’est pas le peindre en noir ; c’est dire exactement ce qu’il a fait. Mais il faut se projeter dans l’avenir et s’engager à faire mieux et proposer un projet politique qui fasse mieux.C’est dans ce débat que nous sommes.
Vous projetez d’organiser une marche très prochainement. Dites-nous qui sont les initiateurs de cette marche et pourquoi ?
D’abord pourquoi ? Il faut que chacun manifeste son vouloir d’élections, ce n’est pas suffisant de rester sur Facebook et de dire les élections ne sont pas organisées. Ce n’est pas suffisant de rester sur les réseaux sociaux, ce n’est pas suffisant de rester dans sa chambre, ce n’est pas suffisant de se rapprocher de certains et dire ce que nous vous faites, c’est très bon, nous sommes avec vous. Chacun doit exprimer son vouloir d’élections. Ce n’est pas un problème des politiques seulement. Ce n’est pas un problème des personnalités publiques seulement ; c’est d’abord un problème des citoyens : le vouloir des élections. Je pense que chacun a l’obligation et plus que l’obligation, le devoir. Il y a un aspect moral, d’encourager le président de la République à organiser les élections. C’est une forme d’encouragement au gouvernement que nous proposons le vouloir des élections. Il faut que chacun, par le vouloir des élections, exprime le vouloir de la paix, exprime le vouloir d’une gouvernance de qualité. Parce que, à travers les élections de qualité, on choisit les hommes et des femmes de qualité. C’est pour cela que nous avons considéré qu’à côté des initiatives politiques que certains sont en train de prendre et fort heureusement, il faudrait que nous évitions nos populations à exprimer ce vouloir d’élections. C’est l’objectif. Cette manifestation, et je l’espère festive, joyeuse, est organisée par le personnel politique de la manière la plus large.
Les Béninois de 1960, sont moins nombreux que les Béninois de 2014. Le territoire en 1960 était plus grand que le territoire de 2014, parce que nous n’arrivons pas à protéger nos frontières. Les choix que nous allons faire, ce sont des choix politiques, c’est au travers des élections. Si vous voulez la paix de même pour votre famille, pour vos enfants, parce que les Béninois aiment que l’on parle d’eux, que l’on trouve des solutions pour des préoccupations quotidiennes, il faut nécessairement vouloir des élections. C’est ce que nous recherchons. Et moi, je serai de la partie, parce que je veux que la paix règne.
Comment analysez-vous la passivité des Béninois actuellement face à toutes les atteintes contre la démocratie ?
Il y a la politique du maintien d’un système par l’appauvrissement de la population. Nous avons des compatriotes qui sont de plus à plus appauvris. ce point de vue, le minimum que l’on puisse leur trouver, vous avez entendu le chef de l’Etat, hier, il disait quelque part combien ils vont vous donner. Donc, pour lui éviter des concitoyens à marcher, c’est leur donner de l’argent. C’est l’esprit, on a appauvri la population, on les domine par l’argent.
Est-ce que cela ne veut pas dire a contrario que lui, en invitant les gens à marcher, que c’est aussi payant ?
Je suppose que c’est cela. Donc, il y a cette première raison. Il y a la domination par l’argent, il faut nous en sortir. Dans chaque société, il y a un seuil de tolérance en 1989. A la fin des années 80, le seuil de tolérance a été dépassé par le régime alors en place. C’est pour cela que nous avons ce que nous appelons la conférence nationale. A un moment donné, le seuil de tolérance sera dépassé. Et quand on dépasse le seuil de tolérance d’une société, vous n’arrivez plus à la contenir. J’espère que nous n’allons pas dépasser ce seuil de tolérance. Mais ce que vous dites est vrai ;
Vous voulez marcher. Mais Yayi Boni a suggéré samedi que vous veniez discuter, plutôt que de marcher….
Je pense que la discussion est possible, Yayi Boni étant un acteur politique. Les partis qui le soutiennent sont aussi un organe politique. Toutes les forces politiques et sociales qui veulent la paix, et qui sont éprises de progrès, sont aussi prêtes à discuter avec lui. Mais il faut encourager Yayi Boni. L’encourager, c’est de lui monter la volonté manifeste des populations, et lui faire comprendre que ce ne sont pas seulement les personnalités qui veulent des élections, mais la population à la base. Donc, la manifestation aura lieu. Elle est nécessaire. Et chacun doit y apporter sa contribution. Cela dit, la discussion est ouverte. Mais l’on doit garder à l’esprit que nous sommes des adultes, et l’on ne doit pas jouer avec les résultats. On ne peut pas transiger avec l’organisation des élections, et il n’aura pas de révision de la Constitution.
