« C’est un budget inconsistant qui rend également inconsistant le taux de croissance de 6% prévu pour 2015. Il s’agit donc d’un budget non crédible ». C’est à cette conclusion que le spécialiste des questions économiques de l’Alliance ABT a abouti après son analyse des différents postulats sur lesquels le gouvernement a élaboré la loi des Finances exercice 2015.
C’était ce lundi 27 octobre lors d’une conférence de presse qu’il a animée au siège de l’Alliance ABT sis au quartier Guinkomey à Cotonou. Et pour étayer ses affirmations, le professeur Sébastien Azondékon, Professeur titulaire d’économie et de gestion à l’université du Québec, part d’une démarche analytique des quatre différentes hypothèses à partir desquelles le budget est établi pour en extraire leurs faiblesses avant de faire des propositions aussi bien au gouvernement qu’aux parlementaires.
Première hypothèse : la poursuite des réformes portuaires. Sur ce postulat, Sébastien Azondékon pose le diagnostic suivant : l’inefficacité des réformes portuaires engagées a révélé la baisse de ses performances, notamment sur ce qui concerne la diminution drastique du taux de fréquentation des opérateurs économiques qui préfèrent plutôt le port du Togo. Pour ce qui concerne la 2ème hypothèse, elle est intitulée : augmentation de la production agricole, notamment des produits vivriers.
Là, le Professeur Sébastien Azondékon relève un paradoxe. Selon ses explications, s’il est légitime de concevoir le budget sur la base de ce postulat, il paraît bien paradoxal de réaliser que le crédit affecté à cette hypothèse est bien insignifiant au point d’être réalisable. « Seulement 50 modiques milliards de Francs CFA sont affectés à ce postulat. C’est un paradoxe qui nous permet d’affirmer qu’il s’agit d’une hypothèse difficilement réalisable », a fait observer le conférencier. Quant à l’hypothèse 3, elle est intitulée : augmentation des investissements publics. Pour Sébastien Azondékon, ce postulat révèle toute sa fragilité si l’on s’en tient aux nombreux cas d’éléphants blancs que le gouvernement a déjà enregistrés. Pire, selon ses dires, l’état des routes qui fait perdre inutilement du temps ne pourra en aucune manière encourager les investisseurs à investir dans le pays. Pour ce qui concerne la 4ème et dernière hypothèse, elle est relative à l’amélioration du climat des affaires. Un postulat tout aussi fragile et irréalisable comme les trois premiers au regard des analyses du conférencier.
D’autant plus que le climat des affaires au Bénin est considéré comme mauvais, ce que les partenaires n’ont jamais cessé de dénoncer. Au regard de ces analyses alors, le conférencier, au nom de l’alliance ABT propose au gouvernement de revoir ses ambitions en faisant preuve d’objectivité et de réalisme dans ses prévisions. Conserver le budget exercice 2014 exécuté à seulement 48% à ce jour serait donc, selon le conférencier plus raisonnable que le budget actuel soumis à l’examen des parlementaires. Surtout que l’année 2014 étant une année électorale, devra également apporter son lot de remous qui vont inévitablement influencer les réalisations de recettes.
Komi Koutché invité plus de sérieux
Spécialiste des questions économiques, le professeur Sébastien Azondékon se désole aujourd’hui du comportement qu’adopte le Ministre de l’économie et des finances, Komi Koutché. Il en est ainsi parce que selon ses dires, il a fait preuve d’une certitude démesurée dans l’élaboration du budget exercice 2015. Ce qui rend du coup irréaliste le budget étant donné qu’il s’est bien écarté des réalités actuelles du pays. Pire, pour Sébastien Azondékon, il est impensable de voir un ministre des finances s’adonner à du populisme constant sur le terrain, désertant ainsi son bureau, son cadre de travail par excellence.
Car, selon ses explications, étant l’argentier national, le ministre de l’économie et des finances se doit de se concentrer sur sa mission pour sortir le pays du marasme économique dans lequel il se trouve. Le Professeur Sébastien Azondékon l’invite alors à prendre la mesure de ses fonctions afin d’éviter les entorses portées aux valeurs cardinales qui devraient guider tout bon ministre de l’économie et des finances.