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Fraternité N° 3730 du 6/11/2014

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Gouvernance et renforcement des valeurs démocratiques : Joseph Djogbénou interpelle l’élite et les politiques
Publié le vendredi 7 novembre 2014   |  Fraternité


Maitre
© Autre presse par DR
Maitre Joseph Djogbénou


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Le président d’honneur du parti « Alternative citoyenne » s’est prononcé hier sur l’actualité socio-politique marquée par la fin du régime de Blaise Compaoré au Burkina-Faso et l’attente quant à l’organisation des divers scrutins au Bénin. Me Joseph Djogbénou, tout en interpellant l’élite et les politiques sur leur responsabilité quant à la soif de mieux-être des peuples surtout de la couche juvénile et compte tenu de l’éveil des populations, il invite le gouvernement et le chef de l’Etat à organiser des élections au plus tôt pour que seuls les élus légitimes soient appelés à gérer les affaires publiques.

Le 30 octobre 2014, la jeunesse Burkinabé a armé son peuple de son courage, de sa générosité et de son intrépidité pour mettre fin, autant à un règne anormalement long qu’on voudrait davantage allonger qu’à une ruse politique qui se voulait stratagème.
Cette révolution qui ne finit pas d’enthousiasmer notre continent, fait, en quelque sorte écho à la marche citoyenne que la jeunesse béninoise, appelée par les partis politiques et les associations de la société civile a organisé, le 29 octobre, pour réclamer ce qui, pourtant est banale dans une démocratie : l’organisation d’élections qui confèrent à toute représentation politique aussi bien la légitimité que la légalité.
Il n’est pas immérité, une semaine exactement après ces traductions populaires du vouloir démocratique, de féliciter avec force cette jeunesse engagée et engageante, béninoise et burkinabé, qui nous rappelle avec ferveur que toute vie est lutte autant que toute lutte est vie. A cet égard, nous compatissons à la douleur de celles et de ceux dont les proches, dans ce pays, ont offert l’ultime sacrifice à la liberté. L’élite burkinabé doit réaliser que toute l’Afrique les entend et les attend. Les difficultés de circonstance ne doivent guère éloigner de l’essentiel. L’évolution récente donne des signes d’espérance. Les forces vives du Benin leur apportent, sans condition, un soutien absolu.
II n’est pas non plus immérité, d’adresser nos félicitations chaleureuses, à toutes les forces politiques ouvertement engagées dans ce combat pour le maintien et le renforcement des acquis démocratiques.
Comme il n’est pas immérité de saluer particulièrement les responsables, les militants et les sympathisants du parti Alternative citoyenne, à la fois pour l’appétence à la citoyenneté, la compétence et la présence.
Les événements du Burkina Faso et du Benin apparaissent comme un concert d’interpellation à l’élite africaine et, en particulier, à la classe politique dans nos Etats (I). Ils engagent singulièrement le Bénin à en tirer les leçons conséquentes en vue du règlement apaise de la crise politique (II).
Ceux qui se sont soulevés à Ouagadougou ou qui ont massivement marché à Cotonou sont majoritairement nés après 1990, années des retrouvailles démocratiques dont on a pensé qu’elles éloignaient nos Etats des travers dictatoriaux. Or, l’élite intellectuelle et politique a tôt fait de transformer ce gain démocratique en un terreau pour son propre épanouissement, l’expérience démocratique ayant fini par sacrifier les espérances collectives au profit de parcours individuels.
De nombreux chiffres expliquent le désarroi des populations, aux plans économique, social et politique alors que peu de lettres traduisent leur bonheur.
Près des deux tiers de ceux qui ont marché à Cotonou, à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso vivent en effet en dessous du seuil de pauvreté, parce que exclus des besoins essentiels de la vie, en matière d’alimentation, de santé, de transport, d’éducation et d’habitation.
Au même moment, la « monocratie présidentielle » (Prof. HOLO Th.) instaure, de part et d’autre, un régime de restriction des libertés, de subornation des institutions, de prévarication consubstantielle à la corruption massive et agressive et, par finir, de rêve d’éternité.
La politique n’est plus service du citoyen et de la communauté. Elle est devenue célébration d’un homme et de son pouvoir, marchandisation et clownerie.
Elle n’est plus convocation de l’intelligence pour répondre aux besoins vitaux des populations. Elle est devenue exposition outrageante de moyens financiers pour réduire davantage au silence ceux qui sont déjà dans le cachot de la misère.
Les manifestants du 29 octobre appellent chacun à réaliser que leur silence n’est point abdication à nos viles inclinations politiques et que si l’on refuse d’entendre leur désarroi, l’avertissement se muera en colère et nul ne sera épargner.
Le Gouvernement et la classe politique devront en tirer les leçons en vue d’un règlement apaise de la crise politique.
Le 29 octobre a identifié, avec encore plus de clarté, les forces démocratiques, notamment politiques et sociales qui incarnent l’exigence d’organisation d’élections transparentes à bonne date.

1) La concertation informelle des institutions en vue d’un appui aux organes en charge des élections n’est pas suffisante. Au demeurant, cette concertation traduit l’inefficience institutionnelle à répondre aux défis de l’organisation des élections.
La discussion doit être ouverte avec les forces sociales et politiques réunies autour de la plate forme démocratique. Les propositions de cette plate forme doivent être discutées avec intérêt. Nous proposons que très rapidement que le Gouvernement, les organes en charge des élections, les groupes politiques représentés à l’Assemblée nationale ainsi que les forces politiques regroupées au sein de la plateforme démocratique soient réunis autour d’un séminaire d’évaluation du processus et d’élaboration d’une feuille de route précise.
2) II est impérieux que le gouvernement traduise par des actes sa volonté de se conformer aux valeurs démocratiques fondamentales. A cet égard, nous l’invitons, pour la durée du mandat à échoir :
a) à se concentrer essentiellement sur l’organisation des élections municipales, législatives et présidentielles
b) à suspendre le cadre de concertation des institutions de la République. Outre le fait que ce cadre n’a point de légalité, il fait perdre à toutes les institutions de contrepoids leur légitimité démocratique et républicaine. Dans ce contexte, le risque est évidemment élevé qu’en cas de crise grave, les citoyens et les acteurs manquent d’interlocuteurs institutionnels comme c’est le cas au Burkina Faso, encore que chacune d’elle est constitutionnellement établie arbitre du jeu politique et recours des acteurs et des citoyens.
c) à suspendre les cérémonies aussi bien inopportunes que dégradantes de remerciements, de la part de citoyens pourtant sollicités pour le service de l’Etat.
d) à s’assurer, avec loyauté, la gestion des affaires courantes et s’abstenir d’engager plus que nécessaire l’Etat dans les projets dont le sort appelle une légitimation politique profonde.

3) Enfin, les 29 et 30 octobre, à Cotonou comme à Ouagadougou, les peuples invitent l’élite politique et intellectuelle à se déterminer et se prononcer avec franchise, loyauté et honnêteté sur les défis de notre société. En ces temps difficiles pour notre devenir, le silence n’est plus un trait de sagesse. Il est plutôt complicité et parjure.
En tout état de cause, notre population, désemparée, est désormais décomplexée. Elle est dans un état permanent de veille. Chacun doit être mobilisé pour conquérir le droit collectif à des élus légitimes.

Joseph DJOGBENOU Agrégé des Faculté de droit
Président d’Honneur Alternative Citoyenne

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