Il y a une question qui revient avec insistance. Que se passera-t-il si les élections législatives n’avaient pas lieu ?
Ce qui va se passer ne sera pas glorieux. Ce sera la porte ouverte à toutes les situations. Je n’ose pas imaginer ce qui va se passer. On peut même préparer l’instruction des élèves dans un autre pays. Il faut amener Yayi Boni à la raison. Il doit aspirer à la paix. Je constate par ailleurs qu’il est fatigué. Pendant les 24h que dure une journée, il veut répondre à tout le monde. Dites-lui de se reposer. Il faut qu’il aille préparer sa retraite. Diriger un pays comme le Bénin pendant dix ans, ce n’est pas une mince affaire. Organisons les élections. Un peuple qui n’avance pas, recule. Ce que nous avons vécu en 1989, est suffisamment grave.
Nos auditeurs veulent plus de précisions sur la marche.
La marche aura lieu le mercredi 29 octobre 2014. Si vous avez un T-shirt rouge vous le mettez. Le comité d’organisation mis en place va renseigner sur l’itinéraire et les dispositions qui sont prises. Chacun doit faire le programme d’offrir la journée du 29 à son pays. Nous allons rester ensemble pour dire que nous voulons la paix, parce que réclamer la paix, aboutit à l’organisation des élections.
Pensez-vous que Yayi Boni quittera vraiment le pouvoir en 2016 ?
Je n’ai pas les éléments probants qui me rassurent du contraire. Un président de la République qui, à moins de dix-huit mois de la fin de son mandat est dans toutes les campagnes tout le temps, se considère comme le leader de sa majorité. Nous n’avons pas d’éléments probants qui nous convient à considérer que Monsieur Boni Yayi ne se représentera pas. Mais lui, n’est pas le problème. C’est à nous de le rassurer de son départ en 2016. Nous devons tous nous mobiliser.
Êtes-vous candidat en 2016 ?
Il y a des préalables. Le premier, c’est que les élections aient lieu et c’est ce combat qu’il faut faire. Après les Communales, Municipales et Locales, chacun ce positionnera, et je contribuerai à la qualité de la sélection. Je ne m’y déroberai pas. La priorité pour le moment, ce sont les élections Municipales, Locales et Communales. De ce point de vue, je vais m’y mettre moi-même, pas parce que je suis candidat, non ! Mais, il faut que les élections municipales locales et communales soient organisées. Mettons nos forces intellectuelles, nos forces financières, matérielles, spirituelles en œuvre pour que les élections municipales et les élections législatives soient organisées.
Si le 29 prochain, le Directeur général de la Police nationale interdisait la marche, que feriez-vous ?
On n’est pas des adolescents. Les marcheurs du 29 prochain ne sont pas des malfrats qui tirent sur les policiers. Je pense que les policiers auront à choisir entre les marcheurs du 29 prochain et les malfrats. S’il y avait des mesures d’interdiction nous savons ce que nous avons à faire. Nous sommes des légalistes, nous n’irons pas à la marche avec des lance-pierres, avec des armes nous irons à la marche les mains nues. Si on nous empêche de marcher, nous ne marcherons pas .Cela dit, chacun fera face a ses responsabilités. Nous n’aurons rien, évitons d’avoir peur. Un peuple qui a peur est déjà au cimetière.
Qu’en est-il exactement du refus de renouvellement de passeport à Patrice Talon et à Olivier Boco ?
C’est avéré qu’un citoyen à qui on ne reproche absolument rien, ne peut pas avoir ce document de voyage ? Peut-être, a-t-on des craintes quelque part. Pour rappel, les décisions de la Cour d’appel et les décisions du juge d’instruction sont des décisions définitives. Nous attendons donc de voir.
Comment faire pour être membre de votre parti politique ?
Pour devenir membre du parti Alternative citoyenne, on peut nous joindre sur le 97 00 00 33.
Votre mot de fin
Je vous remercie de cet accueil et remercier vos auditeurs, nos compatriotes de l’intérêt qu’ils ont à ce que nous posons comme problématique. Si nous ne savons pas faire, le Bénin est en voie de disparition, nous ne pouvons pas être indifférents. Notre pays fait peur et n’attire plus personne. Aujourd’hui, notre pays est classé commission alerte précoce, situation de crise dans les foras internationaux. Nous devons faire en sorte que notre pays ne soit pas placé sous les auspices des Nations unies, que la Fao ne puisse pas régner dans notre pays. Si nous ne faisons rien, nous allons nous mettre désormais en rang pour prendre du pain au fond alimentaire mondial. Nous ne voulons pas cela. Il faudrait que chacun puisse se lever.