Election au poste de Directeur régional de l’Oms pour l’Afrique:Yayi, complice de l’échec de Kindé-Gazard
En fin de matinée d’hier mercredi 05 novembre 2014, la nouvelle Directrice régionale de l’Organisation mondiale de la santé (Oms) pour l’Afrique a été élue. C’estla candidate de la région australe, Dr Moeti Rebecca Matshidiso du Botswana qui a remporté la victoire face aux quatre autres concurrents. La Béninoise Dorothée Akoko Kindé-Gazard, contrairement aux attentes de ses compatriotes, n’a pas obtenu le meilleur score au second tour. Son échec, au-delà des nombreuses explications, est particulièrement imputable au président Yayi Boni et à son système pour défaut de soutien. Cet échec est en conséquence celui du président de la République lui-même qui ne pense qu’à son égo.
Enième coup d’échec pour la diplomatie béninoise ! Les informations qui ont circulé à quelques jours de cette élection du nouveau Directeur régional de l’Oms pour l’Afrique ont été confirmées. Le Professeur Dorothée Akoko Kindé-Gazard n’a pas eu le soutien nécessaire qu’il fallait pour se faire élire à cet important poste au nom du peuple béninois. Tout le tort est revenu au gouvernement qui a manqué d’apporter à la candidate du Bénin son appui. D’abord, nos sources indiquent qu’un montant de 500 millions de Fcfa était prévu pour être accordé à la ministre pour l’aider dans sa campagne. Mais, par la suite, cette promesse qui, en réalité, est un devoir républicain, n’a plus été entièrement tenue. Du coup, Kindé-Gazard a eu du mal à effectuer les voyages nécessaires pour solliciter le soutien des autres pays. Même à l’interne, sa communication a connu des difficultés et c’est son époux, selon nos sources, qui s’est impliqué directement dans la lutte. De façon concrète, indiquent nos informateurs, le président Yayi Boni et son ministre des Affaires étrangères n’ont fourni aucun effort pour aider le Professeur. Au contraire, le chef d’Etat béninois aurait même tenté de convaincre sa ministre pour le retrait de sa candidature au profit de la Côte d’Ivoire. A aucun moment, la diplomatie béninoise n’a rendu compte au peuple béninois, à travers la presse, de ce qui se fait pour aider sa candidate à remporter cette élection. Le gouvernement entier est resté inactif et silencieux sur le travail à faire. Même pour voir le chef d’Etat togolais dans le cadre de cette session, il a fallu l’aide du Béninois Christian Adovèlandé pour introduire la ministre de la Santé. Tout le monde se rappelle d’ailleurs de cette visite intervenue aux Etats-Unis où Faure Gnansingbé a reçu Kindé-Gazard et Marcel de Souza.
A quelques jours du démarrage de la session, le président Yayi Boni a reçu en audience la candidate de la Côte d’Ivoire, avec tapage médiatique. Dans la journée du lundi 3 novembre 2014, il reçoit ensuite les autres candidats qui se sont même confiés à la presse à leur sortie d’audience à la Présidence de la République. Yayi Boni faisait tout cela alors qu’il n’a jamais reçu la ministre Kindé-Gazard, avec compte rendu médiatique, au sujet de cette élection. Bref, il n’a jamais démontré publiquement qu’il est de cœur avec sa compatriote. S’il le pouvait, il allait faire retirer la candidature de la ministre de la Santé contre celle de l’Ivoirienne, qui, elle aussi, a échoué.
Les raisons de ce dédain pour Kindé-Gazard
Deux raisons expliquent la réticence du gouvernement et de son chef dans le soutien à apporter à la candidate du Bénin. D’abord, la ministre Dorothée Kindé-Gazard est l’une des protégés du Mathurin Coffi Nago, président de l’Assemblée nationale. Elle n’est pas du même parti politique que lui, mais son retour au gouvernement en 2011 aurait reçu le soutien de la deuxième personnalité du Bénin, selon nos informations. Depuis quelques mois, Yayi Boni et Mathurin Nago ne parlent plus le même langage politique. La ministre de la santé est restée au gouvernement, mais l’on apprend que c’est malgré lui, que le chef l’a maintenue. Certes, elle n’est pas la seule compétente à gérer ce portefeuille ministériel, mais on indique que sa technicité a souvent séduit le président de la République. Au récent remaniement, elle était annoncée par des proches du président de la République pour être sortie du gouvernement mais les préparatifs des travaux de la présente session ont fait qu’elle a été maintenue.
La seconde raison fondamentale de la haine des partisans de Yayi contre la ministre de la santé est qu’elle n’est pas militante des forces cauris pour un Bénin Emergent (Fcbe), la plus grande coalition politique soutenant le président de la République. Depuis qu’elle est au gouvernement, elle n’a jamais organisé, financé ou participé à un quelconque meeting ou marche de soutien au chef de l’Etat, contrairement à ses autres collègues. Elle ne s’affiche jamais dans les actions politiques du président de la République. La ministre de la santé s’est refusé de se mêler des actions politiques. Même le débat sur la révision de la Constitution et le prétendu 3è mandat de Yayi au pouvoir ne font pas partie des préoccupations de Kindé Gazard. Depuis 2011 qu’elle est revenue au gouvernement pour la deuxième fois, Kindé-Gazard a toujours parlé santé et rien que cela.
Mais à l’approche de la présente session, elle aurait reçu de fortes pressions de la part des partisans du chef de l’Etat pour revoir sa position. On apprend qu’elle a été contrainte à organiser une marche ou meeting de soutien au président de la République, mais elle n’a pas cédé. C’était l’une des conditions posées à elle pour avoir le financement du gouvernement, d’après nos sources. Dorothée Kindé-Gazard n’a pas voulu scander « après nous, c’est nous » pour se faire aider par le chef , afin d’être élue directrice régionale de l’Oms pour l’Afrique. Elle a maintenu sa position jusqu’au bout.