Période d’intenses activités pour les partis politiques de l’Opposition dans la plupart des pays africains. De Ouagadougou à Kinshasa en passant par Kigali et Bujumbura, le torchon brûle depuis un certain temps entre les organisations politiques et les différents régimes en place dans ces pays. Hier mercredi 29 octobre, le peuple béninois est descendu à son tour dans la rue pour défendre, à l’appel de ses leaders, la « démocratie en danger ». Cette situation qui met en ébullition l’ensemble de la classe politique béninoise, a été créée par la décision du pouvoir de reporter la date des élections locales. Les autorités de Cotonou évoquent des difficultés d’ordre financier, technique et organisationnel, pour justifier la décision de report de ces élections locales. Une version qui ne convainc pourtant pas du tout l’opposition politique et la société civile, qui y voient plutôt une ruse du pouvoir visant à prendre en otage la démocratie béninoise. Une suspicion renforcée par l’attitude du président qui tend à laisser croire à une volonté de sa part, de tripatouiller la Constitution du Bénin pour prétendre à un troisième mandat.
Quand on connaît le Bénin et son attachement à la démocratie, on peut, sans vouloir mettre en doute la bonne foi du gouvernement de Yayi Boni, admettre que cette agitation et cet appel à la vigilance de la part de l’Opposition, n’est pas dépourvue de bon sens. Ce pays que l’on se plaît très souvent à citer comme modèle de démocratie sur le continent, doit en effet sa réputation au dynamisme de ses leaders politiques, à leur capacité à lire les signes du temps et à anticiper sur les situations.
L’Opposition béninoise n’aura pas à rougir d’avoir fait preuve de vigilance
Premiers en Afrique à expérimenter la conférence nationale, les Béninois ont très tôt montré leur attachement à un système politique dans lequel l’alternance est sacrée et tout pouvoir personnel ou absolu, proscrit. Fort de ces acquis, le peuple béninois n’est pas prêt à se laisser marcher sur les pieds, surtout que les deux quinquennats de l’actuel locataire du palais présidentiel, Yayi Boni, lui ont laissé un goût mi-figue mi-raison pour ce qui concerne la transparence dans la gouvernance.
On comprend donc pourquoi un report d’élections locales provoque une telle levée de boucliers, alors que dans d’autres pays comme le Burkina, la RDC ou le Rwanda, on s’apprête même à entonner le requiem de la Constitution du pays.
En attendant que les jours à venir nous situent sur les intentions réelles du gouvernement béninois à propos de ce report des élections locales, il convient de saluer la clairvoyance, le sens de l’anticipation et l’esprit de culture démocratique des leaders de l’Opposition politique béninoise. Une culture démocratique qui se renforce au fil des événements politiques dans le pays.
Si demain l’histoire confirme, comme il faut le souhaiter, la bonne foi du président Yayi Boni, l’Opposition béninoise n’aura pas à rougir d’avoir fait preuve de vigilance en faisant descendre ses militants dans la rue, un matin d’octobre. La politique, après tout, c’est l’art d’anticiper. Et sur ce point, beaucoup de leaders politiques africains gagneraient à aller à l’école de leurs confrères du Bénin.