La vindicte populaire a encore frappé dans la ville de Cotonou. Les habitants du quartier Houéyiho se sont rendu justice eux-mêmes dans l’après-midi de ce lundi 3 novembre 2014 au mépris de la loi. Leur victime, un homme accusé d’avoir volé des chaussures. Violemment battu et abandonné au pied du passage supérieur de Houéyiho, le pauvre n’a pas survécu à ses blessures, manifestement très graves.
La Police : complice ou négligente ?
D’après un témoin rencontré sur place, le présumé voleur de chaussures a d’abord été conduit au commissariat de Vodjè après avoir été battu par la population. Il se trouvait déjà alors dans un état critique. Curieusement, la police a non seulement opposé un refus catégorique de recevoir la plainte des populations, mais elle a également abandonné le jeune homme agonisant aux mains de la foule. Les policiers auraient demandé à la foule d’emmener l’homme aux soins avant de le ramener au commissariat. Bonne ou mauvaise appréciation ?
Renvoyé du commissariat, le groupe de personnes qui détenait le présumé voleur l’a tout simplement abandonné près du passage supérieur de la zone. C’est là qu’il est mort. Toutes les tentatives pour recueillir l’avis des responsables du commissariat de Vodjè ont été vaines.
Réactions disproportionnées
Il est évident que le Bénin traverse actuellement une grave situation d’insécurité. Depuis le début de l’année près d’une dizaine de braquages ont secoué la ville de Cotonou et ses environs. Ces différentes attaques de malfrats ont laissé de nombreux dégâts matériels avec des pertes en vies humaines à la clé (y compris dans les rangs des forces de l’ordre). Le dernier en date remonte à deux semaines environs.
Tout ceci a pu certes renforcer la paranoïa des populations et mettre ces dernières sur le pied de guerre. Cependant, il ne serait pas exagéré de qualifier de tragédie la mort violente et brutale de l’"homme de Houéyiho". Le fait mérite cet attribut d’autant plus que l’objet du forfait est aussi ridicule que négligeable. Il ne s’agit pas d’encourager le vol mais d’appréhender la sanction à la mesure de la faute. On parle bien de chaussures. Mieux, d’après le témoignage recueilli sur place, la victime serait un vendeur de "fanyogo". Ce serait donc un citoyen bien connu dans les entourages qui exerce habituellement un travail. Pourtant, nul n’aurait le droit de se faire justice.